Toujours plus grand, toujours plus haut... Les navires de croisières sont aujourd'hui de véritables petites villes flottantes, à l'image de l'Oasis of the Seas, plus grand navire de croisière au monde. Avec le naufrage du Costa Concordia en Italie, la taille de ces géants des mers soulève de nombreuses interrogations, notamment en matière de sécurité... Les procédures d'évacuation et de secours pourront-elles faire face à toutes les conséquences d’un accident grave ?
Nous devrions sérieusement envisager les leçons à en tirer et, si nécessaire, revoir la réglementation sur la sécurité des grands navires de passagers à la lumière des conclusions de l'enquête sur un accident. ".
Voilà ce qu'indiquait ce mardi 16 janvier 2012, dans un communiqué de presse le Secrétaire général de l'OMI (Organisation maritime internationale) Koji Sekimizu.
"Dans l'année du centenaire du Titanic, cela nous rappelle les risques impliqués dans les activités maritimes."
Après le drame, les questions.
Le naufrage du Costa Concordia vendredi 13 janvier 2012, près des côtes de l’île du Giglio, au large de la Toscane, en Italie, soulève de nombreuses interrogations sur la course au gigantisme des paquebots de croisières.
Depuis plusieurs années, les compagnies investissent dans la constructions de Megaships, toujours plus grands.
60 m de long, 9 m de tirant d'eau, 220000 tonneaux, 18 ponts, 30 bars et restaurants, 90 000 m2 de moquette, 7 000 pièces d’arts, 2 300 tonnes d’eau dans les piscines... des mensurations à faire tourner plus d'une tête, mais surtout le navire dispose d'une capacité de 5400 passagers et 2165 membres d'équipage !
Et il n'est pas le seul, puisque la flotte de la compagnie compte également un navire jumeaux l'Allure of the Seas
Les autres compagnies telles que MSC, Carnival (maison mère de Costa Croisières), RCI, Norwegian Cruise Line disposent, elles aussi, de plusieurs unités dépassant les 3000 passagers.
" (...) Il a été confirmé qu’il n’y a pas de limites techniques réellement appréhendables à l’accroissement permanent de la taille des navires. (...)
Les dimensions d'un navire - sur les plans technologique et technique SEULEMENT - n'ont pour limite que celle de l’imagination des ingénieurs et des architectes navals", résume le groupe de travail dans son rapport.
Pas de limite sur le plan technique... mais qu'en est-il de la sécurité des passagers ?
Faut-il rappeler que le naufrage du Costa Concordia a eu lieu par mer calme et près des côtes ?
Comment en effet évacuer "(...) 8 000 passagers en cas d'avarie en pleine mer ? Comment découper des navires d'une telle taille en cas d'échouage ? Comment limiter le risque de pollution ?" s’interroge Paul Tourret, directeur de l'Institut supérieur de l'économie maritime (Isemar) dans une interview publiée par le Monde.fr
"Aujourd’hui nous ne sommes pas certains de pouvoir faire face à toutes les conséquences d’un accident grave, en particulier de gros paquebot ou de porte-conteneurs" ont déclaré les préfets maritimes, et sauveteurs au groupe de travail en charge du rapport de l'IFM.
Il apparaît en effet plus simple d'évacuer 500 personnes que 3000 passagers...
"Même dans le pire des cas il est difficile d’imaginer que la mortalité due au transport maritime atteigne jamais celle des accidents de la route (plusieurs dizaines de milliers par an rien qu’en Europe), voire celle due aux accidents aériens, certes peu nombreux mais qui ne laissent en général que pas ou peu de survivants.
(...) La probabilité est très faible qu’un grand navire – dont le compartimentage est maintenant très étudié - disparaisse corps et biens, ou coule en seulement quelques heures voire quelques jours, ce qui laisse une vraie capacité d’intervention aux secours"
Un communiqué de presse publié par l'AFCC (Association Française des Compagnies de Croisières) va dans le même sens.
Elle tient à rappeler "que la taille des navires récents n’a aucune incidence sur la sécurité.
Ces navires de grande capacité bénéficient au contraire de la plus haute technologie en la matière." et que "des accidents tels que celui du Costa Concordia sont rarissimes dans l’histoire de la croisière."
Parmi elles, les ports qui doivent faire face notamment à des contraintes de tirant d’eau, d'espaces suffisants pour les évitages, ou encore de contraintes de prise au vent.
Autre problématique : la situation des assureurs. Le rapport souligne que la "valeur des grands paquebots (5.000 passagers, 8.000 personnes à bord) peut atteindre un 1,2 milliard de USD.
Soit, aux conditions de la police d'assurance, un engagement pour les assureurs de 3,7 milliards de USD ce qui représente en perte totale le volume de prime annuel du marché corps mondial"
Les engagements des assureurs seront de plus en plus élevés et nécessiteront des protections en réassurances avec des coûts augmentés. Les primes “passagers” ont d'ailleurs augmenté (coût moyen) de 543 % dans les 10 dernières années.
Dans le cas du Costa Concordia, Carnival Corporation a d'ores et déjà fait ses comptes.
Elle a estimé que l'impact financier du naufrage pourrait s'échelonner entre 85 et 95 millions de dollars...
source: TourMag