En poste depuis 10 jours Mehdi Houas Ministre du Tourisme de Tunisie agit auprès de ses collègues du Gouvernement provisoire pour que le couvre-feu qui bloque les tour-opérateurs français dans leur relance de la destination soit levé. Le processus est en marche. Encore faut-il que calme et sérénité soit rétablis à travers l'ensemble du pays, un pays qui découvre dans le même temps la démocratie, la liberté et... le droit de grève.
« Il faut que les ondes de choc disparaissent pour que nous puissions prendre une décision sans retour et supprimer définitivement ce couvre-feu» a déclaré le ministre.
Ce serait une question de jours. Dès la fin du couvre-feu (minuit/04h00) il lancera des actions de promotion sur ses principaux marchés émetteurs, France en tête.
« Pas besoin de faire une promotion si l'aspect sécuritaire n'est pas garanti au client final. »
On peut annoncer sans se tromper que les formules d'une Tunisie « jolie, amie, proche etc » appartiendront vite au passé.
A Tunisie nouvelle, nouveaux messages. La Tunisie historique culturelle, traditionnelle, rapprochant le peuple de ses visiteurs avec un développement des gîtes et d'accueil et des logements chez l'habitant sont des projets sur lesquels travaille la nouvelle équipe.
Ce plan de relance prévoit de faire venir en Tunisie des décideurs, des artistes, des groupes d'influence et de créer, à court et moyen terme une série d'événements culturels.
Il a rassuré les professionnels tunisiens à la peine en annonçant une démarche financière les aidant à supporter cette passe difficile.
Actuellement la moitié des hôtels sont fermés et les autres, à de rares exceptions près, sont quasiment vides alors qu'il leur faut payer salaires et charges fixes.
« Nous allons souffrir en 2011 mais ce sera une souffrance saine pour construire un avenir plus prospère que nous souhaitons partager avec ceux qui nous aurons aidé pendant les moment difficiles » dit l'entrepreneur devenu ministre par patriotisme, tout en affirmant ne pas être intéressé par une carrière politique.
Il est là pour six mois...
Est-ce suffisant pour rassurer et convaincre les vacanciers français de ne pas aller sur d'autres destinations et pour booster les ventes des mois d'été ?
Les tour-opérateurs spécialistes de la Tunisie qui ont fait cette semaine un voyage express à Tunis pour rencontrer pouvoirs publics et partenaires tunisiens s'en inquiètent.
Ils estiment aussi qu'une partie de la réponse est dans les réseaux de distribution en contact direct avec les clients consommateurs.
Les membres du CETO, majors sur la Tunisie, ont déclaré mettre en place d'importants éductours destinés à rassurer et informer leurs prescripteurs sur les conditions d'accueil et de séjours en Tunisie. . Marmara avait dégainé le premier en lançant un millier d'invitations dès le 27 janvier.
Sur le 1 400 000 français qui ont fait le voyage en Tunisie en 2010, ils avaient fait partir près de 900 000 clients, 600 000 en forfaits et 300 000 en vols secs.
Le président du CETO a par ailleurs reconnu que durant ces dernières semaines, les touristes européens qui n'avaient pas voulu être rapatriés n'avaient signalé aucun problème d'insécurité ou d'agressivité à leur encontre de la part des Tunisiens.
Georges Colson président du SNAV a su trouver les mots pour dire l'émotion qu'avait fait naître en France les images des révoltes et de la révolution du 14 janvier.
« Etre ici avec vous est une fierté, un honneur. Les agents de voyages de France par ma voix vous adressent un message chaleureux de solidarité. Je vous assure que cette belle aventure nous voulons la vivre avec vous ».
Le même, président du Conseil de Surveillance de FRAM a ajouté en toute connaissance de cause : « Brader les prix est une spirale dangereuse ». Il fait partie de ces voyagistes français qui ont investi dans des filiales hôtelières en Tunisie.
« Profitez de cette période pour motiver, pour former vos salariés et pour améliorer vos services et vos produits. La Tunisie qui s'ouvre à la liberté va avoir de nouvelles cartes à jouer. Demain elle aura à livrer de grandes batailles concurrentielles ».
« Nous avons fait des efforts sur les prix quand la France était en crise. C'est maintenant à vous de nous aider » a lancé lors de la conférence de presse Afif Kchouk, homme de média et hôtelier.
Trouver un bon équilibre avec les aériens et leurs compagnies charters a été suggéré par les Tunisiens avec une écoute attentive du côté français « Moins de taxes », « davantage de subventions », « de la souplesse »...
Laissons le mot de la fin au président de la fédération tunisienne de l'hôtellerie, Mohamed Belajouza :
« Notre fédération a appelé tous ses adhérents à conserver leurs prix contractuels et à ne consentir aucune baisse. Nos hôtels ont atteint le niveau le plus bas. Nous ne pouvons pas aller plus loin. »
Mais résisteront-ils tous à la tentation ?
source: TourMag