A voir, ces jours-ci, revenir tous nos compatriotes de Tunisie où ils ont passé leurs vacances cette année, on ne peut, en êtres normalement constitués, échapper à la multitude de questions qui envahissent l’esprit jusqu’à donner une méchante migraine.
Ils étaient plus d’un million, disent nos statistiques, à avoir parcouru toute la façade maritime de notre pays sans s’arrêter. Le voyage fut long. Et ce n’est qu’au kilomètre 1201 qu’une sensation de bien-être les incitât à planter leurs parasols. Durant tout ce long parcours de plages au sable fin, de criques fabuleuses, de végétation luxuriante au pied d’une mer limpide et bleue comme le ciel, rien n’y fit, nos compatriotes ont bravé la fatigue et continué leur route jusqu’en Tunisie. Pourtant la nature est absolument identique. La seule différence n’est que dans la contribution de l’homme. Propreté, accueil, divertissement, toutes choses qui ne relèvent d’aucune science ni technologie nouvelles difficiles à atteindre. Il suffit seulement de vouloir. Les Tunisiens veulent. Il suffit d’un peu de travail. Les Tunisiens n’y rechignent pas.
Ils ont fait de leur littoral une véritable poule aux oeufs d’or. Un littoral qui attire des millions d’étrangers du monde entier qui viennent y dépenser leurs dollars.
Et là , notre orgueil en prend un sacré coup. Pourquoi diable ne faisons-nous pas au moins comme eux? De plus, notre façade maritime sur la Méditerranée est nettement plus longue et nous avons un tourisme de montagne qu’ils n’ont pas. Ce qui, en principe, nous autorise à mieux. De cette même nature et de ce même climat que le nôtre, nos amis tunisiens ont pu obtenir des milliers d’emplois et des milliards de dollars. Une extraordinaire richesse qui est leur principale ressource. Une extraordinaire richesse dont nous, comme des masochistes, nous nous privons. On accuse le pétrole de nous avoir abêti. C’est peut-être vrai, mais imaginons un instant de quel trésor nous aurions pu disposer si en plus du pétrole, nous hissions notre tourisme au niveau de celui de nos voisins tunisiens et marocains. Non ce n’est pas du rêve! C’est plutôt un cauchemar. Le cauchemar d’un énorme gâchis. D’un gâchis qui prive d’emploi des milliers de nos jeunes.
D’un gâchis qui nous prive d’un énorme moyen de développement. D’un gâchis qui nous a fait perdre jusqu’à notre légendaire sens de l’hospitalité. Pourtant, il suffit de si peu pour conjurer ce sort injuste. Il suffit d’une privatisation bien menée. Avec un cadre législatif bien pensé et des cahiers de charges spécifiques précis. Il n’y a qu’à voir ces petits îlots touristiques qui, spontanément, ont jailli à Staouéli, à Draria, à Douaouda et tout récemment à Fouka. Avides de sorties, les Algériens s’y bousculent chaque jour. C’est loin d’être parfait, mais le déclic y est. Chaque ville et village de la côte veut faire mieux.
Il suffit de canaliser, d’orienter, de sanctionner parfois pour atteindre les normes requises et attirer en plus des nationaux, les touristes étrangers.
Un tout petit sursaut d’orgueil nous permettrait, de rendre Zéralda aussi accueillante que Hammamet, et de fil en aiguille, faire de Chréa et Tikjda, un peu de ce qui est fait à Megève et Chamonix. Sans oublier, de revaloriser les fresques du Tassili. Sans oublier non plus, d’utiliser le dumping comme amorce. Il suffit de conférer aux zones touristiques le même statut que les champs pétroliers, avec ce que cela comporte d’autorité, d’expertise, de concession, de transfert de savoir et de formation. Le tout imposé dans un premier temps, par une forte volonté politique. Pour ne plus perdre de temps et de l’argent. Pour ne plus traverser les frontières pour planter son parasol.
Par Zouhir MEBARKI