L'été arrive et avec lui, la quête de vacances balnéaires et ensoleillées à prix attractifs. Les voyagistes recherchent-ils des alternatives à la Tunisie, la destination historique pour ce type de demande ? En soufflant depuis quatre mois le chaud et le froid la Tunisie ne risque-t-elle pas de décourager les plus fidèles et inconditionnels de ses clients ? Que dire de l'Egypte et du Maroc, les deux autres destinations touchées par des événements peu compatibles avec le tourisme.
Certains TO spécialistes du Bassin Méditerranéen ne ressentent pas un véritable phénomène de report. La France et l'Espagne insulaire avec les Baléares pourraient être cette alternative, sans plus.
Au vu de leurs progressions enregistrées sur les destinations du Sud de l'Europe, d'autres TO plus « industriels » l'assurent : les clients se détournent bien de la Tunisie pour d'autres horizons.
Pour Serge Laurens, directeur Marketing du TO, ces succès s'expliquent par un phénomène de report d'une clientèle qui accepte d'ouvrir les cordons de leur bourse.
«Les clients, surtout quand ils voyagent avec leurs enfants veulent partir en toute confiance. Les prix bradés ne les incitent plus. Ils acceptent de payer plus cher pour voyager en toute sécurité ».
Il met toutefois les distributeurs en garde. En effet, ces destinations « refuges » auront de moins en moins de disponibilités, les stocks vont commencer à devenir difficile dans les 4 ou 5 semaines à venir.
Les équipes Fram ne baissent pas pour autant les bras sur la Tunisie et sur le Maroc. Le TO multiplie ses campagnes de communication, poursuit ses éductours...
« Nous restons optimistes. Si nous pensions que la saison était perdue nous n'investirions pas autant. L'important est que le marché retrouve confiance ».
« En Grèce nous aurons indiscutablement des reports induits mais nous sommes incapables de les quantifier.
De toutes façons ce ne sont plus du tout les mêmes tarifs. C'est une évidence il est difficile de comparer à la Tunisie en terme de prix, surtout en juillet et août.
Les Français qui auront la possibiité d'augmenter leur budget viendront en Grèce. Les autres resteront chez eux » déclare Jean Brajon.
Héliades se prépare donc à une belle saison. Il a jouté 20 000 sièges supplémentaires sur le marche ce qui fera une offre totale de 150 000 sièges.
Ce sont les axes Rhodes et Cyclades qui se démarquent suivis dans une moindre mesure par la Crète.
« Nous observons sur ces destinations des performances incroyables. Nous avons ajouté 120 000 sièges supplémentaires aux 650 000 d'ores et déjà mis sur le marché pour cet été».
René Thibaut, directeur commercial de Marmara met en garde sur les risques probables d'une situation où la demande dépasse l'offre.
« En dépit des stocks considérables mis sur ces destinations, à ce rythme, nous arriverons à saturation d'ici l'été aux prix brochure. Il y aura pénuries de sièges et de chambres et un niveau de promotion zéro ».
Que dire alors de l'Egypte, de la Tunisie et du Maroc ? « L'Egypte arrive en basse saison. Nous nous donnons un peu de temps pour la relance. La Tunisie n'est pas repartie comme nous l'attendions sauf sur les périodes de vacances scolaires comme en avril.
Nous avons alors eu beaucoup de ventes de dernière minute. Nous nous souhaitons la même chose pour l'été.
Les reports risquent de revenir à la Tunisie quand les clients verront les autres destinations saturées et les prix pratiqués en France.
A propos du Maroc et de l'attentat de Marrakech nous voyons bien que les clients s'habituent aux drames. Nous avons eu un arrêt brutal des ventes durant les jours qui ont suivi mais pas d'annulations. L'activité sur le Maroc reprend peu à peu ».
« Les ventes de Tunisie repartaient jusqu'au images du dimanche 8 mai sur de nouvelles et violentes émeutes à Tunis.
Dans les jours qui ont suivi, les ventes ont cessé. .Je doute que les ventes sur la Tunisie reprennent maintenant leur cours habituel » déclare Bruno Albanel patron de Meditrad.
Quid des reports ? « Les reports ne sont pas si évidents notamment pour la saison d'été qui s'adresse essentiellement à une clientèle familiale qui recherche des vacances balnéaires, en toute sécurité, avec logement dans des hôtels-clubs « tout compris » avec de l'animation pour les enfants.
La proximité et la francophonie représentent des valeurs ajoutées certaines et tout ceci, à prix étudiés pour petits budgets.
L'alternative d'un tel produit n'est pas si aisé à trouver. Si report il y a, ce sera pour des vacances en France ou aux Baléares dont les hôtels sont d'ores et déjà bien remplis ».
En dépit des crises qui touchent directement plusieurs de ses destinations phares, Bruno Albanel reste optimiste.
« Nous devrions maintenir notre chiffre d'affaires et avoir une légère progression en passagers avec de bons remplissages sur nos autres destinations, Chypre en particulier »
A la tête d'un nouveau venu sur la destination 'Espagne, Travelplan, Richard Soubielle est cependant un « ancien » de la destination. Il en connaît toutes les facettes.
« Les Espagnols sont des professionnels aguerris qui ont traversé plusieurs crises. Ils savent qu'ils peuvent bénéficier cette année de certains reports.
Tous les marchés européens qui vendent la Tunisie n'ont pas tardé pour prendre des allotements supplémentaires. Ils savent aussi qu'ils ont intérêt à bien gérer leur saison afin d'éviter les dérapages et de récupérer les effets bénéfiques pour les prochaines années ».
En raison des prix pratiqués en Espagne, Richard Soubielle n'attend pas vraiment un phénomène de report à grande échelle.
« Ce sont d'autres budgets. L'économie espagnole est européenne, dans la zone euro avec un environnement social.
Le travail y a un prix qui n'est pas comparable avec ce qui est pratiqué au sud de la Méditerranée. Dans l'hypothèse où le Français se détourneraient de la Tunisie ce serait pour rester en France ».
« Nos deux grandes locomotives sont et de loin les circuits en Croatie et les séjours avec excursion en étoile à Madère.
Tout en tenant compte des mauvais scores 2010 sur Madère de toute évidence il y a des reports qui concernent essentiellement des circuits au Maroc et même en Egypte mais je ne saurais les quantifier ».
Martine Grasser directrice commerciale de Visit Europ/Visit France y voit peu d'alternative à la Tunisie.
« Même les Baléares sont chères par rapport à la Tunisie ». Il resterait alors la France et l'autre marque "maison", Visit France.
source: TourMag