Après avoir largement démontré tout  son potentiel en Europe et aux Etats-Unis, l'équation festivals et développement touristique débarque sur la rive sud de la Méditerranée par la porte de Fès, Rabat ou encore Marrakech.  Les évènements culturels à forte vocation touristique fleurissent, en effet, dans le royaume. Un petit coup d’œil sur les programmes des festivals Mawazine à Rabat, de Jazz à Tanger et Fès, des Musiques du monde à Agadir, des Gnaoua à  Essaouira, du Cinéma à Marrakech montre des affiches à faire pâlir les plus grands festivals européens. Le festival des Ganaoua est, d’ailleurs, classé par le quotidien britannique The Guardian comme l’une des douze meilleures destinations musicales dans le monde.

Tous ces festivals tiennent à accueillir des stars mondiales comme Stevie Wonder, Kylie Minogue, Alicia Keys ou Ennio Morricone. Mieux, les organisateurs de ces évènements, dont le coût  s’élèverait à plusieurs dizaines de millions d’euros, mettent les petits plats dans les grands pour inviter de la presse internationale à grands frais alors que le compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) met à leur disposition des milliers de billets à tarifs réduits, voire gratis pour acheminer  tout ce beau monde.

Qu’en est-il de la Tunisie dans ce domaine? Hormis quelques soirées comme celles qui seront assurées cette année par la chanteuse Tina Arena  le 8 août sur les planches du Festival de Hammamet ou Charles Aznavour à Carthage, nos festivals présentent une faible teneur touristique. A qui la faute? Certains professionnels estiment qu’il s’agit, en premier lieu, d’une question de gros sous que les intervenants publics ne sauraient assurer. D’autres estiment que c’est justement le fait de confier l’organisation d’évènements culturels à ces intervenants publics qui constitue le véritable nœud gordien. « C’est étonnant de voir des intervenants publics comme les collectivités locales et les ministères ou encore des associations agir directement en tant qu’organisateurs, voire encore en tant que producteurs de spectacles », martèle Mourad Mothari, organisateur et producteur d’évènements culturels.

Selon lui, il faudrait, d’abord,  définir de façon claire le cadre juridique de la profession d’organisateurs et de producteurs de spectacles.

D’autres professionnels estiment aussi que législation de change en matière de règlement des artistes et le système de taxation tunisien freinent l’émergence d’un véritable business des festivals à forte vocation touristique. A en croire leurs dires, le taux de taxation s’élève à 48,8% du budget de la manifestation ou du coût du spectacle. A cela il faut ajouter 25% des taxes dites « culturelles» et 8% de droits d’auteur et dans les cas des sociétés 18% de TVA et en bout de course 35% d’impôt sur le revenus. Cette quintuple imposition est d’autant plus décourageante  que la billetterie ne peut pas couvrir le coût du spectacle, en constante augmentation.  Ce sont là les vrais problèmes aux quels, il faudrait s’attaquer de toute urgence pour rattraper le retard qu’a pris la Tunisie par rapport à ses concurrents directs dans le segment du tourisme culturel, aujourd’hui plus que jamais intégré dans les stratégies mise en œuvre pour la promotion de l’industrie du tourisme et des voyages partout dans le monde. A-t-elle enseigne que Jacques Attali, économiste, financier et ancien conseiller du Président français Mitterrand, estime que «les manifestations culturelles valorisent par leur existence, des destinations qui sans elles resteraient inconnues et peu ou pas fréquentées».