AUTO-PORTRAIT : Mohamed Belajouza se raconte | Tourismag.com
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AUTO-PORTRAIT - Mohamed Belajouza se raconte

Tourismag inaugure aujourd’hui une série de portraits de certains personnages du paysage touristiques tunisien. Il s’agit moins de raconter leur réussite professionnelle dans le secteur que de révéler leur face souvent cachée faite de passions, de convictions, de défauts plus ou moins cachés et de qualités insoupçonnables. Pour ’brosser’ les portraits, on a préféré  garder la spontanéité des questions et des réponses et même les rires et les silences lourds de sens.

Tourismag a contacté en premier le Président de la FTH, Mohamed Belajouza qui ces derniers temps défraie la chronique en disant certaines vérités sur les maux qui rongent le secteur en général et  l’offre hôtelière tunisienne en particulier. Contre toute attente, sa réponse a été immédiate et chaleureuse. Rendez vous fut donc pris pour le lendemain 27 décembre 2010 à 15h, chez lui, dans une maison située au cœur historique de Carthage, sur les quais du Port Punique.

Cette interview est publiée en différé pour les raisons que vous pouvez deviner. Priorité à la Révolution!

Son cadre de vie intime

Une maison fondue dans le paysage et  qui se fait volontairement discrète pour ne pas agresser le plan d’eau trimillénaire des ports puniques. Sa façade discrète et immaculée bordant les quais arrive à peine à se refléter sur le miroir liquide de l’Ile de l’Amirauté.

Probablement pour ne pas déranger les esprits de ces lieux tellement chargés d’histoire qu’il suffit de fermer les yeux pour ‘voir’ Hannibal en tenue d’apparat et imaginer la ronde des flâneurs, des commerçants, des marins, des soldats, des explorateurs, des prostituées et autres habitants cosmopolites de la prestigieuse cité punique qui a osé défier Rome.

Première bonne impression sur notre hôte. D’autres hôteliers que lui n’auraient pas hésité à faire fi des normes de construction et des règlements d’urbanisme pour bétonner à tout va et ériger une demeure qui aurait pué le mauvais goût et l’argent facile.

L’intérieur de la maison respire un confort de bon aloi. Tout en transparence, le séjour donne sur une piscine lilliputienne et une terrasse  surélevée qui vous fait découvrir la belle géométrie du port et de son ile dite de l’amirauté  et embrasser d’un simple regard la ligne de crête du Boukornine.

Le blanc des fauteuils et des murs domine et met en valeur  une extraordinaire collection de verreries d’art et de tableaux de peinture.

Sans effort particulier, nous touchons à la passion et au jardin secret de Mohamed Belajouza.

Pour nous mettre à l’aise, Madame Belajouza vient nous saluer et nous proposer un excellent thé de bienvenue .Par discrétion peut être, elle n’assistera pas à l’interview.

 Sa ou ses passions

Ma deuxième passion c’est mes collections de verreries anciennes et de peinture."

 

TourisMag : Si Mohamed, merci de nous accueillir chez vous et d’accepter de vous soumettre à nos questions

Mohamed Belajouza : 

Je trouve l’esprit de l’interview et votre démarche intimiste originale et pour cette raison, j’ai préféré vous accueillir chez moi plutôt que dans mes bureaux. Si j’ai bien compris, vous voulez découvrir les vices cachés des interviewés ?

TMG : Non, non, pas du tout. Loin de nous cette intention. Ce qui a déclenché l’envie de faire ces portraits c’est quand on a découvert votre extraordinaire collection de peinture lors d’une visite à vos bureaux des Berges du Lac. Cela nous a donné envie de découvrir le Belajouza inconnu. D’autres personnages du tourisme tunisien ont d’ailleurs des hobbies divers comme l’aviation et le pilotage, le sport, le théâtre, l’agriculture, les chevaux...etc.

 

Fragile et translucide comme un verre de cristal

TMG: Au delà de votre réussite professionnelle dans le tourisme et ailleurs quelle est votre passion ? On pense que c’est la peinture. Mais peut être que vous en avez d’autres ?

Je ne vais pas vous surprendre en vous disant que ma passion première c’est mes enfants et mes six petits enfants. La dernière est ma petite fille adorable que j’ai eu la chance de garder en baby-sitter averti pendant les quatre derniers jours. Ses parents me l’ont enlevée hier soir. Elle est entourée de toute notre attention car c’est la première fille venue au monde après une série de 5 garçons.

Ma deuxième passion c’est mes collections de verreries anciennes et de peinture.

