Une tempête dans un verre d’eau : voilà comment on pourrait qualifier l’affaire provoquée par un retour après décollage d’un appareil de Karthago Airlines dimanche dernier vers Djerba. Les médias français s’en sont donné à cœur joie, tendant leur micro au premier venu leur rapportant le détail le plus croustillant, voire si possible le plus sordide.
Rappel des faits : un appareil de type Boeing 737-300 de la compagnie aérienne tunisienne privée Karthago Airlines, assurant un vol Djerba-Paris le 12 février 2006 et avec à son bord 144 passagers, a effectué un QRF (Quick Return Flight), ce qui s’est traduit par un retour à la base après 20 minutes de vol. Cette procédure a été décidée par le commandant de bord de l’appareil –lequel a plus de 10.000 heures de vol à son actif- au nom du principe de précaution suite au déploiement intempestif des masques à oxygène dans la cabine passagers.
Cependant, le retour de l’appareil vers son aéroport de départ a provoqué un moment de panique chez certains passagers. Par précaution et conformément aux procédures internationales, la compagnie a dépêché à l’atterrissage une équipe médicale composée d’un médecin généraliste, 4 infirmiers, 1 cardiologue, vite rejoints par un second médecin représentant d’Europe Assistance à Djerba.
Tous les passagers ont été auscultés et ont été jugés aptes à pouvoir reprendre l’avion. 7 d’entre-eux ont toutefois fait le choix de ne pas repartir le même jour. La compagnie Karthago Airlines a pris toutes les dispositions pour assister les autres passagers dans l’enceinte de l’aéroport (prestations à volonté, open bar etc.).Les passagers ont ensuite rembarqué sur un autre appareil affrété par Karthago Airlines auprès d’une autre compagnie et à bord duquel un médecin avait pris place.
Déchaînement médiatique:
L’incident du 12 février sur Karthago Airlines se classe, comme le stipule l’annexe 13 de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale), dans la catégorie des incidents mineurs. N’importe quel navigant dans une compagnie aérienne vous dira que le QRF n’est pas rare, et chez toutes les compagnies, de la plus grande à la plus petite. Ce qui est particulièrement surprenant, c’est que dans ce déchaînement médiatique, aucun expert n’a été consulté.
On n’a fait que donner la parole à des passagers, certes paniqués et c’est tout à fait compréhensible, mais rapportant des faits imaginaires pour toute personne au fait des rouages du transport aérien. Pourquoi un tel déchaînement ? C’est d’abord le signe que la psychose de l’été 2005 ne s’est pas encore estompée en France. Deuxièmement, les médias continent de « pestiférer »les compagnies charters, en premier lieu desquelles les compagnies non-européennes.
Lors du dernier Top Resa, les participants la table ronde sur le transport aérien n’oublieront pas que la principale conclusion fut de « voler français ». Mais cette approche et ces pratiques de dénigration ne font que porter atteinte au tourisme de manière générale vers les destinations du sud. Nul n’est gagnant dans l’affaire. En attendant, c’est Karthago Airlines qui a payé pour toutes les compagnies aériennes charters non-françaises !