En Afrique, le tourisme est en plein essor
L’Afrique du Nord enregistre une croissance d’environ 9 % grâce à la hausse de la fréquentation au Maroc L’Afrique a été la seule région à faire mieux en 2005 qu’en 2004 au chapitre des arrivées. Et la tendance se poursuit en 2006.
C’est ce que souligne l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme) dans un document intitulé : Baromètre OMT du tourisme mondial. Dans ce présent article, l’accent sera mis sur la situation du secteur en Afrique du Nord et en Moyen- Orient. Détail. Bien que les données de la sous- région restent incomplètes, le nombre d’arrivées en Afrique subsaharienne se serait accru d’environ 12 % au cours des premiers mois de 2006. Cela s’explique essentiellement par les excellents résultats du Kenya (+ 14 % jusqu’en mars) et des Seychelles (+ 11 % en date de mai).
Ces dernières attribuent leur succès à une meilleure connaissance du produit, elle-même due en grande partie à la campagne sur les "Seychelles abordables", qui a modifié la perception que l’on a de ces îles, trop souvent considérées comme une destination de grand luxe. La coopération entre les hôtels et les compagnies aériennes a permis de proposer des forfaits à des prix intéressants en basse saison.
Les Seychelles ont bénéficié en outre de nouveaux investissements à la fois dans l’infrastructure et dans l’hébergement, ainsi que d’une augmentation de la capacité sur les lignes aériennes au départ de l’Europe et du Qatar. La croissance apparaît d’autant plus impressionnante que la destination, comme la Réunion et Maurice, a été touchée par le chikungunya au début de l’année.
Si la fréquentation a chuté de plus de 14 % en mars à cause de « l’effet de Pâques ?, Maurice a enregistré en revanche une progression du nombre d’arrivées de 7 % sur les quatre premiers mois de 2006. Grâce à la rapidité de réaction des autorités, les conséquences négatives du chikungunya ont été compensées par des facteurs positifs comme l’ouverture de l’espace aérien et un accroissement de la part du budget de l’Etat consacrée au tourisme. Le virus du chikungunya, qui se transmet par les moustiques, a eu des incidences assez graves sur l’île de la Réunion, où un grand nombre de personnes ont été infectées.
L’Afrique du Sud confirme les bons résultats de l’an passé, avec une hausse de 14 % en janvier et février. La confiance des touristes dans la destination reste élevée, conséquence de l’intensification du travail de marketing effectué par l’administration du tourisme sur les marchés existants et émergents, d’une amélioration des dessertes aériennes, et de l’organisation de plusieurs manifestations très populaires au cours des quatre premiers mois de l’année, comme le Grand Prix de Formule 1 et la tournée de l’équipe australienne de cricket.
Les seuls facteurs négatifs ont été la vigueur du rand ‡ mais celui-ci s’est assagi ces derniers mois et l’Afrique du Sud fait encore figure de destination offrant un bon rapport qualité/prix ‡ et la situation politique fragile qui règne chez le Zimbabwe voisin. Ailleurs dans la sous- région, le Libéria pâtit encore des suites de plus de 14 ans d’une guerre civile qui a pris officiellement fin en 2004. La sécurité reste un souci pour les investisseurs, de même que l’absence de réseau d’alimentation en eau et en électricité.
Mais la situation devrait s’améliorer à brève échéance. L’affectation de ressources supplémentaires au développement et à la promotion du tourisme ont permis de mieux faire connaître le potentiel touristique de la Zambie et l’engagement de nouveaux investissements-y compris dans l’augmentation de la capacité hôtelière sur la rive zambienne des chutes Victoria - aussi contribué à améliorer et diversifier les produits et à stimuler la demande. Un nouveau projet de loi sur les services d’accueil a été déposé, texte qui devrait aider à alléger la paperasserie, encourager les partenariats entre les secteurs public et privé, et instaurer une redevance touristique dont le produit serait équitablement réparti entre les acteurs de l’industrie.
L’Afrique du Nord a enregistré une croissance d’environ 9 % au cours des quatre premiers mois de l’année, grâce en particulier à une augmentation de la fréquentation de 17 % au Maroc. L’accord d’ouverture de l’espace aérien conclu par le gouvernement avec l’Europe, qui donne naissance à de nouvelles lignes à bas coûts vers cette destination, ajouté aux sommes énormes investies dans l’infrastructure, a contribué à rehausser le degré de confiance dans le tourisme marocain et à accroître la clientèle en provenance des marchés anciens et nouveaux. Plus de 8 milliards d’euros ont été investis dans le secteur touristique du pays, dont la moitié dans l’hôtellerie. La destination espère tripler le nombre de lits et de le porter à 230.000 unités d’ici 2010.