Le verre m’a toujours fasciné. Il s’agit de pièces du 19è siècle, une production bien particulière de la Turquie. Je l’ai exposée de manière ce qu’elle soit visible et que je puisse l’admirer où que je me place au salon ou quand je suis à table pendant les repas.

Mes acquisitions de pièces de verreries ont débuté il y a 35 ans lors de mes voyages à l’étranger.

TMG: Votre goût pour le verre, est-ce à cause de sa fragilité ou de sa transparence ?

 (Après un petit silence de réflexion introspective)

Les deux. Oui, les deux. Fragilité et transparence et la maitrise de l’art par l’homme, le maitre verrier.

TMG: Peut-on en conclure qu’à l’image du verre, vous êtes fragile et transparent ? En général, il existe des affinités entre ce qu’on est et ce qu’on aime.

C’est vrai, je l’avoue, je suis fragile.

 

 

Mes collections me suivent partout dans la maison .
Là où je me trouve, j’ai le loisir d’admirer mes verreries et mes tableaux"

 

TMG : Revenons à  votre collection.

MB. : Ma collection comporte des pièces très anciennes  pour arriver jusqu’au 19è siècle avec des chefs d’œuvre qui ont été produits pour l’empire ottoman. Elle comprend également des pièces de Bohême destinées aux califes ottomans. J’ai glané ces pièces un peu partout, au cours de mes voyages en fréquentant les salles de ventes : Drouot, Christie’s, Sothebies. J’ai la chance de connaître des commissaires priseurs qui me tiennent au courant et m’envoient les catalogues de vente. Des fois, je me déplace moi-même, des fois je me fais représenter par d’autres.

Chaque acquisition pour moi a une histoire, remue en moi des souvenirs et me fait voyager assis dans mon fauteuil.Je dois avoir maintenant 300 pièces. C’est une collection jugée assez rare par les professionnels et les connaisseurs .Elle constitue l’une de mes fiertés. Bien sûr, elle a de la valeur mais sa valeur pour moi est d’abord et avant tout sentimentale.

 

De Ammar Farhat à Modigliani

TMG: Parlons maintenant de votre passion pour la peinture

MB. : Oui comme vous voyez, à coté de ma collection de verreries, j’aime bien être entouré par ma collection de tableaux dont ce tableau de Ammar Farhat qui représente son coté ‘mystique’ et qui reproduit  des scènes de vie traditionnelle témoignant de nos traditions, de nos habitudes, de nos coutumes, bref de notre patrimoine. Près de la salle à manger, vous voyez des natures mortes appétissantes qui aiguisent l’appétit et ce tableau de Ammar Farhat que j’aime particulièrement et qui s’intitule ‘Jaretna’, notre voisine, ainsi que ce portrait d’un Beldi pur jus, si je puis dire. Je ne suis pas un Beldi de Tunis car je suis originaire de Sousse.

D’ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être de la Médina de Tunis pour être un Beldi. Beldi veut dire citadin et Sousse avec ses remparts et son urbanisme médiéval représente l’archétype d’une médina traditionnelle.

Ce tableau qui reproduit une figure de Beldi me rappelle le mufti de Sousse qui était notre voisin et dont je garde le souvenir d’un patriarche engoncé dans son burnous marchant dans une rue où les femmes en Sefsari immaculé contrastent avec les couleurs ocres de sa tenue et ajoutent à la blancheur des murs éclaboussés par le soleil d’Aoussou.

Est-ce que cela veut dire que je me sens mieux dans ce contexte nostalgique que dans le temps présent ? je ne sais pas.

 

   

 

TMG: Quelle a été votre première acquisition en terme de verreries et de peinture? et à quel âge l’avez vous effectuée ?

MB. : Ça, je le sais. La première pièce de verrerie était celle là.

(Il se lève, nous lui emboitons le pas).

Il s’agit d’une paire de lance-parfums d’origine turque et de couleur bleue que j’ai acquise entre 1963 et 1964 de chez Frej de la Rue Zarkoun. Ce sont des objets d’autant plus passionnants et précieux qu’ils ne servent à rien.

Ils sont là pour leur beauté intrinsèque.

Avant, je n’avais pas la moindre pièce de verrerie. Avoir une paire identique de lance-parfums, c’est assez rare. Là, vous voyez une belle série d’opaline. Et ce service de verres par exemple n’a jamais servi à boire 

Là en face, vous avez le portrait d’un cheikh ou d’un notaire de Zoubeir Turki.

     

 

TMG:  Et votre premier tableau acquis ?

