Ce qui se passe à l’aéroport de Pau est très intéressant. Depuis des années, la Chambre de Commerce gestionnaire de l’aéroport avait fait le pari qu’acheter une clientèle était le seul moyen de développer non seulement l’aéroport très concurrencé par celui voisin de Tarbes – Lourdes, mais également de donner un coup de fouet à l’économie de la région ce dont après tout, elle est responsable.
Et c’est bien ce qui est arrivé durant ces dernières années. Progressivement le trafic s’est développé avec l’arrivée massive d’une clientèle britannique attirée par la qualité de vie de la région et les tarifs terriblement attractifs, puisqu’ils étaient plus ou moins subventionnés (mais je n’aime pas ce terme) par les fonds collectifs.
Le trafic de Ryanair a continué à se développer et comme les compensations économiques sont liées au volume de passagers apportés, le montant de la convention s’est lui aussi envolé pour atteindre près de 2 millions d’Euros.
C’est plus que ne peuvent supporter les comptes de la Chambre de Commerce et cette dernière a décidé d’arrêter son contrat avec Ryanair. Conséquence logique, Ryanair a immédiatement décidé de se retirer de la plateforme paloise.
Ils voient bien en effet l’effet dévastateur pour la région de l’arrêt de Ryanair. Combien de Britanniques ont en effet acheté leur maison de campagne dans le Béarn et le Gers car ils étaient certains de pouvoir y passer tranquillement tous leurs weekends.
Profitant des prix d’appel attractifs, ils achètent en effet tous leurs déplacements pour l’ensemble de l’année en tout début de saison, quitte à perdre quelques allers-retours pendant l’année.
C’est ainsi que l’immobilier s’est envolé, faisant le bonheur des anciens propriétaires de demeures invendables, que les villages ont repris vie et que l’économie de ces départements en a été durablement améliorée.
Ryanair a fait la preuve qu’elle était très difficile à remplacer. Sa force de frappe est réelle et elle seule a pour le moment la capacité de proposer les bas tarifs nécessaires à l’afflux de la clientèle de l’Europe du Nord.
Il serait bien surprenant que CityJet, la filiale irlandaise (elle aussi) d’Air France soit à même de proposer les mêmes facilités tant en quantité d’offre qu’en tarifs compétitifs.
Alors les élus font la tête. Ils ne tiennent pas du tout à perdre une clientèle acquise au fil du temps et dont ils ne pensaient pas qu’elle puisse déserter.
Enfin, les responsables de la Chambre de Commerce doivent être bien embêtés. Une meilleure concertation avec les autorités départementales et régionales aurait peut-être permis de sauver leur budget tout en maintenant la compensation exigée par Ryanair.
Reste le sort des clients. Nombre d’entre eux ont acheté des billets en début de saison et ces derniers sont non re-validables, non remboursables et non cessibles. Que vont-ils alors penser des pratiques de leur transporteur ?
J’attends avec quelque impatience la suite des évènements palois en sachant qu’elle aura des conséquences sur les autres collectivités locales non seulement françaises mais également européennes.
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source: TourMag