Le ministre tunisien de l'Intérieur Ali Laârayedh a annoncé mercredi la levée de l'interdiction de manifester sur l'emblématique avenue Habib Bourguiba, principale artère de Tunis, deux jours après des brutalités policières largement condamnées par l’opposition et la société civile. «L'avenue est rouverte à tous les Tunisiens, ceux qui veulent manifester, se promener ou travailler", a déclaré M. Larayedh à l'issue d'un Conseil des ministres qui a également décidé la création d'une «commission d'enquête indépendante» sur les incidents du 9 avril
date de la répression violente d’une manifestation qui commémorait le jour des martyrs. Cette commission devra également «faire la lumière sur les graves accusations ayant trait à la présence de milices aux côtés des policiers », a ajouté Samir Dilou, ministre des droits de l’Homme et de la justice transitionnelle. « Si cette affaire est vraie, c'est très grave. Si ce sont des accusations gratuites, c'est également problématique », a-t-il noté.
Des manifestants et des défenseurs des droits de l’Homme ont fait état de civils armés de gourdins qui ont prêté main forte aux policiers, accusations relayées par des responsables politiques d'opposition qui ont mis en cause des « milices d'Ennahda », le parti islamiste qui dirige le gouvernement.
Epicentre des protestations qui ont fait chuter le président Zine El Abidine Ben Ali, l’Avenue Habib Bourguiba était interdite aux rassemblements depuis le 28 mars. L’interdiction avait décidée par le ministère de l'Intérieur trois jours après des incidents lors d'une manifestation d'islamistes qui s'en étaient pris à des artistes. Le ministère avait argué de plaintes de commerçants et de propriétaires d'établissements touristiques.