MB. : Mon premier tableau était une miniature de Ben Abdallah.

(Entre une amie de la famille à qui il explique le motif de notre présence. Il en profite pour demander à sa femme si la miniature de Ben Abdallah était bien le premier tableau acquis. Ce qu’elle confirme en avançant la date de 1960.)

Vous souvenez-vous de la galerie ARS sous les arcades du centre ville. On allait au Restau-U et on passait à chaque fois devant sa vitrine qui exposait des tableaux et des miniatures.

Le tableau coûtait 20 dinars à l’époque. Aujourd’hui, je dois avoir une centaine de tableaux.

 

TMG:  Et pour faire le parallèle avec votre petite fille, vous avez dit qu’elle était votre préférée parce qu’elle était la dernière. Est-ce qu’il en va de même pour vos dernières acquisitions .Les dernières en date sont-elles  celles que vous préférez ?

(Riant de bon cœur)

C’est une question de coup de cœur

MB. : Non. Non. Mon attachement n’a rien à voir avec la date d’acquisition. C’est une question de coup de cœur. Regardez par exemple ce coffre tout bleu en verre avec ses motifs si délicats, c’est le dernier que j’ai acquis et il  m’a couté une petite fortune. Il est en verre soufflé de Bohême gravé et taillé. Il comporte trois couches stratifiées: une transparente, une blanche et une bleue. Il date du 19è siècle. A l’intérieur de chaque pièce acquise vous trouverez des pages de catalogues de ventes ou des fiches indiquant l’historique de sa fabrication et le lieu et le prix de son acquisition. Comme cette fiole à parfum que j’ai achetée à la Mecque et qui sent encore les fragrances d’origine.

Je crois que toutes ces indications sont utiles pour ceux qui les apprécieront après moi.

 

  

TMG:  D’où vous est venue cette passion ? Est-ce une tradition familiale ?

MB.: Pas du tout. Bon ! Comme tout le monde, on avait chez mes parents  2 ou 3 pièces plus ou moins réussies  sur une étagère ou au dessus d’un buffet mais on ne pouvait pas parler de collection.

C’est venu tout seul. C’est le fruit d’une fascination pour les belles choses.

 

TMG: Les collectionneurs sont nombreux. Il y a ceux qui collectionnent l’hétéroclite et qui se laissent guider par l’accumulation quantitative et ceux qui ont une idée directrice comme vous par exemple qui avez 2 axes très clairs: le verre et la peinture. Je crois que vous ne vous êtes pas éparpillé.

MB. : Non. En fait j’ai voulu ne pas trop disperser mes goûts et mes moyens.

Mes collections me suivent partout dans la maison. Là où je me trouve, j’ai le loisir d’admirer mes verreries et mes tableaux. Dans mes bureaux, j’ai des tableaux et pas de verreries.

A vrai dire, je ne suis pas assez riche pour acheter tout ça pour moi. Toutes ces acquisitions ont été réalisées avec l’argent des sociétés que je dirige. C’est en quelque sorte un petit trésor de guerre, ne sachant pas trop comment les choses peuvent tourner. C’est en même temps des articles qui procurent plus de joie quand on les regarde qu’un relevé de banques, même bien garni.

C’est vrai que ces collections ne sont pas livrées à la vue  et à la curiosité d’un large public. Il n’y a pas plus grand égoïste qu’un collectionneur qui soustrait ce qu’il achète de la vue des autres pour en faire un objet de consommation privée.

 

TMG:  Mais on peut dire aussi qu’en achetant des objets d’art, vous les mettez à l’abri d’une déprédation et d’une destruction possibles.

C’est la consolation qu’on se donne pour avoir bonne conscience. D’ailleurs, on m’a conseillé d’éditer un livre sur mes collections à l’instar de Mohamed Lamouri.

TMG:  Contrairement à vous, Mohamed Lamouri en a décoré ses hôtels pour en faire profiter les visiteurs . Il a créé, en quelque sorte, une galerie permanente pour exposer ses collections de peintures.

MB. : Moi aussi, j’en ai mis  dans mes hôtels mais on me les a lacérés. Depuis, je ne mets  que des reproductions. Les rares originaux exposés dans les halls de réception de mes hôtels sont protégés par des panneaux en plexiglas.

TMG:  Sans aller jusqu’à éditer un livre d’art ,ce qui est nécessairement réducteur du plaisir esthétique qu’on peut tirer des tableaux, il est possible  de les partager en organisant des expositions dans des galeries ou des musées pour des périodes déterminées . Ces expositions porteraient votre griffe en tant que collectionneur.

