Ils s’appellent Kuoni, Hotelplan, Air Marin, Xénotours, Univair Voyages ou Club Med. A eux seuls, ils accaparent 85% du marché tunisien et enregistrent des réalisations en hausse. Mais en 2005, la clientèle suisse a baissé de près de 30% certains mois. Cherchez l’erreur !
C’est Kuoni, N°1 suisse, qui a réduit ses réalisations sur la Tunisie en 2005 en annulant purement et simplement tous ses vols au départ de Zurich avec Tunisair alors qu’en 2004, ce même Kuoni avait réalisé 64 rotations avec 16 128 sièges.
Ces annulations sont consécutives à une mésentente tarifaire avec la compagnie nationale tunisienne croit-on savoir. Le TO a carrément préféré boycotter Tunisair et recourir à sa propre compagnie Edelweiss. Plus sournois encore, Kuoni a établi une alliance avec son frère ennemi Hotelplan en lui achetant des contingents de sièges avions auprès de sa compagnie Belair et vice-versa. Ce qui explique une grande partie de la baisse de 9,1% des entrées des Suisses durant les 9 premiers mois de l’année, soit 64 000 arrivées contre plus de 70 000 en 2004.
Cependant, une réunion entre le représentant de l’ONTT pour la Suisse et Walter Brüllhardt, directeur de la Production de Kuoni, a permis d’apaiser les esprits. Grâce à cette médiation de l’ONTT, le TO s’est dit disposé à renouer avec Tunisair en 2006/2007 en programmant 30 à 40 000 passagers sur la Tunisie si et seulement si des conditions tarifaires avantageuses lui seront attribuées.
Au départ de Zurich, la désaffection de Kuoni a eu pour conséquence une chute de trafic de 40 à 50% pour Tunisair. La dernière chaîne charter s’est achevée le 4 novembre dernier. Les deux prochains vols réguliers (le 11 et le 18 novembre, 126 sièges chacun) affichent heureusement complets. Paradoxalement, les tarifs de Tunisair jugés prohibitifs par Kuoni ont été acceptés par TUI Suisse qui s’engage avec la compagnie tunisienne sur 15 000 sièges à partir de 2006.
Air Marin remonte
Cette bataille de chiffonniers entre Tunisair et Kuoni a profité au tour-operator tunisien installé à Genève, Air Marin, qui devient ainsi en 2005 N°1 sur la Tunisie avec 21 000 clients contre 16 300 en 2004.
Air Marin, qui est la propriété de Tahar Khadraoui, a volé cette année avec les compagnies Tunisair et Karthago.
En 2006, le TO prévoit 23 000 clients. L’autre mastodonte suisse, Hotelplan, avec ses filiales Esco et Tourisme Pour Tous, renforce son volume charter avec Tunisair de 19 684 sièges en 2005 à 23 224 en 2006.
De son côté, FTI vient de passer un nouveau contrat avec Tunisair portant sur 20 800 sièges contre 0 sièges en 2005. Quant aux TO Univair Voyages (à partir de Genève), Globo Tours, Nazar et Club Med (à partir de Zurich et de Bâle), ils escomptent augmenter leur programmation charter de 17 000 sièges à 20 000 sièges en 2006 avec la compagnie Nouvelair et Touraviation, son consolidateur sur le marché suisse.
Il est à signaler que Nouvelair opère toute l’année sur Genève à raison de deux vols/semaine Djerba-Genève et Djerba-Monastir opérés par Airbus A.320 de 174 sièges.
A signaler aussi que Xénotours, le TO dirigé par Karl Hochstetter, passe de 2016 sièges en 2005 à 2784 en 2006, soit une augmentation de 5,5%. Esco Reisen passe de 6000 clients en 2005 à 6500 en 2006.
Sysmed, le petit TO installé à Genève et dirigé par le Tunisien Saïd Ajil, passe de 400 clients en 2005 à 1500 en 2006. TPT (Tourisme Pour Tous) passe de 6000 clients en 2005 à 7000 en 2006.
Préoccupations des TO
C’est un secret de Polichinelle, les tarifs aériens pratiqués entre la Suisse et la Tunisie ne permettent pas aux petits TO d’être compétitifs. Ceux-ci ont par conséquent de grandes difficultés à obtenir des sièges avions et des délais de rétrocession.
Les TO suisses soulèvent par ailleurs que le Stop Sale effectué par les hôteliers durant les deux mois d’été leur a énormément porté préjudice sachant que juillet et août sont les mois où les Suisses réservent pour octobre qui est leur mois de prédilection.
De plus, la Tunisie souffre d’un déficit d’image dans les régions de Lucerne, Lugano, St Galle et Sion.
Parmi les réclamations reçues par leurs clients, les TO soulèvent la lenteur des formalités douanières à l’arrivée ainsi que la dégradation de la qualité de l’environnement dans les souks.
Des réclamations qui ne doivent pas tomber dans l’oreille d’un sourd si le tourisme tunisien souhaite conserver ses acquis sur le marché suisse en particulier mais aussi sur tous les marchés en général.