En ce mois de mars 2011, 9 semaines et demi après sa révolution le sud tunisien est sécurisé mais sinistré. La chute vertigineuse d'un tourisme essentiel pour son économie ajoutée à celle du commerce – parfois parallèle – avec la Libye l'ont très durement touché. Et pourtant, ici, tout est sérénité, beauté, douceur et gentillesse.
Tout cela, une trentaine d'ambassadeurs en poste à Tunis a pu le vérifier le week-end dernier à l'occasion du voyage organisé par Mehdi Houas, ministre du tourisme et du commerce de Tunisie. Ils ont tous constaté les conditions sécuritaires, la qualité de l'accueil des gens du sud mais aussi l'absence quasi totale de visiteurs étrangers ou nationaux.
A l'instar de leur collègue français, ils ont déclaré vouloir lever les restrictions que leurs pays faisaient encore peser sur la Tunisie. Au nom de ses confrères, l'ambassadeur de Roumanie a même déclaré « Nous serons aussi, désormais, les ambassadeurs de la Tunisie ».
« Durant la révolution les Tunisiens ont été solidaires entre eux pour se protéger et faire face. En pleine crise économique et sociale ils ont accueilli les réfugiés qui fuyaient la Libye et partagé le peu qu'ils avaient. A notre tour aujourd'hui d'attendre un peu de solidarité des pays du nord. L'Europe a rendez-vous avec la Tunisie et elle n'est pas à ce rendez-vous ! ».
Partout en Tunisie, la cohorte des jeunes diplômés au chômage risque de s'amplifier. Dans le sud les nombreuses agences de voyages qui ont investi pour répondre aux demandes du tourisme saharien, les chauffeurs, les guides, les loueurs de quads, les restaurants, les hôteliers comme les petits marchands des rues ont des carnets de commandes réduits en peau de chagrin.
Faire face aux frustrations et réussir des élections permettant l'installation d'une vraie démocratie sont deux des priorités de Slim Chaker. Tout faire pour que les jeunes sans emploi ne se révoltent pour on ne sait quelle autre « finalité ».
« Si je gagne, tout le monde gagne, le boulanger, le boucher, le maçon et alors on est tous ensemble, main dans la main. Maintenant personne ne gagne ».
Toujours en français il hésite un peu et ajoute. « Je souris aux touristes même quand ils n'achètent pas car le tourisme c'est mon métier et j'aime mon métier » . Enfin, il conclut : « Ici Madame, tout est calme et tranquille. On aime les touristes. Mais il n'y a pas de touristes. On ne comprend pas ».
Comment lui dire que la démocratie ne suffit pas pour drainer des flots de visiteurs. Que les images de violence ne s'effacent pas si vite et que dire aussi de cette Libye voisine à feu et sang...
Mais Tozeur est déjà debout. Les derniers signes de la révolution et des actions d'intimidation sont effacés. L'ancienne étape des caravanes de la « route des palmes » a retrouvé sa sérénité...
Consacrée par les philosophes, les poètes, les astronomes et les mages, Tozeur aime a rappeler qu'elle fut, jadis, l'une des villes les plus prospères du monde saharien. Son architecture traditionnelle est à nulle autre pareille.
La ville ancienne en cultive le plus bel exemple avec ses façades en briques d'argile qui, tantôt en saillie, tantôt en retrait, offrent à toute heure du jour une étonnante géométrie d'ombres et de lumières.
De l'autre côté, à l'est du chott el Djerid, Douz, la plus saharienne des oasis tunisienne a retrouvé le sens de la fête, pour la première fois depuis la révolution.
Le festival de Douz, un must en terme de folklore et de traditions sahariennes se déroule chaque année durant la dernière semaine de décembre. Le week-end dernier, cette fête magnifique, de cavaliers et de méharistes en tenues de parade fut offerte aux ambassadeurs et aux gens de Douz.
Parler aussi des hôteliers du désert qui ont investi et lancé de véritables défis à la nature. Il en est pour exemple le Tamerza Palace, magnifiquement inscrit dans la roche ou encore, le Palm Beach de Tozeur, le bel hôtel de Mongi Loukil, l'un des pionniers du tourisme saharien. Il parle :
« Nous avons eu après la révolution une période de flottement. La constitution ne prévoit pas la fuite d'un président...Le climat est aujourd'hui apaisé. Ce gouvernement provisoire s'est mis au travail tout en préparant l'élection d'une assemblée constituante qui se déroulera le 24 juillet prochain avec des représentants de toutes les régions. Les partis politiques se forment ».
Ils seraient une cinquantaine de partis, Ã ce jour, dont 5 islamistes.
source: TourMag