A l’heure où les communicateurs de la destination Tunisie «détournent » des slogans entendus au plus fort de la révolution du jasmin pour inviter les touristes à révolutionner leurs agendas pour bronzer sous le soleil d’une démocratie balbutiante, certains professionnels s’efforcent de décliner ce nouveau filon en circuits thématiques.
La révolte populaire contre le régime dictatorial de Ben Ali commence déjà à se transformer en véritable attraction touristique. Plusieurs réceptifs tunisiens proposent des circuits de la révolution du jasmin qui mènent les touristes à des lieux devenus emblématiques, comme le ministère de l'Intérieur ou encore l'imposant immeuble, désormais vide, du Rassemblement Constitutionnel Démocratique, le parti de l'ex-président Ben Ali. D’autres agences tentent de commuer les somptueuses demeures des membres du clan Ben Ali en musées de fortune ou en emmenant les touristes à la ville de Sidi Bouzid, d’où était partie de la première flamme de la révolution ou d’organiser des rencontres avec Manoubia Bouazizi, mère du jeune vendeur ambulant qui a donné les trois coups d’une révolution qui se propage comme une trainée de poudre dans le monde arabe en s’immolant par le feu.
Voyeurisme? Commercialisation des sangs des martyrs? Les initiateurs des circuits de la révolution s’en défendent et affirment vouloir "faire profiter l’économie tunisienne du parfum enivrant du jasmin". Ce qui est quelque part légitime dans la mesure où le palais de Ceausescu en Roumanie ou la Bastille en France sont encore et toujours des actions touristiques.
Mais ce qui pose réellement problème c’est que le timing choisi pour mettre la révolution sur la brochure touristique de la Tunisie semble prématuré. C’est que la révolution est toujours à son apogée. Les gendarmes n’ont pas encore retrouvé leurs casernes. Le mieux aurait été d’attendre que les esprits se calment définitivement et qu’une transition démocratique pacifique atteigne des résultats tangibles…