Les principaux chefs de la mouvance salafiste djihadiste en Tunisie ont appelé vendredi leurs partisans au calme et à la retenue , contredisant ainsi l'imam salafiste Nasreddine Aloui qui a appelé les jeunes tunisiens à préparer leurs "linceuls" pour lutter contre les islamistes au pouvoir lors d'une émission télévisée diffusée jeudi soir sur la chaîne privée Ettounsiya TV. Le cheîkh Al-Khatib Al-Idrissi , l'idéologue de la mouvance salafiste djihadiste, a publié un communiqué dans lequel il appelle les salafistes à garder leur calme ."J'appelle les jeunes salafistes et l'ensemble des musulmans à se calmer et à ne pas répondre aux provocations de nos ennemis. C'est l'Isalm dans son ensemble qui est visé et non pas uniquement un parti politique ou une frange de la société", a-t-il précisé.
Le cheïkh Al-Idrissi a également souligné que "les musulmans ayant des avis divergents ne sont pas des ennemis",
Pour sa part, le leader de l'organisation Ansar Al-Chariâa qui se réclame ouvertement de la mouvance salafiste djihadiste, Abou Iyadh, a lancé un appel au calme à ses partisans assorti d'une mise en garde au pouvoir après qu'un imam d'une banlieue de Tunis ensanglantée par des violences a appelé à faire la "guerre" au gouvernement.
De craintes de violences, la police et l'armée avaient déployé d'importants renforts pour la journée de la grande prière sur les axes menant à Douar Hicher, où deux militants salafistes ont été tués lors de heurts mardi avec les forces de l'ordre. Aucun incident n'avait été signalé en fin d'après-midi. "Peut-être que beaucoup de nos jeunes ne seront pas satisfaits par un appel au calme après les derniers événements de Douar Hicher (...) Je vous invite mes frères à vous référer aux paroles de Dieu et à compter sur la patience et la prière", a déclaré le chef salafiste Abou Iyadh dans une vidéo sur internet.
Le chef de "Ansar al-charia" (Partisans de la loi islamique) qui est recherché par la police depuis l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis le 14 septembre a néanmoins aussi mis en garde les autorités. "Un message adressé aux oppresseurs : nous avons été patients et nous serons encore patients mais attention à l'explosion de colère", a-t-il dit.
Un imam salafiste, Nasreddine Aloui, avait appelé les jeunes tunisiens à lutter contre les islamistes au pouvoir lors d'une émission télévisée jeudi soir sur la chaîne Ettounsiya, deux jours après des violences meurtrières. "J'ai préparé mon linceul après la mort de deux martyrs et j'appelle les jeunes du réveil islamique à faire de même car le mouvement Ennahda et d'autres partis politiques veulent des élections sur les ruines et les cadavres du mouvement salafiste", a-t-il lancé, brandissant un drap blanc à la caméra.
. "Tu n'es pas digne d'être un imam, ce discours est de l'incitation à la haine", a aussitôt répliqué à l'imam le ministre des droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle issu du mouvement Ennahdha et présent sur le plateau , Samir Dilou.
Ennahda a promis de serrer la vis face aux salafistes jihadistes après une série de violences orchestrées par cette mouvance rigoriste de l'islam sunnite, alors que l'opposition accuse le gouvernement de laxisme à leur égard.
L'état d'urgence en vigueur en Tunisie depuis la révolution de janvier 2011 a été prolongé mercredi pour trois mois.