• L’instauration d’une taxe d’entrée renvoyée aux calendes grecques !
Avortée une première fois en 2009 par des députés poussés dans le dos par des hôteliers qui avaient invoqué le prétexte fallacieux de la désaffection des touristes pour la destination Tunisie, l’instauration d’une taxe d’entrée destinée à augmenter le budget de promotion sur les marchés extérieurs a été de nouveau censurée cette année.
Si elle a prévu une majoration de la taxe appliquée aux établissements touristiques et restaurants classés (de 0,5 à 1 % du chiffre d’affaires global) et celle appliquée aux agences de voyages de catégorie "A" (de 1,7 dinars à 2 dinars siège proposé par les moyens de transport touristique), la loi de finances 2011 est restée muette sur la taxe d’entrée.
L’article relatif à l’instauration de cette fameuse taxe a été retiré in extremis de la loi de finance pour l’exercice 2011. Quelques mois auparavant c’est Slim Tlatli, ministre du Tourisme, en personne qui avait pourtant fait un plaidoyer pour l’instauration de la taxe.
Le ministre avait notamment déclaré: « Nous ne réinventerons pas la roue. Cette taxe est pratiquée chez nos concurrents comme l’Egypte qui l’a fixée à 15 dollars ou la Turquie (10 à15 dollars). La France applique une taxe de séjour dans les hôtels alors que le président des Etats-Unis vient de décider l’instauration d’une taxe similaire de 10 dollars payables aux frontières».
Que s’est-il donc réellement passé ?
Selon les indiscrétions, un puissant lobby de professionnels aurait pesé de tout son poids afin de barrer la route à l’instauration de la taxe qui devait alimenter le fonds de la compétitivité touristique. Motif : la nouvelle taxe contribuerait, selon ce lobby, à rendre plus chère la destination Tunisie en ces temps où la reprise de l’industrie tunisienne reste hésitante.
Pour de nombreux autres professionnels et experts, le renvoi de l’instauration de la taxe d’entrée aux calendes grecques constitue une double erreur de diagnostic.
La première erreur : une fois convertie en euro, la taxe en question, dont la valeur est d’un seul dinar par nuitée (0,52 euro) devient insignifiante surtout que la durée moyenne de séjour d’un touriste en Tunisie est de 7 jours. Nul n’ignore également que la destination Tunisie se vend déjà à des prix très bas et qu’’il est aujourd’hui un secret de polichinelle que le budget alloué à la promotion de la destination est dérisoire. Ce budget est fixé à moins de 20 millions d’euros, soit à peine le prix de deux spots télévisés sur les chaines à forte audience.
A titre de comparaison, les budgets promotionnels déclarés officiellement de la Turquie, du Maroc et de l’Egypte dépassent largement les 150 millions euros.
La deuxième erreur provient du fait que cette taxe est appliquée en France depuis 1919 et au niveau de plus d’une douzaine d’autres destinations touristiques méditerranéennes depuis plusieurs décennies sans qu’elle ne débouche sur une régression du nombre de visiteurs.
Espérons en tous cas que la loi de finances 2012 instaure enfin cette taxe pour remédier au manque cruel de fonds destinés à la promotion du produit touristique national et contribuer à concrétiser les bonnes intentions qui se reflètent à travers l’étude stratégique sur le développement du tourisme tunisien à l’horizon 2016. Car sans une augmentation conséquente du budget promotionnel, toutes les idées novatrices proposées par les professionnels dans le cadre de cette étude resteront des rêveries…..