On ne pouvait imaginer scénario plus tragique pour débuter l'année : un naufrage qui fait au moins 5 morts et 15 disparus à bord d'un des paquebots les plus récents de la flotte Costa, sans raison objective apparente, sans météo déchaînée, à quelques mètres des côtes, sur un trajet effectué plus de 50 fois par an, avec un équipage d'officiers et un commandant qui, manifestement, n'ont pas été à la hauteur de l'accident et des lois qui régissent la vie en mer.
Cette question, lancinante, vos clients (ceux qui vont partir, ceux qui voulaient partir) vont vous la poser des dizaines voire des centaines de fois ce lundi, dans les jours et les semaines à venir...
A ce jour personne n'a de réponse sur les circonstances tragiques du drame qui a coûté la vie à d'innocentes victimes.
Pourtant, vous allez devoir les rassurer, leur dire que ce n'est pas parce qu'un avion tombe que l'on fait une croix sur le transport aérien.
Que l'erreur est humaine (et là cela semble de plus en plus manifeste) et que le risque zéro n'existe pas, nulle part.
Certains d'entre vous y parviendront et d'autres pas. Parce qu'ils auront eux-mêmes des doutes légitimes. Et lorsqu'on doute il n'est pas évident de convaincre...
Et c'est pourtant là un enjeu majeur. Car comment imaginer qu'on puisse rayer de la carte un produit qui aujourd'hui s'avère l'un des plus séduisants pour l'industrie du voyage ?
Exagéré ? A peine. Après plusieurs années de galère, la croisière est enfin sortie du purgatoire et des lieux communs qui la pénalisaient.
Elle séduit un public de plus en plus large (*), de plus en plus jeune, de plus en plus familial.
Et force est de reconnaître que c'est mérité. Les grands liners sont aujourd'hui de véritables resorts flottants qui proposent des vacances sur l'eau avec des avantages (et non des moindres) sur leurs concurrents.
Tarifs, énorme taux de fidélisation, rapport qualité-prix intéressant, peu ou pas d'après-vente... des éléments qui se sont conjugués pour en faire le produit-refuge en ces années de crise et de baisse du pouvoir d'achat.
Non seulement la croissance est au rendez-vous mais, pour la première fois, les armateurs ont vendu des croisières au moment des grandes vacances d'été, (juin, juillet et août), période dont ils étaient traditionnellement absents.
Et ce réveil du marché français est accompagné par une offre toujours plus abondante, de nouveaux bateaux et de nouvelles compagnies proposant des expériences et des niveaux tarifaires différents.
Mais il ne faut pas se leurrer : cette terrible tragédie et ses raisons inexpliquées (et inexplicables) actuellement, risquent de peser lourd dans le développement de la croisière.
Aussi, les distributeurs vont devoir faire preuve de pédagogie pour éviter les amalgames et mettre tout le monde dans le même bateau.
Pour beaucoup d'entre eux, après le nuage volcanique et un Printemps arabe dévastateur, la survie est aujourd'hui à ce prix...
(*) En 2011, toutes compagnies confondues, le nombre de croisiéristes français était de l'ordre de 420 000 pax.
source: TourMag