L’augmentation du nombre d’arrivées en Tunisie a été moins impressionnante cette année (+ 2,5 %) bien que, après la tendance à la baisse relevée au premier trimestre, la fréquentation ait repris nettement en avril. Le Moyen-Orient a vu ses arrivées progresser de quelque 11 % depuis le début de l’année grâce à la très bonne santé affichée par le Liban (+ 49 %) et Bahreïn (+ 30 %). Les résultats de l’Egypte (+ 3 % jusqu’en mai) ont varié d’un mois à l’autre, tandis que la Jordanie a vu ses arrivées augmenter de 5 % au cours du premier trimestre. Mais le tableau pourrait encore changer dans la mesure où l’on ne possède toujours pas les données d’un certain nombre de destinations, dont l’Arabie saoudite, première destination du Moyen-Orient. Le Liban s’est vigoureusement ressaisi après les résultats négatifs du premier semestre 2005.
Les tensions politiques et troubles civils qui ont marqué l’année, à commencer par l’attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie au Premier ministre Rafiq Hariri, se sont sensiblement apaisés au cours des mois passés. Le dernier incident majeur date de décembre 2005. Le renforcement du contrôle des immigrants et le fait que les touristes comprennent désormais que le terrorisme peut frapper n’importe où ont stimulé la reprise de la demande. Le tourisme dans le monde arabe, en particulier, est en plein essor. L’Egypte a elle aussi payé un lourd tribut au terrorisme mais, comme au Liban, l’attentat survenu à Dahab le 24 avril 2006 ‡ le cinquième en 18 mois ‡ a montré que le pays et son industrie du tourisme ne manquent pas d’expérience lorsqu’il s’agit de rétablir la confiance.
Une nouvelle aérogare vient d’être inaugurée à l’aéroport d’Hurghada, et l’extension de l’aéroport de Sharm-el-Sheikh devrait prendre fin en juillet. En outre, l’aéroport du Caire subit actuellement d’importants travaux d’agrandissement qui devraient porter de 9 millions aujourd’hui à 18 millions le nombre de voyageurs qu’il peut accueillir. Il est une autre destination sur laquelle on possède encore peu de données pour 2006 mais qui, quoi qu’il en soit, demeure un modèle de réussite : les Emirats arables unis. L’esprit d’initiative et d’innovation manifesté par Dubaï ne cesse d’éblouir le reste de la planète mais des pays voisins, notamment Abu Dhabi et le Qatar, regagnent rapidement le terrain perdu et attirent de nouveaux touristes du monde entier.
Perspectives Le seul nuage à l’horizon, au moment où l’Afrique et le Moyen-Orient entament la saison estivale, est le risque que l’effondrement de la bourse en Arabie saoudite entraîne un déclin de la demande de voyages à l’étranger. Des destinations très prisées l’été telles que l’Egypte pourraient donc s’en ressentir. Cependant, le Liban déclare que le carnet de réservations est bien rempli en Arabie saoudite et, en fait, dans toute la région du Moyen-Orient ‡, et, selon ce que l’on a pu lire, les investissements arabes réalisés à Beyrouth et au mont Liban apportent un nouveau souffle de vie au pays. Les évolutions qui méritent d’être soulignées en Afrique incluent l’engagement fort pris par les gouvernements de nombreux pays de stimuler le tourisme interne et, du côté de l’offre, l’augmentation de la capacité d’hébergement dans des destinations comme les Seychelles et la Zambie.
A signaler également le parc national Obo, nouvellement créé à Sao Tome e Principe, dont la flore, la faune et les espèces d’oiseaux endémiques devraient susciter un intérêt croissant auprès des touristes étrangers. Fait important cette année, l’Ouganda célèbre le centenaire de l’expédition de prospection réalisée par le duc des Abruzzes dans les montagnes de la Lune et qui a débouché sur des découvertes capitales en botanique, en zoologie et en géographie. Les gouvernements italien et ougandais se sont associés pour fêter cette importante expédition par divers événements comprenant des expositions, des conférences scientifiques et une expédition aux monts Rwenzori, exactement 100 ans après la première, qui sera conduite par des descendants du prince du Piémont.
La Zambie redouble d’efforts pour faciliter le tourisme et attend du programme Uni VISA, qui devrait mis en place dans les prochains mois par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), qu’il donne un coup de fouet au tourisme, pour le plus grand bien des 14 membres de la SADC. Quant à lui, le Sénégal-qui a accueilli la dernière assemblée générale de l’OMT en décembre 2005-commence à récolter les fruits du gain de visibilité que lui a procuré la tenue de cette réunion importante de l’OMT. A signaler l’accord passé avec South African Airways, qui fera de Dakar une nouvelle plate-forme de SAA, ce qui devrait attirer des touristes aussi bien du nord que du sud. Les données citées au dessus ont été traitées, analysées et communiquées avant le déclenchement du conflit au Liban.