Depuis 12 ans,Touriscopie décrypte les changements sociétaux et leurs implications sur les pratiques, les comportements et les aspirations des clientèles touristiques. Nous avons désormais le plaisir d’accueillir chaque mois Josette Sicsic, responsable éditoriale de ce support réputé, pour une chronique mensuelle sur les grandes tendances et les mutations du secteur.
Les mutations comportementales ne sont jamais dues au hasard. Issues directement des évolutions technologiques, démographiques, politiques, économiques, scientifiques…
Elles reflètent les capacités d’adaptation du corps social à la nouveauté et, témoignent d’une habilité anthropologique à modifier des façons de faire, de vivre et de penser.
Etre social, le touriste et le vacancier ne sont pas exempts de ces modifications d’attitudes conjoncturelles et parfois structurelles.
A chaque nouveauté, ils répondent par un comportement original façonné au sein d’une avant-garde qui le transmet ensuite à la majeure partie de la société : le « mainstream ». Parfois en quelques semaines, souvent en quelques années.
C’est donc à des rythmes différents que se propagent ce que l’on a pris l’habitude de nommer des « tendances » qui, contrairement aux effets de mode provoqués par des stratégies marketing, reflètent bel et bien des modifications socio culturelles profondes.
Cela dit, l’évolution de l’offre touristique et l’ensemble des nouveautés qu’elle produit, tant sur le plan de la forme que du fond, implique également des ajustements comportementaux permanents. Ainsi les formules de low-cost ou les promotions de dernière minute par exemple ont été les détonateurs de nouvelles habitudes de consommation.
… En résumé, la tourist-attitude est bel et bien la résultante d’une série de phénomènes « petits » ou « grands », internes et externes au secteur touristique, visibles ou invisibles, dont la lisibilité est plus complexe qu’elle n’y paraît !
Le Japon dont les répercussions ont été immédiatement détectables sur les comportements touristiques : amplification des peurs liées au climat, réductions des dépenses, notamment celles liées aux loisirs et au voyage – de l’ordre de 37% au niveau européen, selon l’Observatoire 2012 de Cetelem-, défiance vis à vis du tourisme égyptien et tunisien, voire marocain, ayant suscité des baisses spectaculaires de fréquentation.
Globalement, on a donc assisté à un transfert des départs sur des destinations de proximité, notamment sur la France. Ce qui n’est pas faux.
Les chiffres l’ont prouvé. Mais, derrière ces faits, il convient de noter que, d’une façon générale, le retour à la proximité ne concerne pas que les déplacements touristiques.
La quête de local concerne aussi des domaines comme l’alimentation par exemple ou la culture ou le commerce… comme le suggèrent le succès des circuits courts, des amap, l’envie de consommer des produits de saison…
On a donc bien affaire à une tendance globale qui se traduit d’ailleurs par des expressions en vogue comme « le made in France », ou la « démondialisation ». Et, il n’y a rien d’étonnant à cela : la proximité est en effet synonyme d’économie, d’écologie, de sécurité….
Mais, pour combien de temps ? Et, comment évoluera cette tendance ?
Voici les vraies questions à se poser et les vraies réponses à trouver pour coller au mieux aux évolutions des attentes touristiques.
Touriscopie en a repertorié 18 tels que : vitalité, lenteur, partage, « co », indignation, « gaming », empathie, consommation raisonnée, utopie, bonheur… indiquant tous à leur façon, une modification sociétale ayant des répercussions sur le touriste et le vacancier.
Créativité, auto production
Dans l’incapacité de tous les traiter dans cette chronique, nous nous attarderons sur l’un d’eux, dont l’avenir nous semble certain. Il s’agit du terme de « créativité ».
Qu’en dire ? Et bien oui ! Les progrès de l’éducation aidant conjugués au développement du Web2 et soulignons le, le renforcement de l’individualisme, ont rendu nos sociétés occidentales plus créatives.
Pour s’en convaincre, il suffit d’ailleurs de faire un tour sur Daily Motion !
Mais, attention, il ne s’agit pas seulement de « créativité » artistique. Depuis quelques années, la créativité concerne tous les secteurs : de l’alimentaire au textile, des cosmétiques aux spectacles et au tourisme : quand un individu ne trouve pas dans l’offre actuelle un produit à son goût, il le fabrique et de surcroît, le vend en direct, sans l’aide d’intermédiaires !
Cela lui permet de consommer un produit original, de se différencier et souvent de faire des économies !
Voilà pourquoi, il fabrique ses voyages et ses vacances, loue ses hébergements en direct ou auprès d’un réseau de loueurs privés, échange sa maison, fait du couch surfing, utilise les services des « Greeters », constitue des groupes de copains pour négocier des tarifs avantageux auprès des transporteurs et hôteliers… et organise des expositions et des concerts chez lui, des randonnées et des sorties…
Auto producteur, une partie des touristes appartiennent bel et bien à ce vaste mouvement que l’on nomme les « cultural creatives » ou les « free lifers » qui seraient plusieurs millions dans le monde.
Un mouvement qui ne fera que continuer de grandir au rythme des difficultés économiques et, de la montée en puissance de la défiance vis à vis de l’industrie, de la finance, et de toute forme de pouvoir…
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source: TourMag