Les Maldives font encore parler d’elles en déposant brusquement leur Président, pourtant démocratiquement élu. Cette nouvelle crise, dont le dénouement si rapide a surpris tous les médias, n’émeut guère les TO qui craignent surtout un manque de stocks hôteliers pour le marché français. En attendant, ils maintiennent les départs prévus.
Aux Maldives, depuis quelques temps, la politique intérieure connaît en effet des soubresauts réguliers.
Entre l’interdiction de l’alcool, la tentative de fermeture des spas et le coup d’état du 6 février, l’archipel paradisiaque montre de signes de tensions intenses qui n’augurent à priori rien de bon pour les performances touristiques du pays.
Cela étant, comme le rappelle le communiqué diffusé mardi après-midi par le CETO, la structure géographique des Maldives incite à relativiser les risques.
Le pays est un éparpillement d’îles éloignées les unes des autres, si bien que des troubles à Malé, si violents soient-ils, n’ont pratiquement pas d’impact dans le reste du pays.
En particulier sur l’aéroport où le trafic est resté normal : « L’aéroport international est une plateforme de transit située sur l’île de Hulhulé, et de ce fait physiquement séparé de la ville de Malé. » indique le communiqué du CETO.
Il ajoute : « Il n’y a pas eu de perturbations des opérations aériennes et les vols des principales compagnies desservant cet aéroport continuent d’opérer normalement. »
« Nos correspondants sur place n’ont rien vu » affirment de leur côté Guy Zékri, le directeur général de Soléa Vacances, et Philippe Jolly, le directeur commercial et marketing de Kuoni.
« Certains directeurs d’hôtels n’ont eu l’information que ce matin en consultant internet, » précise encore Guy Zékri, « Quant aux clients sur place, ils n’étaient au courant de rien. »
En France, même sérénité chez les agents de voyages : « Pour le moment, je n’ai reçu qu’un seul mail et c’était juste pour demander des informations sur le sujet. » renchérit le directeur commercial de Kuoni.
Une émeute lundi soir. Dès le lendemain matin, la démission de Mohamed Nasheed, le Président démocratiquement élu 3 ans auparavant, et dans la foulée, la prise du pouvoir par le Vice-Président, Mohamed Waheed Hassan Manik, avec l’appui de la police et d’une partie de l’armée.
En quelques heures tout était réglé… et c’est à peine si les médias pouvaient reprendre l’information.
Dans ces conditions, on comprend aisément la consigne simple et mesurée du CETO : « départs maintenus » sauf sur Malé où « les transits clients et les excursions au niveau de la ville sont en revanche suspendus. »
« Nous n’avons actuellement aucun client sur Malé » souligne d’ailleurs René-Marc Chikli, le Président du CETO.
Éviter Malé, la capitale de l’Archipel des Maldives, c’est également ce que recommande le site du Ministère des Affaires Étrangères, en parlant de manifestations fréquentes et d’une sécurité pour le moins « aléatoire », surtout le soir.
Autre élément qui incite à relativiser les conséquences pratiques de la nuit du 6 au 7 février : le poids du tourisme avec ses 850 000 visiteurs internationaux, dont 53 000 Français.
On l’a vu récemment avec l’interdiction des spas, une mesure qui aura fait long feu sous la pression des professionnels locaux.
Devant la perspective d’un assèchement brutal des recettes en devises, le gouvernement a vite reculé, en laissant couver sous la cendre son bras de fer avec les musulmans rigoristes.
Alors évidemment on peut se poser la question de savoir quel mauvais coton les Maldives sont en train de filer, en écornant ainsi régulièrement leur image de paradis terrestre sur le marché du tourisme mondial.
Pas plus qu’en Tunisie ou en Egypte, il n’est guère aisé de répondre à cette interrogation.
« Une chose est sûre, » prévient cependant René-Marc Chikli, en évoquant les capacités hôtelières de l’Archipel, « C’est que pendant que nous nous posons ce genre de question, les Russes et les Chinois, par exemple, prennent d’assaut la destination et qu’ il n’y aura plus de place pour les Français. »
source: TourMag