Le gouvernement tunisien provisoire, comme il a été annoncé, est chargé de gérer les affaires courantes et n’a pas vocation à engager le pays dans des options et des stratégies de long terme qui risqueraient d’être remises en question par le futur gouvernement issu des urnes après le vote de nos concitoyens.
Le ministre actuel du tourisme, Monsieur Houas gère un dossier très délicat qui est celui de la reprise de l’activité de tout un secteur après un arrêt total de près de deux mois. Même si Monsieur Houas s’est prononcé en déclarant que le tourisme tunisien consommait plus de richesse qu’il n’en produisait ce qui aurait sous entendu qu’il aurait une autre vision de notre tourisme de demain, il n’aura ni le temps ni la vocation pour en changer les fondements, à moins que son mandat perdure et qu’il ne soit personnellement coopté dans la nouvelle équipe gouvernementale issue des urnes.
Quel tourisme aurons-nous alors pour demain ? C’est à cette question que devrons répondre les formations politiques en compétition pour la gouvernance de la Tunisie dans les années à venir.
Chaque formation politique est appelée à concevoir un programme comprenant, entre autre, un modèle économique à proposer aux électeurs tunisiens qui décideront de l’option à prendre.
Aujourd’hui les formations politiques sont focalisées sur les droits de l’homme, les libertés à commencer par celles de l’expression et de la presse et cela se comprend après plus d’un demi siècle de privations. Mais il faudra bien un jour ou l’autre et le plus rapidement possible de préférence, que chaque parti politique nous annonce le modèle économique qu’il prône et nous dévoile ses budgets et sources de financement pour la mise en place des objectifs économiques.
Depuis l’indépendance en 1956, la Tunisie s’est essayé à plusieurs options et modèles économiques. Le collectivisme avec Monsieur Ben Salah et consorts avec les souffrances qu’on connait occasionnées aux tunisiens jusqu’à la fin de cette traumatisante expérience. Le libéralisme de l’époque de Monsieur Hédi Nouira tourné vers les occidentaux, la Banque Mondiale, le FMI. Le socialisme de Monsieur Mohamed Mzali plus orienté vers les pays arabes du golf et les pétro dollars avec la création à Tunis de près d’une vingtaine de banques de développement. Tuniso-Lybienne, Tuniso-Quatari, Tuniso koweitienne, Tuniso-Saoudienne etc…et les limites de cette expérience qui a fini par la révolte du pain et jeudi noir !!!
Chaque modèle économique a montré ses limites pour apporter la solution probante et incontournable pour tracer l’avenir d’un pays en voie de développement comme la Tunisie.
Le régime du Président déchu, plus porté vers les problèmes sécuritaires, a choisi dès le départ de faire au niveau de ses choix économiques une allégeance totale à l’Europe et aux institutions économiques occidentales. Sous le règne du Président déchu tous les traités et engagements économiques proposés par les occidentaux ont été signés par l’équipe au pouvoir au nom d’un peuple tunisien tenu à l’écart et jamais impliqué dans la décision ou réellement et sérieusement consulté.
La Tunisie s’est engagée dans le laissez faire laissez passer, un libéralisme économique sauvage et inhumain à outrance, a signé plusieurs accords de partenariat avec l’Europe qui dès 1979 , a installé une Délégation à Tunis jouissant d’un statut diplomatique composée d’une cinquantaine de personnes et dont le chef est accrédité directement auprès du président de la République tunisienne.
Ensuite, la Tunisie a été le premier pays du sud de la Méditerranée à signer, en 1995, un Accord d'Association avec l'UE, (les accords de Barcelone) contenant entre autre l'objectif important de l'établissement d'une zone de libre-échange avec l'UE. Cet accord continue à être la base légale pour la coopération bilatérale. Enfin, un Plan d'Action voisinage, élaboré en 2005, a établi les objectifs stratégiques pour cette coopération.
