Lors du déjeuner débat organisé par le CJD le 2 avril 2009, plusieurs opérateurs du secteur ont pris part aux discussions : Voici les doléances et les ébauches de solutions proposées par quelques uns d’entre eux :

Mourad Matheri (organisateur d’évènements culturels)
Confier l’organisation des festivals et des spectacles à des professionnels
« C’est vraiment étonnant de voir des intervenants publics (institutions, collectivités locales, ministères…) ou encore des associations agir directement en tant qu’organisateurs, voire encore en tant que producteurs de spectacles. La profession d’organisateurs et de producteurs de spectacles n’a pas encore un cadre juridique bien défini. De même, notre législation de change en matière de règlement des artistes et notre système de taxation décourage les professionnels. Le taux de taxation s’élève à 48,8% du budget de la manifestation ou du coût du spectacle. A cela il faut ajouter 25% des taxes dites « culturelles » et 8% de droits d’auteur et dans les cas des sociétés 18% de TVA et en bout de course 35% d’impôt sur le revenu! Cette quintuple imposition finira par mettre en péril toute la profession des organisateurs de spectacles et d’évènements culturels. D’autant plus que la billetterie ne peut pas couvrir le coût du spectacle, en constante augmentation. D’autre part, la Tunisie manque cruellement de festivals sérieux et susceptibles de drainer des touristes comme les festivals des arts populaires au Maroc. »

Anis Meddeb (hôtelier) Etaler la saison touristique et attirer les Asiatiques en Tunisie
« La principale faiblesse du produit touristique tunisien demeure sa saisonnalité. On a beau tenter de diversifier le produit mais on se trouve chaque année face à la même rengaine : des hôtels presque vides dès que la haute saison s’achève. C’est bien beau de penser à attirer les ressortissants de la zone BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), mais encore faut-il dès maintenant préparer des produits touristiques adaptés aux attentes et aux exigences de ces touristes d’un genre différent de ceux que la Tunisie attire actuellement. D’autant plus que le trajet entre Pékin et Tunis dure environ 13 heures par avion. Je pense qu’on pourrait attirer ces touristes vers la Tunisie d’une manière assez intelligente. Les Asiatiques notamment sont devenus des férus des voyages de shopping en Europe. C’est peut être là qu’on pourrait démarcher ces touristes via les To européens afin qu’ils effectuent des courtes excusions en Tunisie pour découvrir des régions ou des produits bien déterminées comme le tourisme saharien ou la thalassothérapie. »

wajdi Sékhiri (hôtelier)
Stabiliser les revenus du personnel pour une meilleure qualité des services

« De par mon expérience dans le secteur touristique, je constate que la cause principale de la détérioration de la qualité des services dans nos hôtels est l’absence de stabilité au niveau de la carrière des employés en raison de la saisonnalité de l’activité. Ces derniers se comportent parfois d’une manière indécente vis-à vis des touristes et des établissements pour lesquels ils travaillent. Quand ils se sentent menacés, ils se « débrouillent» sur le dos de l’hôtel et du client. D’où l’ardente nécessité de stabiliser les revenus des employés. D’autre part, l’Europe compte 80 millions de retraités. Cela constitue un gisement de clients à exploiter pour avoir une saison touristique de douze mois. D’autant plus que le climat et le niveau de vie en Tunisie conviennent parfaitement aux attentes de ces séniors. Le problème c’est que les TO ne s’intéressent pas à cette clientèle qu’il faudrait démarcher autrement. »