Le tourisme de demain, sera responsable et durable ou ne sera pas. Comme chaque mois, Christian Orofino, président de la commission technique du Tourisme Responsable au SNAV, partage ses convictions dans une chronique consacrée au tourisme durable et responsable et à ses problématiques.
Car, pour qu’il soit durable, les paramètres à respecter sont plus prégnants que ceux du tourisme dit « classique ».
En effet, avant de valoriser un patrimoine environnemental, il faut en connaître son contenu et ses caractéristiques. Avant d’impliquer fortement les populations dans un projet touristique, il faut les responsabiliser et permettre leur formation à l’accueil.
Ces deux conditions essentielles à un tourisme authentique, accepté et durable, demandent une volonté et des méthodes plus subtiles que la mise en place d’un business plan et la recherche d’investisseurs pour un projet de coulage de béton sur un littoral.
Cette démarche responsable, Madagascar l’a déjà entreprise depuis plusieurs années et commence à récolter aujourd’hui les fruits de son engagement.
Plus que des discours, ce sont de véritables productions touristiques qui sont actuellement sur le marché : des exemples qui illustrent bien cette volonté d’installer un autre tourisme.
Dans cette région située au sud de Tana dont la capitale est Antsirabe, les autorités politiques ont signé il y a quelques années un accord de coopération avec la région Auvergne.
Les atouts de cette région sont le Thermalisme et un riche patrimoine naturel et culturel.
Ces accueils sont organisés dans chaque village par des équipes composées d’agriculteurs, d’artisans, tous habitant obligatoirement ces villages.
Ces équipes se chargent de l’hébergement, de la restauration et des activités autour du thermalisme, de la randonnée ou de stages chez des artisans ou des agriculteurs.
Chaque village a construit sa structure d’hébergement confortable d’une capacité maximum de 12 personnes.
Cette production touristique a généré dans 4 villages l’accueil de 350 touristes.
Les retombées économiques et sociales sont importantes, puisque cette activité a permis de dégager l’équivalent de 80 Smic locaux, de permettre des formations, d’impliquer les villageois dans des démarches qualitatives permanentes et d’autofinancer des projets locaux.
Cette appropriation du développement touristique par la population, si elle est un facteur de progrès et de cohésion sociale, est aussi une garantie de réussite d’un séjour pour nos clients.
En effet, en plus de vivre une expérience magnifique dans des conditions de confort et d’hygiène adaptées à la demande actuelle des voyageurs, les relations proches des touristes avec les femmes et les hommes épanouis, grâce à la maîtrise de leur projet, sont telles qu’ils en deviennent amis.
D’autres initiatives, toutes générées par des acteurs malgaches à travers des organismes comme Blue Ventures ou Fanamby qui signifie en Malgache « défi » ont vu le jour il y a quelques années déjà .
Cette organisation a construit un écolodge de charme de 10 bungalows spacieux, avec salles de bains privées, toits de chaume, terrasses avec vue paradisiaque dominant rizière et forêts naturelles.
Cette région possède une biodiversité unique composée entre autres de 9 espèces différentes de lémuriens.
Au cours des séjours, les voyageurs encadrés par des guides –chauffeurs francophones, découvrent rizières, forêts naturelles, villages fortifiés, des tombeaux, des légendes…bref un patrimoine naturel et culturel magique et qui marque, pour la vie, un voyage.
Forte de son succès, trois autres « camplodges » de charme et confortable sont été construits : le « Saha forest camp », « le camp amoureux » et « le camp Tattersalli ».
Les séjours proposés répondent tous à une chartre nommée « Friendly Camp » qui a été créée pour promouvoir le tourisme durable mis en œuvre par Fanamby et qui relève le défi d’un aménagement concerté des espaces terrestres et marins au service des populations et des voyageurs.
Car là aussi, dans ces productions touristiques, l’implication des populations locales est primordiale, elles sont mobilisées autour des projets, elles bénéficient des emplois créés et des formations en amont dispensées par Fanamby.
Cette démarche responsable est portée par un peuple et ses représentants, surtout au travers de l’ONTM (l’Office National du Tourisme Malgache). Son nouveau patron (Eric Koller) a créé au sein de son organisation une commission Tourisme responsable qu’il a eu l’intelligence d’ouvrir à des acteurs provenant du marché français.
Ceci afin d’établir une belle et bonne équation entre l’offre et la demande dans cette gamme de production. Si nous exhortons les producteurs et les distributeurs français à relancer notre activité par des productions de tourisme authentiques et originales que représente le tourisme durable, il faut aussi pouvoir disposer d’une offre correspondante, et en cela Madagascar, « pays cousin », est une terre promise du tourisme français.
Président de TOURCONSEIL
Ex PDG et DG du TO VISIT FRANCE
Président de la commission Tourisme responsable du SNAV
source: TourMag