A l’occasion du 35ème séminaire national des représentants de l’ONTT à l’étranger tenu à Tunis la semaine précédente, Tijani Haddad, le ministre du tourisme, a accordé une interview à notre confrère TourMag.com. Dans cet entretien, le ministre a évoqué le souci quant au marché allemand où le tourisme tunisien a nettement perdu du terrain : « nous assistons à un flottement économique, a expliqué le ministre, et certains TO qui avaient une grande part du marché programment de nouvelles destinations de proximité comme la Croatie ou la Tchéquie. »
Par ailleurs, Tijani Haddad a souligné l’importance particulière du marché français qui est le premier émetteur de touristes vers la Tunisie de par la proximité et sans doute l’affinité culturelle. L’Hexagone reste ainsi au cœur de la stratégie de développement du tourisme tunisien qui tend à s’étaler sur les 4 saisons et attirer une clientèle à haute contribution. En 2006, les clients français ont occupé comme à leur accoutumée la première place en matière d’entrées (1 234 000), accusant une évolution de 5,5% par rapport à 2005. Durant les 4 premiers de 2007, cette tendance s’est confirmée (+5,6%), comme l’a précisé le ministre. Et Tijani Haddad de mettre en exergue le changement de la donne vis-à -vis des grands TO, notamment ceux du nord de l’Europe : « les métiers du tourisme comme les méthodes de commercialisation sont en pleine mutation. Internet affaiblit déjà le monopole des grands tours-opérateurs, a ajouté le ministre. La distribution en ligne, l’accès du grand public aux centrales de réservation, les packages dynamiques changent la donne. »
Pour faire de la Tunisie une destination « 4 saisons », le ministre a réaffirmé l’engagement du tourisme tunisien dans la diversification de l’offre ainsi que la mise en place avec succès de produits de niche comme le golf, les cures de bien-être, la balnéothérapie, la thalassothérapie, le tourisme médical, les longs séjours pour les seniors et le tourisme saharien. A ce sujet, Tijani Haddad a évoqué le projet de développement des parcours de golf au cours de la prochaine décennie. Onze nouveaux parcours s’ajouteront ainsi aux neuf existants dont un terrain qui ouvrira en octobre 2008 à Gammarth. Ce dernier sera géré par The Residence qui appartient à la chaîne Leading Hôtels of The World.
Notre confrère TourMag a demandé au ministre tunisien si la Tunisie, à l’instar du Maroc, dynamiserait son trafic en « ouvrant son ciel ». En réponse, Tijani Haddad a précisé que « nous n’avons pas de problème par rapport à l’ouverture du ciel et nous ne sommes pas hostiles à l’arrivée des compagnies low cost. Transavia, compagnie mi-charter, mi-low cost, répond aux demandes des TO et des individuels. Elle va desservir cet été plusieurs fois par semaine Monastir et Djerba au départ de Paris Orly. On ne peut comparer la Tunisie avec le Maroc. Nous n’avons pas les mêmes objectifs quantitatifs. Nous sommes un petit pays de 10 millions d’habitants qui reçoit en une année plus de 6,5 millions de touristes. Notre objectif est d’augmenter nos recettes avec des touristes à plus haute contribution et de favoriser l’étalement sur l’année l’arrivée des visiteurs. »
En matière de tourisme culturel, qui d’après notre confrère français, reste un axe peu développé, le ministre a affirmé : « il faut faire vivre nos grands sites, les animer, leur donner des moyens d’hébergement et de divertissement pour les intégrer dans de véritables circuits culturels. Un budget important, (de l’ordre de 5M d’euros), est prévu pour faire de Dougga, dont les ruines romaines sont les plus importantes et les mieux conservées de Tunisie, un site à la fois culturel et touristique. »
Pour ce qui est du tourisme durable, Tijani Haddad a expliqué que le tourisme doit être profitable à touts les catégories sociales et contribuer au développement de toutes les régions du pays : « ne pas bétonner le littoral, préserver la nature et l’environnement, a-t-il souligné, sont des priorités mises en application à travers tout le pays. »
Cependant, le ministre n’a pas proposé de solutions quant à la zone de Tabarka qui n’arrive pas à décoller. Par rapport aux autres régions touristiques du pays, Tabarka est encore à la traîne malgré son potentiel fabuleux. Tijani Haddad a en effet relaté les atouts de cette région qui doit selon les plans d’aménagement bénéficier d’un développement harmonieux. Il a également annoncé l’ouverture en juillet prochain à Tabarka, d’une nouvelle unité de 520 lits appartenant au groupe TTS présidé par Aziz Miled. Cela étant, la zone de Tabarka a été jusqu’alors mal vendue à l’étranger. En dehors de ses festivals estivaux qui créent une animation exceptionnelle, la zone « dort » tout le reste de l’année !!!!