Plusieurs milliers de personnes, en majorité des femmes, ont manifesté jeudi devant l’assemblée constituante à Tunis pour défendre leurs acquis et les valeurs de la République à l’occasion de la journée internationale de la femme. Réunis à l’appel de nombreuses associations féministes et autres composantes de la société civile, les manifestants voulaient aussi mettre en garde contre tout retour en arrière concernant le statut de la femme tunisienne, qui est l’un des avancés dans le monde arabo-musulman. « Touche pas à mon code! (le code du statut personnel, ndlr) », « La Tunisienne, phare de la révolution, refuse la soumission », pouvait-on lire sur des banderoles brandies dans la foule.
Promulgué au lendemain de l'indépendance de la Tunisie en 1956 par l'ancien président Habib Bourguiba, le Code du statut personnel (CSP) a aboli la polygamie et accorde l'égalité entre l'homme et la femme dans divers domaines, notamment dans l'enseignement, le travail et le vote.
Aujourd’hui, les femmes tunisiennes estiment qu’elles doivent rester éveillées et vigilantes .I La référence à la Charia que les islamistes d’Ennahdha (41% des sièges à l’ l’Assemblée Constituante) souhaitent inscrire dans la future Constitution du pays aux côtés des hautes valeurs humanistes suscite particulièrement leurs inquiétudes.
De nombreux manifestants s'étaient aussi drapés dans le drapeau tunisien pour exprimer leur émotion après un incident survenu la veille à la faculté des Lettres de la Manouba, où un groupe d'islamistes radicaux a abaissé le symbole national pour hisser à la place le drapeau noir des salafistes.
Les autorités ont condamné l'incident, mais le ministre de l'Enseignement supérieur Moncef Ben Salem, tout en jugeant le geste inacceptable, a renvoyé dos à dos les salafistes et l'administration de l'université.