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(Kairouan – Kasserine – Sidi Bouzid)

 

Région totalement enclavée, elle s’étend sur 22.372 km² pour une population de 1,37 millions d’habitants (13,5 % du total national). A l’ouest, la région partage 127 km de frontières avec l’Algérie au niveau du gouvernorat de Kasserine.  Frange sud du Haut Tell avec le Chaambi, point culminant de Tunisie à une altitude de 1.544 mètres,  steppes et hauts plateaux constituent la plus grande part de cette région.

 

Kairouan est la plus ancienne et principale ville de cet ensemble. C’est la capitale de l’Islam maghrébin et sa médina est un véritable musée à ciel ouvert. Les autres chefs-lieux et localités de cette région jadis vouée au nomadisme et au pastoralisme sont des créations coloniales, des stations sur la ligne du chemin de fer qui servait à l’évacuation sur la côte des produits du sous sol (minerais dives, phosphates, marbre etc.) ainsi que l’alfa pour la fabrication de divers articles d’artisanat utilitaire et pour l’extraction de la cellulose. La localité de Thélepte (au sud de Kasserine) offre un exemple type de ce genre de points de peuplement qui s’est développé autour d’une telle station avec  sa gare, ses habitations pour le personnel, son quartier résidentiel, etc.

 

Grâce à de grands travaux hydrauliques, l’agriculture a gagné de très grandes étendues sur la steppe, surtout l’arboriculture et les maraîchages qui font d’une grande partie du Kairouanais, d’une frange du gouvernorat de Kasserine à hauteur de Sbiba  et de la totalité de celui de Sidi Bouzid de véritables vergers de la Tunisie. Des cours d’eau, de grands barrages (ceux d’El Houareb et de Sidi Saad) ainsi que des forages profonds ont concouru à cette prospérité.

L’industrie, par contre, est très embryonnaire. Elle se limite au tissus implanté autour de la ville de Kairouan (conditionnement et transformation de produits agricoles, ateliers de tissage, usine de fabrication de certains articles utilitaires), ainsi qu’à des carrières de pierre (du côté d’El Houareb, dans le kairouanais), de marbre à Thala (gouvernorat de Kasserine) et à l’usine de cellulose et de fabrication de papier implantée dans la ville de Kasserine depuis le milieu des années soixante.

 

Un riche potentiel

 

Cette vaste région qu’enserrent au nord le relief tellien et au sud un bras de l’Atlas saharien (jebels Bouhedma et Orbata) se distingue par la variété de ses paysages et de ses écosystèmes. Afin d’en préserver le patrimoine végétal et faunique, l’Etat y a aménagé de nombreuses réserves naturelles et  deux des principaux parcs nationaux du pays, celui de Bouhedma (créé par décret dès 1860 !) et celui du Chaambi (créé en 1988). Le premier (16440 ha) abrite une population animale indigène ou réintroduite dans ce site ces dernières années après leur disparition depuis plusieurs décennies, telles les gazelles dorcas, l’addax, l’oryx, l’autruche, etc. Surtout, le parc abrite les derniers spécimens de l’acacia tortilis, encore appelé gommier, arbre caractéristique d’une savane aujourd’hui disparue d’Afrique du Nord et que l’on ne retrouve plus qu’en Afrique subsaharienne. Le Chaambi occupe les 6.723 ha qui coiffent le sommet du relief et accueille toute une population (mouflon à manchettes, gazelle des montagnes, oiseaux de proies, etc.) qui était menacée de disparition.

 

Autres richesses de cette région qui témoignent de leur grande prospérité dans l’Antiquité : les vestiges des civilisations antiques. Les plus réputés sont ceux de Suffetula contiguës à l’actuelle localité de Sbeitla. Ils ont été érigés en parc archéologique et dotés de toutes les commodités pour accueillir les visiteurs (musée, cafés, restaurants, points de ventes, etc.). Autre site majeur : Ammaedara (aujourd’hui Haïdra, dans le gouvernorat de Kasserine). Monuments imposants remontant à toutes les ères, jusqu’à la période ottomane et même coloniale.

 

En dépit de tous ces atouts et de quelques autres telles les traditions équestres de ces populations issues des grandes tribus de l’Ouest, Fréchichs, Majers, Jlass  ou le patrimoine musical de la région de Mazzouna (à l’est de Sidi Bouzid), la région ne parvient pas à occuper le place qu’elle mérite sur le marché touristique, exception faite, évidemment, de la ville de Kairouan qui confirme ce statut par la multiplication des réalisations (circuit de la médina, centre d’interprétation du patrimoine, éclairage nocturne des principaux monuments, etc.). Les zerdas ou quelques uns de leurs ersatz baptisés « festivals » continuent un peu partout et bon gré mal gré à entretenir certaines traditions festives et spirituelles, comme le festival de l’Equitation de Meknassi (gouvernorat de Sidi Bouzid) qui demeure le premier rendez-vous de cet art sportif en Tunisie, pourraient constituer autant d’attractions pour drainer un public national autant qu’étranger mais l’absence d’infrastructures et de traditions touristiques dans la région constituent un frein à une telle évolution.

 

Ce retard est à imputer à l’inadéquation d’un modèle de développement touristique essentiellement basé sur le produit balnéaire. La nouvelle stratégie sur le point d’être mise en œuvre changera fondamentalement la donne pour cette région par le développement des segments culturel et écologique et la promotion d’un nouveau type d’entrepreneuriat touristique adapté aux réalités du terrain.

 

 

 

 

 

 

Tahar Ayechi
Tahar Ayechi
Editor

Après une licence en sociologie obtenue à la Sorbonne, Tahar Ayachi a choisi de se consacrer au patrimoine tunisien afin de contribuer à sa sauvegarde, à sa mise en valeur et à son "recyclage" dans la vie économique et sociale à travers le journalisme (dans le quotidien La Presse de Tunisie, à la radio et à la télévision) et la vie associative (fondateur du Club des Vadrouilleurs).

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