Claude Saulière est un personnage du monde du tourisme. Co-fondateur du désormais célèbre groupe Voyageurs du Monde, il se concentre aujourd’hui sur son pays passion : le Japon. Son agence Vivre le Japon, installée depuis toujours dans la rue Sainte-Anne (Paris 1er) propose notamment de louer des maisons traditionnelles pour s'immerger dans le quotidien des habitants. Un mode de séjour très original, pour découvrir sous un angle nouveau le Pays du Soleil Levant.
Claude Saulière : "J’ai crée en 1978 une entreprise qui s’appelait Carrefour des Voyages et qui se déclinait en quatre ou cinq entités : Inde, Japon, Mexique…
En 1986, j’ai pris le nom de Voyageurs car je pressentais déjà que le groupe Carrefour allait se lancer dans le tourisme.
En 1996, j’ai vendu l’entreprise à Jean-François Rial et Alain Capestan, sauf la marque Voyageurs au Japon. Ma femme, qui est japonaise, ainsi que le personnel, ne voulaient pas être vendus...
J’ai continué d'utiliser la marque Voyageurs au Japon pendant 15 ans jusqu’à l’année dernière, où elle a été récupérée par Voyageurs du Monde.
Contraint de changer de nom, je suis devenu Vivre le Japon. Au final, mon expérience dans le Pays du Soleil Levant remonte à plus de 40 ans."
TourMaG.com - Votre agence qui est située au 30 rue Sainte Anne juste à coté des locaux de Voyageurs du Monde ( 55 rue Sainte Anne) mais aussi de Destination Japon (11 rue Villedo). Vous n’avez pas peur de la concurrence ?
Claude Saulière : "J’ai toujours travaillé rue Sainte Anne, le quartier historique japonais. La présence d’autres points de vente ne me dérange pas au contraire.
Je pense même que toutes les agences de voyages devraient se regrouper dans un même quartier pour faciliter le travail de sélection au client. Un peu à la manière des restaurants ou des cinémas. "
Claude Saulière : "En 2011, nous avons fait partir 5800 voyageurs. Sans cet événement, nous en aurions eu 7500.
Depuis cet accident, certains clients qui envisageaient un séjour là bas se sont ravisés car ils ont trop peur du risque nucléaire, qu’on peine à évaluer précisément.
Pourtant, les voyageurs commencent à revenir. D’autant plus que le Japon est à la mode. Il suffit de regarder la queue devant certains restaurants de la rue Sainte-Anne."
TourMaG.com - Quelle est la particularité de vos séjours?
Claude Saulière : "Notre produit phare est la location de maison. Nous souhaitons que les voyageurs puissent être en contact avec la population locale, chose assez rare dans les séjours organisés.
C’est pour cela que je n’aime pas faire des sauts de puce. Je préfère rester plusieurs jours dans un lieu et rayonner dans les alentours.
A partir de Tokyo et Kyoto, vous pouvez très facilement prendre le train et découvrir le reste de la région. Et vivre le soir à la japonaise dans des maisons traditionnelles.
De plus, nous mettons à disposition des voyageurs des Travel Angel (anges gardiens), qui leur donneront les clés de la ville. Ils peuvent s’occuper des réservations, leur conseiller des lieux de visite, des restaurants. Une formule idéale pour combiner liberté de découverte et sécurité.
Ce type de séjour est bon marché pour les petits groupes, avec une maison pour quatre personnes pour environ 110 euros par jour, soit bien moins cher qu’un hôtel."
Claude Saulière : "Nous sommes cinq à Paris et tout le personnel parle Japonais. Au Japon nous avons trois personnes, car nous avons créé notre propre réceptif.
Nous prenons parfois des stagiaires, mais ils doivent parler la langue, donc ce sont rarement des jeunes qui font des études de tourisme."
TourMaG.com - Que pensez-vous des voyages sur-mesure ?
Claude Saulière : "Le voyage sur-mesure est d’une simplicité totale, il suffit d’assembler un transporteur, un réceptif et un guide. La profession manque d'inventivité.
La plupart des clients n’iront qu’une seule fois dans un pays lointain. Ils veulent donc voir les incontournables.
Conséquence, les réceptifs, qui gèrent des voyageurs de toutes les nationalités, proposent des offres standards qui plairont à tout le monde. Au final, on retrouve partout le même type de prestation.
En revanche, je trouve que les industriel du voyage ont un métier beaucoup plus compliqué. Ils prennent des engagements qu’il faudra par la suite honorer. J’ai fait cela il y a vingts ans sur le Thaïlande et le Mexique, c’était un peu le salaire de la peur !"
TourMaG.com - Quel regard portez-vous sur l’évolution du métier ?
Claude Saulière : "Aujourd’hui les agences sont en danger. Autrefois, elles possédaient les informations, elle étaient les seules à pouvoir faire des réservations. Étant donné que cet avantage a volé en éclat avec internet, elle ne servent aujourd'hui plus à rien.
Leur seul moyen de se différencier, c’est de connaître très précisément certaines destinations. C’est la raison pour laquelle j’ai fait le choix de la spécialisation, car la bonne information est l’ingrédient principal de la réussite d’un voyage."
source: TourMag