Oui, pourquoi pas . Je le ferai avec plaisir. Encore faut-il qu’on soit sollicité.

 

Quand on est collectionneur, on est à la recherche du rare et de l’insolite. Comme par exemple ce tableau de Jalel Ben Abdallah 
qui représente un fabricant de cages de Sidi Bou Said. Il a une particularité. Quand on regarde la signature on lit : "Ben Abdallah pour Ali".

 

TMG:  Dans ce cas, je vous souffle une piste ? la première exposition pourrait avoir lieu dans le cadre de l’inauguration de la future Maison de la Culture de l’Avenue Mohamed 5.On ne pourra pas rêver d’un espace plus prestigieux pour vos collections.

MB. : Ça serait un grand honneur  pour moi puisque j’aurai l’occasion de les exposer au grand jour et d’en faire profiter le plus grand nombre de visiteurs. De plus ça flattera le collectionneur que j’essaie d’être. Toutefois, si je dois y consentir, je serai très exigeant en matière de responsabilité et d’assurances.

TMG: Parmi les créateurs et artistes modernes, qui a retenu votre attention ? Ce que nous voyons là sont presque tous de l’Ecole de Tunis.

Actuellement, j’aime beaucoup ce que fait N’ja Mahdaoui à telle enseigne que je lui ai commandé des créations pour mes hôtels à Jerba et à Port el Kantaoui. J’aime sa façon de faire parler le signe graphique de l’alphabet arabe. Quant aux jeunes artistes, je dois  vous avouer que je ne les connais pas trop.

TMG: Et au niveau international, quel est le peintre qui vous plaît, qui retient le plus votre attention et dont vous auriez aimé posséder une œuvre?

Sans conteste, Modigliani. J’aurai aimé posséder un portrait de Modigliani.

TMG: Pourquoi cette préférence ?

Je n’ai pas encore maitrisé les codes nécessaire pour apprécier les cubistes, en particulier et l’abstraction en général.  J’aime beaucoup Hédi Turki dans sa période bouquets et fleurs mais je n’ai pas pu le suivre quand il s’est attaqué à l’abstraction. ça ne me parle pas.

(L’oreille en coin - Des Mouwachahats à Georges Brassens)

TMG:  Passons à un autre registre maintenant. Quels sont vos goûts musicaux ? Est-ce que la musique fait partie de votre univers ?

Sans conteste, J’aime le Malouf et les Mouachahats Al Andalouçia.

TMG: Est-ce à rapprocher au classicisme de vos goûts en matière de peinture ? Ou est-ce l’expression d’une forme de nostalgie ?

J’ai baigné dans le malouf depuis ma plus tendre enfance.

MB. : On avait une maison de campagne à Sidi Abdelhamid en direction de Sahline et on y allait avec mon père, mon oncle et nos voisins dont Hachmi  Zinelabidine, père de l’actuel musicologue Mohamed Zinelabidine. Trois membres de la famille Belajouza et trois autres de la famille Zinelabidine formaient un orchestre pour chanter des Mouachahats tous les soirs d’été. Le malouf a été, en quelque sorte, le lait de mon enfance. 

Après, j’ai évolué comme tout le monde pour connaître Abdelwahab, Oum Kalthoum, Sabah Fakhri que j’apprécie particulièrement.

Parmi les chanteurs français, je place George Brassens en tête dont j’écoute les chansons chez moi, en voiture …

Bien sur, j’aime bien Jacques Brel, Juliette Gréco. J’aime quand il y a une bonne musique à écouter et un bon texte à comprendre. Hier, en rentrant de l’aéroport, j’ai fait écouter à mon petit fils un disque de Serge Reggiani. Il n’en a jamais entendu parler parce qu’il est plus connu en tant qu’acteur qu’en tant que chanteur. Lui aussi, Serge Reggiani, pas mon petit fils (rire), peut être classé parmi les plus grands.

 

Transmission de passions

TMG: Avez-vous réussi à transmettre vos passions à vos enfants ou au moins la passion de se passionner ?

MB. : La peinture est passée. La verrerie, non. Ils la regardent, juste pour faire plaisir à Papa. Mon fils Mourad cultive beaucoup d’amitié avec les peintres dont Mguedmini dont il possède une douzaine d’œuvres. Ma fille Rym est plutôt classique avec une préférence pour l’Ecole de Tunis. Elle aime bien aussi Aicha Filali.

TMG: Quelle est la part de votre épouse dans l’entretien de cette passion ?

