Naguère considéré comme ennemi public et bête noir du régime du président tunisien déchu, Khémaïs Chemmari a été nommé le 8 mars ambassadeur  de la Tunisie auprès de l’UNESCO. Une belle consécration  pour cet ex- secrétaire général de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) et  ancien député de l'opposition démocratique tunisienne dont  le combat en faveur des libertés lui a valu de nombreuses arrestations et peines de prison sous le régime du président Bourguiba, puis sous celui du Ben Ali .

TourisMag a rencontré cet homme qui s’est toujours battu pour une Tunisie libre et démocratique. Et recueilli les impressions du démocrate impénitent qu’il est sur  le processus de transition, l’avenir du tourisme tunisien, le devoir de la communauté internationale envers la révolte du jasmin. 
Déclarations en exclusivité.



Message d’un militant hors pair

« Mon message, c’est de croire dans la transition et tout mettre en ordre pour réussir cette transition, conduite sous l’égide du Chef de l’Etat par intérim Monsieur Foued Mebazâa et le premier ministre, Monsieur  Béji Caïd Essebsi, en respectant un agenda dont le 1er moment majeur sera le 24 juillet 2011 pour les élections de l’Assemblée constituante et dont l’acte final sera, en  décembre 2011/janvier 2012, la mis en place du gouvernement de la deuxième République tunisienne. Dans l’intervalle, il faudra faire confiance à la maturité du peuple tunisien à sa soif de liberté de la justice sociale et nouveaux acteurs associatifs révélés par le bouleversement révolutionnaire du 14 janvier ».

Quid de la communauté internationale ?


«La communauté internationale doit comprendre l’importance de l’appui à la Tunisie, de sa conjoncture géopolitique actuelle. La conférence internationale des bailleurs de fond qui se réunira fin mars à Carthage constituera la chance décisive ».

Qu’en est-il de la crise libyenne ?


« Il faut contribuer à éviter le bain de sang à Benghazi et contribuer à un compromis honorable pour lequel les Etats du Maghreb devraient jouer un rôle essentiel »

Que faire pour relancer le tourisme et la machine économique ?


« Il faut sauver la saison touristique, c'est-à-dire  épargner ce qui peut encore l’être en rassurant les touristes en général et  en particulier  nos compatriotes d’origine juive et les touristes algériens. De façon plus générale,  il faut se donner les moyens et  rassurer les milieux d’affaires et les investisseurs potentiels ».

Le mot de la fin ?


« La TUNISIE de la transition devra être celle du retour à l’ordre de la stabilité sociale et politique, du renouveau économique et de la mise en place de nouvelles institutions démocratiques et pluralistes».

 

 Propos recueillis par Donia Denguir

 

Bio-express:
Khémaïs Chammari est un militant des droits de l’Homme et un opposant notoire au régime  de Ben Ali. Il est titulaire d'une licence en Sciences économiques de l'Université de Paris I, d'une Licence en Sociologie de l'Université de Tunis et diplômé du Centre d’Etudes financières, économiques et bancaires (CEFEB) de la Caisse Centrale de Coopération Economique (France), actuellement Agence française de développement (AFD).

Dates clés :
-1981 :  Secrétaire Général de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH), puis Vice-  président (1981-1994).
-1983 :  Vice-président de la Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH)
-1989 :  Cofondateur de l’Institut Arabe des droits de l’Homme  (IADH)
-1990 :  Prix International de la Commission Consultative Française des Droits de l’Homme
-1994 : Election en qualité de représentant du Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS)  à la Chambre des députés
-1996 : Condamnation à 5 ans  d’emprisonnement à la suite d’une affaire montée de toute pièce par le pouvoir.
-1997 : Prix International des droits de l’Homme de la ville de Nuremberg en Allemagne
-1997 à ce jour : Membre du Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT).
-1977: Exil en France
-1998 à ce jour : Membre individuel du Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme (REMDH)
-1992-2002 : Membre du Comité exécutif puis du Comité consultatif  du Service International des Droits de l’Homme (ISHR - Genève)
-2004 : retour à Tunis après sept ans d’exil
-Le 8 mars 2011 : Nommé Ambassadeur de la Tunisie auprès de l’UNESCO