Par Mohamed Khaled Hizem
Si la Tunisie regorge de superbes mosaïques romaines, celles-ci ne sont pas uniquement conservées au musée national du Bardo. D’autres musées du pays, à l’instar de ceux de Sousse et d’El Jem, possèdent, également, des mosaïques d'une qualité exceptionnelle. Parmi ces dernières, figure la remarquable mosaïque dite "du calendrier", qui compte, à juste titre, parmi les plus précieux joyaux du musée archéologique de Sousse, laquelle est située à 143 kilomètres au sud-est de Tunis. Celui-ci abrite les plus importantes collections archéologiques de la Tunisie après celles du musée du Bardo.
Photo: Vue partielle de la mosaïque du calendrier, illustrant seize tableaux représentant les quatre saisons et les douze mois de l'année.
(crédit photo : Mohamed Khaled Hizem)
Datée de la première moitié du IIIe siècle ap. J-C, aux alentours des années 222-235, la mosaïque fut découverte, au début des années 1960, dans une villa de l'antique Thysdrus, qui correspond à l’actuelle ville d’El Jem. Il s'agit d'une œuvre présentant un intérêt iconographique considérable, car elle comporte des représentations allégoriques des quatre saisons et des douze mois de l'année ; ceux-ci étant précisément nommés par des inscriptions latines.
Gros plan sur le tableau du mois d'avril. La scène présente la " Veneralia ", une fête religieuse célébrée au début de ce dernier. (crédit photo : Anke Meskens)
La mosaïque, exposée sur un mur, est dotée de grandes dimensions. Mesurant cinq mètres de longueur sur quatre mètres de largeur, elle est divisée en cinq registres verticaux à quatre éléments chacun. Au total, l’ensemble compte une vingtaine de tableaux complets, réalisés avec un soin admirable. Seize tableaux sont formés, chacun, d'un carré, de 37 centimètres de côté, à l'intérieur duquel figure une scène symbolisant soit une saison, c'est notamment le cas des quatre carrés de gauche, soit un mois pour les douze carrés du milieu. Les quatre autres carrés, localisés à droite, sont essentiellement ornés de motifs végétaux.
Gros plan sur le tableau du mois de septembre, illustrant le foulage du raisin. (crédit photo : Anke Meskens)
Bien qu’elle comporte aussi bien des illustrations de fêtes religieuses que d'activités agricoles, ce sont les fêtes religieuses qui sont les plus nombreuses. Parmi celles-ci, on peut citer, à titre d’exemple, la « Veneralia », célébrée le 1er avril, en l'honneur de la "Vénus Verticordia" (signifiant celle qui change les cœurs). Trois tableaux uniquement évoquent des activités agricoles, à l’instar du foulage du raisin.
Cette splendide œuvre d'art, se distinguant autant par la richesse de sa polychromie que par la finesse des représentations, révèle diverses facettes de la culture romaine.