"Rapportés à la taille de la Tunisie (une superficie de 163.610 Km carrés), les sept millions de touristes enregistrés en 2008 est un résultat excellent. Il ne faut pas dissocier les entrées touristiques des caractéristiques physiques d’un pays. La Tunisie n’est pas l’Egypte, avec ses 70 millions d’habitants et plus de 1 million de kilomètres carrés de superficie.
S’agissant des perspectives de développement du secteur, le ministère a déjà lancé une étude stratégique à l’horizon 2016. Nous sommes conscients de nos atouts, mais aussi de nos faiblesses. Ces dernières découlent essentiellement d’un budget promotionnel sans communes mesure avec celui de nos concurrents.
Concernant, la proposition préconisant de « contrôler et/ou influencer directement ou indirectement les marchés émetteurs », cela représente un pari difficile actuellement. La Tunisie continue à être commercialisée essentiellement par des TO puissants, dont les chiffres d’affaires peuvent atteindre 15 milliards de dollars. Se mettre face à de tels mammouths est très difficile. La force des TO découle de leur maîtrise du trafic charter. La libéralisation du ciel va nous permettre, par conséquent, de contourner l’hégémonie des TO. D’ailleurs, c’est l’ouverture du ciel qui a permis au tourisme marocain de décoller. D’où la nécessité d’avoir des liaisons aériennes directes avec les pays appartenant à la zone BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine).
L’Open Sky permettra également d’allonger les durées de séjours des touristes, puisque cette moyenne de 4 à 5 jours fut imposée par les TO pour qu’ils puissent garantir la rotation des flottes aériennes. La libéralisation du ciel tunisien donne, d’ailleurs des sueurs froides aux TO étrangers. Nous avons pu le constater lors des entretiens que nous avons eu avec les responsables des TO lors des salons du tourisme.
Il faudrait, par ailleurs, préciser que le tourisme ne se limite pas à l’hôtellerie. C’est une chaîne, dont les maillons doivent être liés. Ces maillons vont du sourire de l’hôtesse de l’air au transporteur pour continuer jusque dans l’hôtel et les souks de l’artisanat.
L’une des faiblesses de notre tourisme demeure la saisonnalité. C’est une bonne solution à ce problème que de cibler le segment des séniors. Cette frange qui dispose du pouvoir d’achat le plus élevé est ignorée par les TO. Cette situation nous a poussés à s’attaquer au segment via les associations et les amicales des retraités. Nous avons déjà conclu des accords préconisant l’arrivée de 16 mille retraités autrichiens en 2009 et en 2010.
Beaucoup d’opérateurs proposent également de mieux communiquer sur l’essor du tourisme médical. Je ne peux pas nier le fait qu’il s’agit d’un créneau très rentable avec des recettes par touriste qui peuvent dépasser largement celles du touriste ordinaire, mais il ne faut pas également que ce marché est très fragile. Il suffit d’une erreur médicale très médiatisée pour que tout tombe à l’eau. Il faut laisser le tourisme médical progresser loin du tapage médiatique.
Pour ce qui est du manque de visibilité de la destination Tunisie sur Internet, nous sommes tout à fait conscients de l’importance que revêt désormais le web en matière de promotion. La Une récente étude a d’ailleurs confirmé que le consommateur passe désormais par la Toile avant d’aller chez les TO. Le site de l’ONTT (bonjourtunisie.com) est actuellement en phase de « toilettage ». Nous travaillons également sur un portail privé sur le tourisme tunisien. Les privés doivent aussi s’engager davantage dans cette voie."