Décidément, Amel Karboul, la nouvelle ministre du tourisme tunisien a bien choisi sa manière de faire. Déjà qu’elle soit femme à la tête de ce ministère macho par excellence puisqu’il a été accaparé par la gent masculine des années durant, est une nouvelle en soi. Et après, c’est sa façon d’être qui fait qu’elle soit différente d’emblée.
 
Amel Karboul a tellement fait couler de l’encre avant même que ce gouvernement ne soit voté à l’ANC, qu’on peut désormais parler de « Karboulmania ». En tout cas, au grand mérite de ce bout de femme qui vient d’ailleurs où elle a déjà bien roulé sa bosse et au grand bonheur des femmes de ce pays qui tiennent à se placer aux devants de la scène de l’après 14 janvier. Ce qui ne veut pas dire que la femme tunisienne du temps des 23 années benalistes ne l’était pas. Mais c’est que cette gent a exprimé dès les premières heures de la révolution le désir de véhiculer une nouvelle image au parfum et au goût de la liberté et la volonté de bâtir une nouvelle way of life comme un choix réfléchi et assumé.
 
Amel Karboul est arrivée donc comme un baume. Sa manière a des pour et a des contre. Mais nul ne peut nier qu’elle marque bien son univers jusque-là. Aux dunes électroniques, sa spontanéité et son discours dans la peau d’une jeune allant faire la fête dans le sud et en plein désert, lui ont valu une avalanche de critiques. Mais l’ont par la même occasion propulsée encore une fois sous les feux des projecteurs. Et d’ailleurs, beaucoup aiment… et partagent. Et bien sûr, à la seule condition que cela aide le secteur d’une manière ou d’une autre à remonter la pente et améliorer ses scores. Car les « vautours » de la profession ne vont pas se taire pour encore longtemps. Et parce que les sympathisants de Karboul finiront eux-mêmes par être pointés du doigt si les choses tarderont à bouger.
 
Mais la ministre va encore surprendre puisqu’elle a décidé dès le départ d’être différente. Et la voilà à l’ITB Berlin, l’un des rendez-vous classiques et incontournables du tourisme mondial, jouer la carte de la franchise. C’est sans doute une carte de communication choisie en connaissance parfaite du pays hôte, l’Allemagne en l’occurrence. Mais ça fait quelque chose d’opter pour le mea culpa et avouer aux Allemands que oui on leur a menti en 2002 ; oui on leur a caché la vérité de l’attentat de la Ghriba bien que la Tunisie venait de clore 2001 avec le meilleur chiffre réalisé sur le marché allemand en termes d’entrées ;  oui on a essayé de les bluffer au risque de les perdre ; oui on a osé cette gaffe sans penser aux conséquences. Et Karboul de les inviter à tourner cette page et commencer une autre ensemble pour reconquérir ces clients et retrouver nos marques sur l’un des marchés traditionnels les plus importants pour la Tunisie. Ce qu’elle a fait est une première qui augure visiblement d’une stratégie de communication très typée. Ce sera un nouveau coup dans cette Karboulmania qui ne tardera pas à ce rythme à devenir un phénomène du tourisme tunisien.
 
Je ne sais pas entre temps ce que l’histoire retiendra pour ce bout de femme en chiffres et en réalisations. Mais je sais d’ores et déjà que Amel Karboul travaille en tandem avec son collègue Mourad Sakli, le ministre de la culture. Et devrait essayer d’accorder son accordéon avec celui du ministre du transport au sujet de l’aérien afin de s’entourer de certaines conditions nécessaires au bon déroulement des choses. La Tunisie n’a plus le temps de réfléchir mais il est plutôt grand temps de passer à l’action.

 

 

Maryem KADA BEN YAHIA