Homme d’expérience qui anticipe sur les évènements et défenseur aguerri de la cause des agences de voyages, Tahar Saihi président de la FTAV fait le bilan de l’année 2010 pour les voyagistes tunisiens.
Interview Tahar Saihi , président de la fédération nationale des agences de voyages
TourisMag : Commençons par un bilan de 2010. Quels sont les dossiers sur lesquels il y a eu des avancées et ceux qui restent encore ouverts ?
Tahar Saihi : D’abord sur le plan quantitatif les chiffres pas encore publiés et que je vous fournis en primeur montre que l’année est relativement bonne avec une augmentation de 4 % des nuitées et des rentrées touristiques de 1 %. Par contre le nombre des touristes a accusé un fléchissement de 0,1%. Le marché européen en général a cru de 1,8% et le marché français en particulier de 3%. Ceci dit, le marché allemand, continue sa dégringolade avec un net recul du nombre de touriste de 5,6 %. Le recul concerne aussi le marché italien, espagnol et hollandais. L’office du tourisme a réagi lundi 27 décembre en organisant un séminaire qui a réuni tous les acteurs du secteur pour discuter des moyens de relancer ces marchés surtout allemand. Ce déficit est comblé par contre par un net développement du marché anglais qui a connu une croissance de 29,3 %. Compte tenu de la conjoncture les résultats sont plutôt satisfaisants mais qui incitent les voyagistes à redoubler d’effort et se rattraper sur les marchés en baisse.
TourisMag : Sur un plan plus corporatiste ?
Tahar Saihi : Sur un plan plus corporatiste la FTAV a pu gagner un peu plus la confiance des agences de voyages. A tel enseigne le nombre d’adhérents record-500 sur 600 agences actives- jamais atteints dans l’histoire de notre association professionnelle. Nous avons pu aussi en 2010 avancer sur un certains nombre de dossiers dont la construction de la maison du tourisme qui réunira les deux grandes instances professionnelles du secteur à savoir la FTAV et La FTH. Nous avons pu également rénover les locaux de la FTAV pour qu’ils soient en mesure d’abord de colporter l’image du secteur et pour aussi pouvoir le mettre à la disposition des adhérents pour des missions de formation ou d’accueil des missions étrangères en visite en Tunisie. Aussi, nous avons allégé les charges d’assurances applicables aux nouvelles agences de voyages qui ne pouvaient pas supporter des cautions qui sont faramineuses par rapport à leur chiffres d’affaires. Les traitements des anciens et des nouveaux venus dans le secteur sont basés de plus en plus sur un principe d’équité qui prend en compte le poids financiers des uns et des autres.
Nous réfléchissons également à souscrire au nom de nos adhérents une couverture qui englobera toutes les cautions auxquelles sont soumises les agences notamment celle de L’ONTT, de la CTN et des compagnies aériennes. Ce projet devrait permettre aux agences de se concentrer sur leur travail et d’alléger leurs charges et de mieux gérer les risques inhérents à leur métiers .
TourisMag : Où en est la mise en conformité des agences tunisiennes avec les prescriptions de L’IATA ?
Tahar Saihi : Nous accusons un retard dans la résolution de ce dossier mais nous cheminons vers une solution finale dans deux ou trois mois. Ce retard est dû à des réticences venant de certains adhérents qui profitaient d’une politique de deux poids de mesures en vertu d’une certaines ancienneté. En concertation avec l’IATA nous avons pu aplatir ces difficultés et toutes les agences sont aujourd’hui redevables à l’IATA sur le même pied d’égalité. Nous avons trouvé un assureur en Tunisie et ce dossier devrait être classé dés que nous aurions conclu un accord avec un réassureur pour la couverture des risques des agences de voyages tunisiennes à l’étranger.
TourisMag : La question de la couverture du risque lié à l’insolvabilité des Tours opérateurs est de nouveau remontée sur le devant de la scène avec la faillite de Royal tours. Y a-t-il des avancées sur ce dossier ?
Tahar Saihi : Nous nous penchons aussi sur ce dossier car ce cas de figure semble de plus en plus récurrent et que son impact sur les opérateurs du secteur peu être catastrophique. Le volume d’affaire de certaines agences de voyage ne peut pas supporter le déficit engendré par ce type de faillite qu’elles soient réelles ou frauduleuses. Nous n’en discutons pas la véracité mais nous cherchons à anticiper sur ces cas de figure pour que l’agent tunisien n’en subisse plus les conséquences.
TourisMag : Concernant l’ « outgoing » comment se porte le marché ?
Là aussi nous avons défendu la cause des agences de voyages tunisiennes. Les tunisiens qui voyagent à l’étranger constituent une clientèle additionnelle et nous tenons à ce que le tunisien fasse appel à nos adhérents lors de ces déplacement à l’étranger. Pour ce faire nous avons conclu des accords avec la banque centrale pour booster ce marché en facilitant davantage les procédures pour les agences. Le quota négocié avec la banque centrale a été absorbé et nous négocions une rallonge pour faire face à la demande additionnelle. Ce marché devrait prendre son envol avec le passage vers la convertibilité totale du dinar.
TourisMag : La FTAV n’a cessé de demander ces dernières années à ce que le budget de promotion du tourisme soit doublé. C’est chose faite. Quels sont à votre avis les axes d’investissement de ce budget ?
Tahar Saihi : Cela ne peut que nous réjouir. Après l’étude stratégique sur le tourisme tunisien à l’horizon 2016 le ministère du tourisme est actuellement en train de préparer une étude sur L’image de la destination Tunisie. Une image qui reste floue. Je pense que les résultats de cette étude nous donneront plus de repères sur les axes d’investissement du budget de promotion.
Propos recueillis par Fethi Djebali