Dans le cadre de la coopération technique et financière, plusieurs protocoles financiers ont été signés à partir de 1980, suivi par le programme MEDA dans les années 1990 et jusqu'en 2006. Depuis 2007, la coopération entre l'UE et la Tunisie est financée dans le cadre de l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP).
Comme le dit si bien Henri Guaino, l’un des conseillers du Président Sarkozy, pour justifier le lancement du nouveau projet Union pour la Méditerranée devant un processus de Barcelone moribond, deux réserves importantes sont à émettre l’encontre du partenariat Euro-Med tel qu’il a été pratiqué jusqu’à ce jour.
1 – Dans le cadre de ce partenariat c’était le nord qui réfléchissait et qui décidait pour le Sud.
2 – Le partenariat n’était pas fait avec les peuples et la société civile des pays du sud mais avec des gouvernants totalement coupés de leurs bases.
En application du postulat qui dit : « Celui qui paie commende » et en acceptant le financement du nord à commencer par l’Europe, la Tunisie du pouvoir déchu peu respectueuse de l’indépendance et des droits de ses concitoyens a accepté les idées venant du nord et les a transformées en ordres à exécuter sans possibilité de réflexions, critiques ou contestations même sur les volets les plus techniques ou professionnels, sous peine de se faire passer pour un opposant voir un terroriste.
A titre d’exemple, sur le site internet de la Délégation de l'Union Européenne en Tunisie on peut découvrir un nombre important de contrats d’Assistance Technique aux tunisiens pour tout et n’importe quoi, financés par l’Europe et dont les bénéficiaires sont des sociétés le plus souvent européennes non résidentes.
Pour ceux qui désirent en savoir plus sur la nature du partenariat UE-Tunisie, des fiches de projets détaillées sont sur le site web de la délégation de l’UE, précisant le montant du marché et la société adjudicataire pour chaque mission d’Assistance Technique.
On se rend ainsi facilement compte de l’ampleur de l’exclusion du tunisien, diplômé ou pas, du processus de réflexion et de décision dans la détermination des choix stratégiques de son économie et de sa société. Ce sont toujours des réponses toutes faites, des idées venues d’ailleurs qui écartent le tunisien de la réflexion, que l’Europe a essayé d’injecter dans notre pays à coup de milliards d’Euros. Des directives sous forme de recettes toutes faites à l’instar des ordonnances médicales prescrites par des « Messieurs je sais tout » pour faire ceci et faire cela et ce dans tous les domaines économique, politique ou social en Tunisie.
Les choix économiques stratégiques y compris bien évidemment ce qui concerne le tourisme et le transport aérien ont été jusque là définis dans ce cadre d’un nord qui réfléchit pour le sud. Comble de l’ironie et du mauvais gout, l’ancien pouvoir a abusé des fausses consultations nationales, du recours aux études sectorielles confiées à des bureaux étrangers pour maquiller des décisions et des orientations déjà prises suite à des recommandations pour ne pas dire directives de partenaires bailleurs de fonds ! Le Tunisien n’a jamais été dupe et ce maquillage maladroit et grossier ne faisait qu’augmenter la souffrance et l’exaspération des véritables professionnels du tourisme face à leur exclusion du processus de réflexion et de décision de l’avenir de leur profession et de ses institutions.
Avec cet espoir d’une liberté retrouvée à commencer par celle de l’expression, il appartient aux Tunisiens de ne pas s’enfermer totalement dans le seul partenariat avec l’Union Européenne et de concevoir un modèle économique plaçant le tunisien et l’entreprise tunisienne au centre d’intérêt du système.
Le modèle ne doit pas se limiter à ne voir dans l’entreprise tunisienne qu’un satellite ayant pour noyau l’économie Européenne allant jusqu’à condamner à la disparition de fait toute entreprise tunisienne non liée à un réseau européen (travail de sous-traitance et dépendance à 100% du partenaire).
