Une session spéciale tenue récemment au Clos des Lilas, sur le boulevard Montparnasse avec MM. Aziz Milad et Henri Giscard d’Estaing en tête d’affiche du premier rendez-vous de la rentrée des « Petits déjeuners de la Méditerranée », organisés chaque mois par l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED). Plus de 60 personnalités  ont débattu,  à cette occasion, d’un thème d’actualité : le renouvellement du tourisme au Sud de la Méditerranée. Au grand bonheur de Radhi Meddeb et  Jean-Louis Guigou, respectivement président  et déléguée général de l’Institut.Â
Avec la perspicacité qu’on lui connaît et toute son expérience, M. Miled a rappelé les principaux enjeux pour les pays du Sud et souligné les faits marquants de l’évolution récente du secteur. Trois grands enjeux se présentent, à savoir une forte contribution à l’investissement et à la création d’emplois, une composante importante de la balance des paiements et des effets sur les autres secteurs (construction, restauration, loisirs, commerce).Â
M. Aziz Milad a souligné l’impression d’isolement ressentie par les entrepreneurs touristiques de la rive sud, qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour s’engager seuls dans les grandes transformations du tourisme dans. Pour surmonter ce problème, il est nécessaire selon lui, de renforcer la coopération entre les entreprises du Nord et du Sud, tant sur le plan de l’investissement que sur celui de la stratégie. Il propose notamment la tenue d’Assises du tourisme euro-méditerranéen afin, dit-il,  que «l’ensemble les acteurs du Nord et du Sud de la Méditerranée élaborent un diagnostic commun et construisent une vision prospective partagée équilibrée et solidaire ».
Pour une répartition des risques plus équilibrée
Les dernières années ont été notamment marquées par une quête de la diversification (au Maroc, la promotion de nouvelles zones pour le tourisme balnéaire s’adressant à un large public, et en Tunisie, la promotion du tourisme à haute valeur ajoutée: thalassothérapie, golf, ports de plaisance), le rôle accru des compagnies aériennes  (low-cost, ouverture du ciel, etc.) et  prépondérance des tour-opérateurs qui demeurent les market-maker.
Deux grandes idées ont été  proposées dans le cadre de ce  débat. D’abord, une répartition des risques plus équilibrée : les acteurs du Nord doivent davantage s’impliquer dans le financement de l’immobilier comme ceux du Sud et avoir davantage accès au réseau de vente. Ensuite, une meilleure coordination pour la protection des prix et la répartition de la valeur ajoutée afin de préserver le produit et lui assurer la pérennité.
Après avoir rappelé que le Club Méd a vu le jour et s’est développé sur les rivages de la Méditerranée, M. Giscard d’Estaing a mis l’accent sur la manière dont son groupe innove et s’adapte aux mutations du secteur touristique dans cette région. Selon lui, les évolutions démographiques, sociales et climatiques de la Méditerranée obligent le « Club » à réinventer le tourisme, et plus particulièrement le tourisme sud-méditerranéen. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de tenir compte des principes de responsabilité sociale, environnementale et culturelle, qui supposent notamment une plus forte implication des partenaires économiques locaux. « Avec nos partenaires du Sud, nous devons construire une vision commune, pour obtenir un développement équilibré entre les deux rives de notre mer commune » déclare M. Giscard d’Estaing.  Et d’ajouter : «le club Méd porte dans son nom Méditerranée, ce qui confère au groupe une certaine responsabilité ».