Les ministères tunisiens de l’Intérieur et de la Défense ont décidé la levée du couvre feu nocturne instauré mardi dernier à Tunis et dans sept autres régions du pays. La décision a été prise suite à l’amélioration de la situation sécuritaire dans le pays. Annoncé comme étant « le vendredi de la colère », la journée du 15 juin s’est passée sans incidents. Les islamistes qui comptaient protester dans les rues contre des « atteintes au sacré » ont lancé jeudi soir des signes "d'apaisement": le parti Ennahda, au pouvoir, et plusieurs factions radicales ont renoncé à manifester pour "défendre les valeurs du sacré" vendredi.
Le couvre-feu nocturne a été décrété mardi sur le grand Tunis et dans quatre régions du pays après une vague de violences sans précédent dans tout le pays impliquant des groupes de salafistes et de casseurs qui ont attaqué des postes de police et des bâtiments administratifs.Le couvre-feu, annoncé mardi peu avant 20H00 locales, est en vigueur de 21H00 à 05H00 du matin et couvre le "Grand Tunis" (qui comporte quatre gouvernorats) et les gouvernorats de Sousse (est), Monastir (est), Jendouba (nord-ouest), et Medenine (sud), selon un communiqué du Premier ministère (bien: Premier ministère).
C'est la première fois depuis mai 2011 que la capitale tunisienne est soumise à un couvre-feu. L'Etat d'urgence est toujours en vigueur dans le pays depuis le soulèvement qui a abouti à la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011.
Cette mesure fait suite à une série de violences qui ont éclaté simultanément dans plusieurs régions du pays dans la nuit de lundi à mardi et qui se sont poursuivies dans la journée de mardi. Les troubles seraient liés à une exposition à La Marsa (banlieue nord de Tunis) qui s'est tenue du 2 au 10 juin, et dont des œuvres ont été jugées offensantes pour l'islam. Les cités populaires de l'ouest de la capitale, mais aussi sa banlieue chic du nord, se sont embrasées, et ont été le théâtre d'affrontements violents entre des groupes d'islamistes radicaux et de casseurs et les forces de l'ordre. Un tribunal a été incendié, des postes de police attaqués. Les troubles ont fait une centaine de blessés, dont 65 membres des forces de l'ordre, et plus de 160 personnes ont été arrêtées, selon le gouvernement, qui a dénoncé des "actes terroristes" et promis que les assaillants seraient jugés en vertu des loi anti-terroristes de 2003 établies sous Ben Ali.
Simultanément, dans les régions, à Jendouba, Sousse et Monastir, des sièges régionaux de la puissante centrale syndicale UGTT ainsi que des locaux de partis politiques d'opposition ont été attaqués.