Le modèle économique devrait être plus équilibré, laissant une plus grande part pour le reste du monde en dehors de l’Europe. Aux tunisiens de ne pas accepter systématiquement, tout ce que leur proposent leurs partenaires par autocensure ou simple facilité.
Si la continuation du partenariat avec l’union Européenne sera le choix du peuple tunisien dans le futur modèle économique qui sortira des urnes, l’Europe devrait pour sa part tirer profit des enseignements de la révolution tunisienne pour au moins reconnaitre et corriger ses propres disfonctionnements et s’engager à bien veiller dans l’avenir à laisser le tunisien seul maitre des choix stratégiques, économiques et sociaux de son pays. Le recours à l’Assistance technique de l’Europe ne devrait voir le jour que quand c’est le tunisien qui le demande et le paie ! Il faut que la matière grise et les cadres de ce pays construisent eux-mêmes leurs institutions et leur économie à leur rythme, avec leurs propres compétences qui ne manquent pas.
A nous tunisiens aussi d’assumer le prix de notre chère liberté tant souhaitée car elle ne sera effective que si nous saurons nous autofinancer totalement. La dépendance économique, la dépendance financière sont incompatibles avec une indépendance politique. Il ne faut pas que le tunisien oublie que le déclenchement du protectorat et de la colonisation synonyme de perte de la liberté a commencé en 1881 suite à un Bey de Tunis incapable d’honorer ses engagements pour rembourser ses crédits d’Etat et qui de surplus s’était mal adressé à l’émissaire venant les lui réclamer !
En règle générale personne au monde ne viendra nous financer nos propres idées ou notre idéologie dès lors qu’elle diverge de la sienne.
Avec les européens et les occidentaux plus généralement nous avons beaucoup de points convergents mais nous souhaitons aussi qu’on tienne compte et qu’on respecte nos spécificités culturelles, sociales, géographiques etc.
Aujourd’hui il appartient aux tunisiens de décider, sans pressions ni chantages, s’ils souhaitent la continuité du système actuel avec un tourisme de masse ayant pour objectif de 7 ou 10 millions d’entrées touristiques par an dans les conditions que nous connaissons, avec un secteur déficitaire et un contribuable tunisien qui s’endette au niveau macro économique pour combler le déficit d’une économie qui subventionne le séjour sur son sol de ses clients ou au contraire d’opter pour préserver son environnement, son territoire et s’orienter vers un tourisme plus sélectif, de plus haute gamme plus rémunérateur mais avec des entrées touristiques moins importantes.
C’est aux tunisiens de savoir quelle politique au niveau du transport aérien ils souhaitent voir le jour demain. Irons-nous vers plus de charters, plus de low cost dans une logique de tourisme de masse ou vers un stock aérien maitrisé en harmonie avec un tourisme plus sélectif et plus respectueux de l’environnement et de la société.
Les choix ne seront pas faciles. Les partis politiques en compétition aujourd’hui en Tunisie pour le pouvoir devront annoncer à nos concitoyens au plus vite leurs programmes, leurs orientations et convaincre l’électeur sur la viabilité économique de leurs propositions et projets.
Nos partis politiques sont ils prêts pour gouverner. Auront-ils les ressources humaines pour bâtir des plans économiques et sociaux de gouvernance cohérents. Auront-ils les ressources financières pour mettre en application leurs idées. Quand on voit par exemple en France, l’un des berceaux de la démocratie, des partis politiques même de premier ordre, peiner à élaborer des programmes alternatifs de gouvernance, on se rend plus compte de la difficulté de la tâche et à quel point la construction de la démocratie en Tunisie sera longue et périlleuse.
La liberté ne se donne pas. La liberté s’obtient. La liberté se paie. Mais si nous refusons d’assumer notre sort et notre destinée, si nous continuons à demander systématiquement aux étrangers de venir à notre secours et de payer pour nous, il ne faudra pas s’étonner que ces derniers veuillent aussi décider pour nous et nous gouvernent à nouveau même par personnes interposées comme ils le faisaient en partie dans le passé !
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