 (Après un silence et une moue de réflexion)

MB. : En vérité, elle aurait pu freiner mes élans en dénonçant le coût élevé de mes acquisitions.

Mais elle aime quand j’apporte une œuvre à la maison.

Par contre, elle n’a jamais acheté une pièce prétextant le fait que ça pourrait ne pas me plaire. Elle ne m’a jamais encouragé mais elle ne m’a jamais freiné. Elle me rappelle cependant avec son sens de l’humour qu’on ne peut pas avoir plus de tableaux que de murs et qu’il faut éviter le trop plein.

TMG: Quand vous achetez une verrerie ou un tableau, est-ce que vous vous demandez s’ils vont lui plaire ou si elle va les adopter ?

MB. : Que ça lui plaise, oui. Mais son souci c’est de leur trouver suffisamment d’espace pour les exposer.

Quand on est collectionneur, on est à la recherche du rare et de l’insolite. Comme par exemple ce tableau de Jalel Ben Abdallah qui représente un fabricant de cages de Sidi Bou Said. Il a une particularité. Quand on regarde la signature on lit : "Ben Abdallah pour Ali".

 

TMG: S’agirait-il d’une dédicace à Aly Ben Salem ?

MB. : Non ! Ali Bellagha. Il l’a fait donc pour Ali Bellagha. Le jour où Jalel a découvert ce tableau chez un encadreur, il a voulu le récupérer à n’importe quel prix.

Venez voir ma galerie de femmes, mes femmes. Ce sont des portraits de femmes du même Ben Abdallah qui a tendance à enjoliver ses sujets et ce tableau est de Yahia. Il représente une scène de maison close. Je l’ai mis à coté d’un tableau de Roubtzof représentant un portrait de Habiba M’sika.

 


un tableau de Roubtzof représentant un portrait de Habiba M’sika.

TMG: Parmi vos verreries, on ne voit pas d’œuvres de Sadika, la prêtresse du verre soufflé en Tunisie?

MB. : J’apprécie ses efforts mais ce qu’elle produit  ne passera pas à la postérité comme les petites fioles de nos ancêtres carthaginois ou romains.

Arabe et méditerraneen et fier de l’être 

Si j’avais vécu dans l’antiquité, je me serai plu carthaginois

TMG: Justement, à propos d’ancêtres, si vous deviez décomposer vos origines, le Mohamed Belajouza d’aujourd’hui aurait qui comme ancêtres ? Quelle est la mosaïque qui vous a composé ? Vous pensez être le résultat de quoi ? De qui ?

MB. : Je suis d’abord d’origine arabe de la péninsule arabique du coté de ma famille maternelle les Hedda dont le nom fait référence à l’ile de Hedda. Côté paternel, les Belajouza ont toujours été soussiens. J’ai un papier officiel de 1884 qui indique que El Haj Mohamed Belajouza a été le premier maire de Sousse. Côté Grand mère  qui est une Sakka , il y aurait du sang turc. Sakka correspondait à un grade d’un corps de l’armée turque chargé de la distribution d’eau.

Dans ma famille, il y aurait même une composante andalouse.

TMG: Il y a des tunisiens qui ne font pas remonter leur origine au delà de l’invasion arabe, d’autres admettent des apports tels que berbères, phéniciens, carthaginois, romains. Pouvez vous admettre de vous définir comme étant le résultat de tout ça ?

MB. : Non, je ne prétends pas à l’arabité ou à une ascendance arabe pure et dure. J’exclue toutefois l’élément berbère.

Bref, je revendique fortement ma méditerraneité avec toutes ses composantes. Si j’avais vécu dans l’antiquité, je me serai plu carthaginois. Pas parce que je vis, ici, à Carthage mais à cause de son illustre passé.

 

 

Entretien conduit par Donia Hamouda et Feu Wahid Brahim en décembre 2010. Publié en différé pour les raisons que vous pouvez deviner. Priorité à la Révolution!

 

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Wahid Ibrahim
Wahid Ibrahim
Editor

Wahid Ibrahim, un philosophe de la vie, respecté, écouté et sollicité par la grande famille du tourisme. Il était l'ancien directeur général de l'Office National du Tourisme Tunisien (1972-2005) et expert en tourisme. Il a fondé l’Association de Développement Touristique d’El Haouaria. Il est aussi l'auteur du livre "Tourisme tunisien: "Jeu de mots, jeu de maux". Date de décès : 3 juillet 2019, à l’âge de 74 ans. Paix à son âme

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