Le pèlerinage juif de la Ghriba, prévu du 17 au 22 mai, aura bien lieu cette année a précisé à l’AFP le président de la communauté juive de Djerba, Perez Trabelsi. « Nous attendons des gens de France et d'Israël notamment », a ajouté M. Trabelsi, président du comité de la Ghriba.
Haut lieu du judaïsme, la Ghriba est la plus ancienne synagogue d'Afrique datant de 2.500 ans. Une des légendes orales fait remonter l'origine de ce petit édifice blanc et bleu d’un étage près de la petite ville de Houmt Souk à la destruction à Jérusalem du temple de Salomon, lorsque fuyant la Palestine des juifs se réfugièrent à Djerba et établirent une synagogue en 586 avant JC.
L’île de Djerba abrite une petite communauté juive de Tunisie, protégée sous les régimes de Bourguiba et de Ben Ali qui souhaite continuer de vivre en harmonie avec le reste de la population.
Cette communauté d'environ 2.000 personnes a exprimé son inquiétude au pouvoir de transition après un petit incident antisémite devant la grande synagogue de Tunis vendredi, quand un petit groupe d'hommes avait scandé devant la synagogue: «Allez les Juifs, l'armée de Mohammed est de retour», selon des images diffusées sur internet. Selon un responsable de la communauté juive à Djerba, René Trabelsi, ces hommes appartiennent au mouvement islamiste intégriste El-Tahrir (Liberté) «très silencieux sous le régime de Ben Ali mais qui veut maintenant semer le chaos».
Le ministère de l'Intérieur tunisien a condamné mardi les slogans hostiles aux religions et incitant à la violence. «Ces personnes n'ont d'autre objectif que de porter atteinte aux valeurs du régime républicain fondé sur le respect des libertés et des croyances, la tolérance, la coexistence pacifique entre tous les courants et la garantie de l'exercice des droits civiques».
Pour René Trabelsi, « il ne faut pas céder à la panique, il y en a qui veulent semer le chaos et frapper sur les minorités les plus faibles comme celle des Juifs». Pendant les incidents vendredi devant la synagogue, « des commerçants tunisiens sont sortis pour dire à ces mecs d'arrêter leurs conneries», ajoute-t-il.
La communauté juive, selon lui, « a toujours été très aimée et protégée en Tunisie, que ce soit sous le régime de Bourguiba ou de Ben Ali, et même pendant les pillages qui ont suivi la chute de Ben Ali, des voisins arabes ont protégé les maisons des Juifs ».