La rencontre tenue vendredi dernier sur les mécanismes permettant de relancer le tourisme tunisien, est restée au stade des paroles et des bonnes intentions. Elle n’est pas allée au fond des choses. Devant les représentants d’une centaine d’agences de voyages, des diplomates, des journalistes locaux et étrangers rassemblés dans l’un des plus beaux hôtels situés sur les côtes de Carthage, les officiels tunisiens ont répondu présents. Ils on parlé. En long et en large. Ils ont tenté de rassurer. Hamadi Jebali, le premier ministre, a, encore une fois, parlé de démocratie, de libertés individuelles, de l’autorisation de l’alcool et des bikinis. «L’activité touristique est un facteur déterminant pour la stabilité des démocraties, et ce, eu égard à son étroite relation avec la garantie des libertés individuelles», a-t-il affirmé, à l’ouverture de cette rencontre internationale dont le slogan était « 3000 ans d’histoire, 50 ans de tourisme, 1 année de démocratie".
Le chef du gouvernement s’est même permis d’afficher un optimisme béat qui tranche avec la grisaille ambiante dans le secteur touristique. «En dépit des difficultés rencontrées par le secteur, le gouvernement est optimiste quant à l’avenir du tourisme tunisien», a-t-il déclaré, notant que le pays a déjà franchi un pas important sur la voie de la transition démocratique.
Sur la même lancée, Elyes Fakhfakh, le ministre du tourisme, a rappelé l’importance de la diversification du produit touristique tunisien en vue de répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus exigeante, en indiquant que le potentiel de richesses archéologiques et naturelles de la Tunisie mérite d’être mis en valeur pour la promotion de la destination. «On doit mieux communiquer sur la Tunisie qui vit aujourd’hui un moment historique et unique », a-t-il ajouté.
Abdelkarim Harouni, le ministre du Transport, a , quant à lui, avoué clairement, après avoir tourné autour du pot, que l’Open-Sky n’etait pas pour demain et souligné la nécessité d’un «délai réaliste » pour l’ouverture du ciel tunisien aussi bien aux puissantes majors mondiales du transport aérien qu’aux trop conquérantes compagnies low-cost. L’annonce n’a pas manqué de provoquer la grogne des professionnels présents qui s’attendaient manifestement à une décision plus révolutionnaire.
Les interventions des représentants des TO n’ont pas été alarmantes. Elles n’incitaient pas non plus à l’optimisme. Aucune promesse n’a été formulée. Certains TO ont même évoqué le facteur prix – bradage- qui est, à leur avis ou plutôt selon leurs intérêts, une condition sine qua non de la relance de la destination. Une suggestion qui a fait grincer des dents les hôteliers présents.
Mohamed Belajouza n’y est pas allé par quatre chemins pour affirmer que « les relations entre hôtelier/TO devrait dépasser le cadre de client/vendeur pour atteindre celle de partenaires à part entière». Globalement, les interventions et les débats ont été, le moins qu’on puisse dire, superficiels. Aucune action concrète, aucun planning, aucune stratégie n’ont été à l’ordre du jour. Les professionnels du tourisme sont inquiets et ils le sont davantage après cette rencontre. L’administration aurait pu profiter de cette journée pour lancer un signal encourageant et motivant. « C’était l’occasion, par exemple, de communiquer sur le nouveau logo de la destination », clame l’un des présents. Une intervention pertinente et même osée a, cependant, retenu l’attention des participants. C’est celle de Mohamed Ali Toumi, président de la Fédération tunisienne des agences ( FTAV) . Pour ce jeune loup de l’industrie des voyages, il est impératif de connaitre les nouvelles exigences de nos partenaires étrangers. « Qu’ils nous disent clairement qu’est-ce qu’ils attendent de nous ? Que pourrions-nous leur offrir ? Nous sommes à leur écoute….. ». Cette intervention demeure, toutefois, l’hirondelle qui ne peut pas faire le printemps d’une industrie touristique qui ne cesse de subir de plein fouet les contrecoups de l’agitation révolutionnaire. Face à ce tableau sombre, le gouvernement se limite aux speechs. Une stratégie que résume parfaitement l’inoxydable tube de Dalida. « Encore des mots, toujours des mots. Les mêmes mots. Rien que des mots. Des mots faciles des mots fragiles. Paroles, paroles, paroles, paroles, paroles. Encore des paroles qu’on sème au vent ». A bon entendeur… D.D
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