• La Tunisie perd 5,3% de ses parts du marché régional contre une évolution de 9,9% de la Turquie
• La Tunisie, la destination cheap… et la moins chère du bassin méditerranéen
Il n’y a plus aucun doute, la Tunisie traverse une très mauvaise période. Le dernier rapport de Fitch Ratings, publié la semaine précédente, remue et enfonce le couteau dans la plaie. C’est que l’industrie touristique tunisienne est désormais un modèle économique de développement à revoir absolument et urgemment. Et de révéler qu’entre 2000 et 2005 la destination a perdu 5,3% de ses parts du marché régional. En contre partie, la Turquie, qui reste l’une des principales destinations concurrentes de la Tunisie, a enregistré une croissance de l’ordre de 9,9%.
Le bilan est aussi morose pour les entrées en devise de ce secteur pilier de l’économie nationale. Ces recettes sont décidément les moins importantes et les plus à la traîne par rapports à nos concurrents du bassin méditerranéen. Et ce n’est point surprenant compte tenu de la forte compétitivité de leurs produits et concepts, contre un modèle touristique tunisien figé qui a du mal à sortir des sentiers battus.
Pis encore ! Cet état des lieux loin d’être reluisant persiste en dépit des efforts de l’Etat tunisien qui n’a jamais cessé de soutenir le secteur aussi bien par la dévaluation du dinar que l’incitation des banques au rééchelonnement des crédits accordés aux hôteliers. Et c’est là que le bas blesse ! Car, le rapport de Fitch Ratings dévoile le préjudice porté au secteur à cause de l’irresponsabilité d’un certain nombre de professionnels. En effet, d’aucuns savent que nombreux sont les hôteliers qui se sont retrouvés dans ce domaine « just for fun » ou plutôt pour se remplir facilement les poches, changer de voiture et acheter une nouvelle grande villa grâce aux crédits des banques et aux avantages de l’Etat. Or, par la suite rien n’est évident quand on n’est pas hôtelier !
A ce titre, le rapport qualifie d’inacceptable la demande des professionnels tunisiens qui souhaitent que les banques annulent leurs dettes. Par contre, le document suggère que les dettes de ces unités en difficultés soient plutôt transformées en actions dans le capital, en distinguant en l’occurrence la direction commerciale de l’hôtel de ses propriétaires.
Et de souligner l’intérêt porté par les fonds d’investissement immobilier quant aux unités à faible rentabilité à même de consolider en effet la séparation entre la propriété foncière et la gestion administrative.
Il va sans dire que l’image de la Tunisie est frappée de plein fouet depuis quelques années. Cette réalité n’est pas étonnante. Toutefois, le constat du rapport enfonce le clou, d’autant que les efforts de « remise en forme » de la destination sont restés au stade théorique. Il ne suffit en aucun cas de relater quelques indices positifs qui faussent plutôt le calcul et n’arrange en aucun cas les intérêts de la destination qui continue de régresser et de perdre du terrain. Selon ce rapport, il est plus que jamais auparavant nécessaire et urgent de procéder à une révision stratégique et profonde du secteur. Et ce, en vue de repositionner la Tunisie, qui est bon gré mal gré, non seulement cheap mais aussi la moins chère de la région. Il est clair que le traitement de ce genre de situation se fait dans la douleur, n’en déplaise à certains… sinon plusieurs… qui prônent la facilité et défendent les intérêts strictement personnels.