«Bien qu’elle soit la destination la plus compétitive dans la rive Sud de la Méditerranée, la Tunisie accuse un important déficit de  visibilité sur le marché italien. On a été bouffés par l'Egypte», a  déclaré d'emblée Jalel Hebara, président du groupe italien Sprintours.  Ce dernier se présente comme l'un des plus importants Tours Opérateurs italiens commercialisant la destination Tunisie en Italie  depuis deux décennies. Jalel Hebara semblait révolté par l'état des lieux actuel du tourisme tunisien, notamment par rapport à son marché d'activité par excellence, à savoir l'Italie.
Devant une pléiade de journalistes réunis à l’occasion du congrès de Sprintours  tenu du 16 au 19 avril 2010 à Sousse, M. Hebara a tenu un discours très franc, dans la douleur et n’a pas du tout fait dans la dentelle. Il a bien appelé les choses par leurs noms, dit les vérités qui dérangent et n’a pas hésité à remuer le couteau dans la plaie. Son seul et unique cheval de bataille étant l'intérêt de son pays d’origine. Et de s'étonner «Est-ce-que c'est normal que je présente, en Tunisie, la campagne promotionnelle de la destination Egypte devant 320 agences de voyages italiennes? ». Selon le président du groupe italien, ce paradoxe semble dur à digérer.
D'après M.Hebara, la Tunisie est tout à fait en mesure d'améliorer ses scores et de mieux faire, moyennant certaines conditions. En présence des représentants de l'Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) et  du transporteur national Tunisair, le patron de Sprintours n'a pas omis de réaffirmer non seulement son attachement mais également celui de son entreprise à son pays la Tunisie. Partant, la responsabilité de Sprintours dépasse de loin la simple question commerciale.  En ce sens que le groupe témoigne d'un engagement irréversible envers le pays d'origine de M.Hebara.

Et de continuer sur sa lancée critique vis-à-vis du secteur touristique tunisien. En effet, M.Hebara, a mis à l'index la politique de promotion du tourisme tunisien. A ce juste titre, il importe de doter ce secteur d’un budget qui soit en conséquence avec son importance et son poids à tous les niveaux. Aussi, l’action promotionnelle sera-t-elle plus percutante mettant en valeur de nouveaux produits tels que le tourisme culturel, le tourisme écologique et le tourisme de chasse.

Dans ce même sens de diagnostic du tourisme tunisien, le président du TO italien, a mis le doigt sur un autre talon d’Achille. Il s'agit en l'occurrence de la capacité en termes de lits, qui d'après M.Hebara "demeure limitée en haute saison", a-t-il souligné. De surcroît, a-t-il remarqué «certains hôtels, notamment à Sousse et Monastir, ont pris un sacré coup de vieux».

Par ailleurs et en ce qui concerne le transport aérien qui va de pair avec le secteur touristique, ce professionnel qui connaît les deux  
marchés sur les bouts des doigts, a attiré l'attention des opérateurs du tourisme tunisien qui doivent plus que jamais qu'auparavant s'adapter à l'atterrissage en force des  low-cost qui débarquent  dans le ciel tunisien.« Cette arrivée des compagnies low cost ne sera pas sans remuer de fond en comble le paysage touristique tunisien" Et d'expliquer que ces compagnies ont  donné lieu à une nouvelle donne à travers le développement  d'un tourisme d’appart-hôtels mais aussi de Bed & Breakfast. Et c'est justement pour cette raison que le secteur tunisien est appelé à se préparer et se munir pour ce nouveau contexte.

Lors de cette rencontre, M.Hebara n'aurait pas pu passer sans parler des prévisions de l'été prochain. Selon ses propos, la saison estivale 2010 se présente d'ores et déjà sous de bons auspices. Néanmoins, la Tunisie ne pourrait marquer un grand pas vers l'avant sur le marché italien que si elle déployait davantage d'efforts dans la communication. Il va sans dire que la promotion ne pourra jamais se faire d'elle-même.
A cet effet, la destination est appelée à faire plus d'investissements sur ce plan afin de s'imposer et marquer son territoire dans un climat hautement concurrentiel. Surtout que des concurrents comme l'Egypte ou la Turquie ne lésinent aucunement sur les moyens. Il suffit à titre d'exemple de zapper sur quelques chaînes de télévision pour se constituer une petite idée sur la qualité et le volume de publicités qui se font dans ces murs.

Il y a lieu de préciser que la Tunisie, qui plaçait la barre haute sur le marché italien et ambitionnait de le relancer à tout prix, n'a pas réussi à redresser la barre et a fini en 2009 par accuser une baisse de 13,7%, soit 385 mille visiteurs. Ce chiffre demeure bien évidemment en deçà des 500 mille clients annoncés auparavant comme objectif. 

Toutefois, Mustapha Nasri, le représentant de l'ONTT à Milan, a justifié cette régression par plusieurs facteurs dont notamment la  faillite de quatre TO italiens qui programmaient la Tunisie. En plus de cette faillite, M.Nasri a mis le doigt également sur la baisse du  pouvoir d'achat des ménages italiens; lequel pouvoir a été frappé de plein fouet par la crise internationale.




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