Air Méditerrannée fait passer petit à petit ses appareils sous immatriculation grecque et emploie du personnel grec pour les faire tourner. Une délocalisation qui se fait au détriment du personnel français. Le Pdg assurerait que la base grecque est une question de survie pour l’entreprise.
La suppression des vols vers l’Afrique subsaharienne qui maintenait un volet d’activité important pendant la saison creuse, ajoutée aux difficultés liées au volcan islandais et au Printemps arabe ont mis la compagnie dans une situation peu confortable.
Pour la première fois de son histoire, elle a enregistré un premier exercice déficitaire il y a deux ans, puis un second l’année dernière. Ce ne sont pas les projets d'ouverture vers le Tchad qui sauveront la situation.
Antoine Ferreti, son président a donc cherché une solution de survie avec la création d’une entité grecque, Hermès.
A en croire les représentants syndicaux, cette entité leur a été présentée comme une filiale destinée à développer les vols en Grèce.
Et les appareils travaillent sur le sol français, notamment pour le compte d’Air Corsica et d’Air France.
« Le personnel est payé en Grèce, les avions sont grecs mais nous sommes dans la zone Schengen et nous ne pouvons rien faire », explique Denis Roumier, représentant du SNPL.
Sur les quelque 320 emplois en CDI, le plan de sauvegarde de l’emploi a pour objectif d’en supprimer un peu plus de 80, principalement des PNC et des pilotes.
Une partie du personnel souhaite partir mais Air Méditerranée ne fera pas l’économie de licenciements purs et durs.
"Notre entreprise, nos emplois, le transport aérien français, sont violemment menacés ! Avec la complicité des autorités, l’emploi à Air Méditerranée est délocalisé !
On nous arrache notre outil de production, notre PDG, profitant de la crise actuelle, méprisant ses salariés, leurs représentants et le dialogue social, vient de créer une filiale grecque avec des navigants soumis au droit social grec pour y délocaliser sauvagement la majeure partie de notre flotte (60 % des avions concernés à ce jour).
Ceci afin de profiter au mieux des bas salaires grecs, et de cotisations sociales inférieures dans le but de délocaliser ses bénéfices.
Cela en faisant faire à cette nouvelle société, Hermès, nos propres vols vacances du marché français au départ de Roissy Charles de Gaule comme de nos villes de province : Marseille, Lyon, Nantes, Toulouse, Le Havre, Brest, Lille, Limoges, Strasbourg, Mulhouse… etc.
Dans le même temps, notre société a lancé un « Plan social » afin de licencier 85 personnes, dont 83 navigants.
Cette situation concerne un bien plus grand nombre de salariés (200 personnes environ sur 450 emplois habituels) puisque des CDD français qui venaient habituellement renforcer nos effectifs de mars à octobre iront également pointer au chômage et seront remplacés par des salariés soumis au droit grec bien plus avantageux pour les employeurs.
Les conséquences sociales et économiques sont proprement scandaleuses : dumping social, délocalisation du marché français, coût du chômage, sabordage de la production française, pertes de cotisations sociales pour les régimes sociaux français…
Au train où vont les choses, nous nous attendons, si rien n’est fait, non seulement à la poursuite des plans de la délocalisation de 6 avions sur 10, mais au départ de toute notre flotte, à la disparition de notre entreprise, et pire encore à ce que la méthode se propage aux autres compagnies aériennes françaises qui ne sauront résister à ce dumping social.
Ces pratiques honteuses font les affaires d’un tout petit nombre et causent l’appauvrissement et le désarroi du plus grand nombre.
L’Europe doit-elle se construire en exploitant ses populations les plus fragilisées et en tirant vers le bas l’ensemble d’un secteur industriel et commercial, l’aviation ?
Nous ne le pensons pas et faisons appel à vous tous, en particulier à ceux d’entre vous qui sont en exercice ou aspirent à l’être afin de mettre un terme à cette situation scandaleuse et indigne de notre démocratie.
Devons-nous abandonner tout espoir d’exercer nos métiers en France, puis s’expatrier avec nos compétences en Asie ou en Grèce ?
C’est déjà une réalité pour beaucoup de nos collègues qui ont été victimes de dépôts de bilan, cela ne s’était pas encore produit suite à une délocalisation sauvage comme celle que nous connaissons aujourd’hui.
Notre compagnie qui a été bénéficiaire de très nombreuses années, connaît des difficultés depuis deux ans, nous déplorons qu’aucun plan sérieux d’économie organisationnelle, opérationnelle, ou concernant la gestion du carburant (40 % des coûts d’exploitation contre 10 % pour la masse salariale, dixit notre PDG) n’ait été instauré avant de penser au PSE, nous pensons que la création de la filiale grecque a précipité les pertes et affecté gravement la trésorerie, transformant des difficultés passagères en prétexte à tous les abus d’une « Direction-actionnaire-majoritaire » impulsive et approximative.
Il existe des solutions, nous les avons proposées à la Direction de la compagnie, mais aucune solution interne ne vaudra jamais les perspectives de gains financiers à court terme qu’espère notre Direction avec la délocalisation de son activité vers un pays à moindres coûts sociaux.
La partie est perdue pour tous les salariés travaillant en France si l’Europe se traduit par du dumping social.
NE LAISSEZ PAS NOS EMPLOIS DISPARAITRE, NE NOUS ABANDONNEZ PAS !"
source: TourMag