Les entrées touristiques dévissent…Les recettes plongent. Les nuitées dévalent dangereusement…Les réservations pour la haute saison sont en chute libre. Le report des flux touristiques sur les destinations du Nord, dont la France, la Grèce et l’Espagne se confirme. Pire encore : les nuages s’accumulent dans le  ciel de destination estivale phare du sud de la Méditerranée, engendrant un inquiétant manque de visibilité pour l’avenir.

 

Levée de la censure qui pesait du temps du régime de Ben Ali comme une chape de plomb, les professionnels du tourisme tunisien ont dépeint, lors d’une conférence de presse tenue mercredi, un tableau sombre de la situation du secteur touristique. «La sinistrose est déjà là. A l’heure où l’on avait cru que le secteur touristique, qui représente 7% du PIB et fournit 400.000 emplois, allait reprendre son envol grâce au capital sympathie dont bénéficie la révolution du jasmin, de fâcheux évènements sont venus gâcher le redécollage de l’industrie », a martelé, d’emblée, Mohamed Belajouza, président de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH). Et de renchérir: «de nombreux facteurs déstabilisants ont compliqué davantage la donne. Il y a eu un amalgame entre la situation en Tunisie et le chaos en Libye. Les évènements de Lampedusa ont fait effondrer le marché italien alors que l’explosion des revendications sociales, avec leur impressionnant lot de grève et sit-in ont bouclé la boucle ».
M. Belajouza a rappelé dans ce cadre que la principale recommandation faite par la FTH à ses adhérents était de sauver les emplois.

Dès que les flammes de la révolution se sont éteintes, l’unique structure regroupant les hôteliers tunisiens a également plaidé pour une coopération étroite entre les professionnels et les autorités compétentes pour sauver les meubles. Mais l’administration a fait la sourde oreille. «Le 22 avril un décret prévoyant des mesures de soutien au secteur sinistré a été  adopté par le conseil des ministres. Ce décret n’est pas encore paru dans le JORT », se désole le président de la FTH qui rappelle que les revendications des professionnelles n’étaient pas extravagantes. « Nous n’avons aucunement réclamé des aides financières ou un abandon de nos créances. Nous avons juste demandé des facilités de paiement des factures de la STEG, de la SONEDE ou encore un rééchelonnement des crédits bancaires et le décaissement de prêts saisonniers ».

Même son de cloche chez Taher Sayhi, président de la Fédération Tunisienne des Agences de voyages (FTAV). « L’heure est grave. Pour que les professionnels puissent voir le bout de tunnel, des mesures urgentes et une intervention de l’Etat sont requises », a-t-il notant, indiquant que les professionnels risquent des dépôts de bilan en série au cas où les revendications des professionnels restent lettre morte.