Un projet d’avion-fusée dédié au vol sub-orbital a été dévoilé par Astrium filiale d’ EADS en prélude au Salon international de l'aéronautique et de l'espace du Bourget, qui s'ouvre lundi.

Cet engin, de la taille d'un jet d'affaires permettra, s’il aboutit, à quatre passagers de se livrer durant plus de 3 minutes aux joies de l’apesanteur pour une somme allant de 150 000 à 200 000 €, selon François Auque, président d’EADS, Alors que certains milliardaires devaient payer jusqu’à 25 millions de dollars et subir des mois d’entraînement pour aller un peu plus haut dans l'étroite capsule de la fusée russe Soyouz.

 

L’avion-fusée peut partir de n’importe quelle piste d’aéroport classique et se transforme en fusée au bout de 45 minutes de vol, dès qu’il parvient à une altitude de 12Km, en déclenchant un moteur arrière oxygène-méthane « sans danger pour les ailes, grâce à l’aérodynamique et aux matériaux utilisés » assure Robert Lainé, Directeur technique d’Astrium.
L’avion s’élève à 60Km d’altitude au bout de 80 secondes avec une accélération maximale de 3G(3 fois la gravité), et l’inertie propulse l’avion, moteur coupé, à plus de 100Km de la terre, une altitude suffisante pour vérifier qu'elle est ronde.

Les passagers peuvent alors flotter en apesanteur et contempler la lune, le soleil, les étoiles…Une vue magnifique et inoubliable comme en témoignent les astronautes et les photos que nous connaissons.

Après la phase de descente planée, les réacteurs de l’avion seront re-allumés pour un atterrissage en toute sécurité. La durée totale du vol sera d’environ une heure et demie.

 

Le groupe européen a présenté ce scénario mercredi dernier à 2500 invités parisiens avec la maquette grandeur nature de la cabine de l’avion, œuvre du designer australien Mark Newson.
Astrium EADS et l'équipe de Marc Newson, se donnent jusqu'à la fin de l'année pour finaliser le "design" et consolider les partenariats industriels et financiers, afin de pouvoir lancer le projet avant l’an prochain. "Si le développement débute en 2008, le premier vol pourrait avoir lieu en 2012", précise Astrium.

Selon François Auque, ce marché pourrait atteindre 15000 passagers par an vers 2020 . « nous proposons un système ‘rentable’ et nous nous donnons jusqu’au début 2008 pour trouver, un financement privé du développement d’environ un milliard d’euros, et un exploitant pour les voyages, on ne le fera pas sans cela » affirme t-il.
«L'objectif n'est pas qu'Astrium soit l'investisseur principal dans le projet. Nous allons proposer à des industriels d'être des 'risk sharing partners', solliciter des régions européennes et des investisseurs privés», a-t-il souligné.
«Soit il y a des investisseurs privés et nous le faisons, soit le marché n'est pas mature et nous le faisons pas», a observé François Auque, qui a précisé également qu'Astrium n'avait pas vocation à exploiter lui-même les appareils.

Maître d'oeuvre d'Ariane 5 et principal participant européen à l'ISS, Astrium a développé un concept sur un seul étage, ce qui est, selon l'entreprise, «le plus sûr et le plus économique à mettre en oeuvre».
Les touristes de l'espace sont logés dans une cabine dont les sièges, inclinés, ont été étudiés pour minimiser les effets d'accélération lors du vol fusée.

Avec un maître mot: "zéro risque" pour les passagers en terme de sécurité, souligne Robert Lainé. « On vend des allers-retours, pas des allers simples», observe-t-il...

L'aéroport de Tozeur probable premier site de lancement du futur avion-fusée du groupe EADS Astrium