On ne le dira jamais assez, le touriste Tunisien reste la cinquième roue de la charrette…touristique. Les chiffres sont d’ailleurs très éloquents à cet égard. Les touristes tunisiens occupent encore la cinquième place dans le classement général des nuitées passées dans les hôtels du pays avec une part de 8% .
A titre de comparaison, la part des autochtones dans les nuitées globales est de 15% au Maroc, de 40% en France, 45% en Espagne et de 80% en Chine.
Pour expliquer ce retard, nos professionnels mettent en avant le fait que nos compatriotes s’y prennent pour la plupart à la dernière minute et rechignent à passer par l’agence de voyages pour réserver leurs séjours. Cet argument semble à première vue en béton. Une lecture plus profonde de la situation amène, toutefois, à dire qu’il ne s’agit là que de l’arbre qui cache la forêt.
Et pour cause : Alors que la crise post-révolution est là, les taux d’occupation des hôtels ne dépasse pas les 30% dans le meilleur des cas, ce qui écarte de facto la logique du « premier arrivé, premier servi ». Secundo, les prix proposés aux Tunisiens restent hors de portée pour les Tunisiens et honteusement bas pour les Européens.
Alors qu’un Européen peut se lézarder pendant une semaine dans le cadre d’un séjour all inclusive (billet d’avion, transfert à l’hôtel, repas, logement etc..) à 200 euros (360 dinars environ), le Tunisien se voit encore dissuader par des tarifs allant de 100 dinars la nuitée dans un quatre étoiles à 180 dinars dans un cinq étoiles.
Le tout en plein hiver ! Un adage bien de chez nous illustre parfaitement cet état de fait. Il s’agit de la maxime disant «quindil Bab M’nara ma y’dhaoui kan lelbarrani» (traduction: la lanterne de Bab Mn’ara n’éclaire que le chemin de l’étranger)».
Alors que les vacances du printemps sont à nos portes et que nos hôteliers mangent de la vache enragée, n’est-il pas temps que la lanterne de Bab Mn’ara ( une place publique en plein centre de la Médina de Tunis, NDLR) éclaire aussi le chemin des autochtones en ces temps de crise. N’est-il pas temps que le marché intérieur décolle et trouve ses repères pour constituer un marché à part entière et un relais sérieux, pour le tourisme national en cas de problèmes conjoncturels. Cela reste tributaire d’une réelle volonté politique et surtout de gestes forts des professionnels…