Dépôt de bilan pour manque de rentabilité, fermeture pour gestion frauduleuse, interdiction d’entrée aux autochtones, personnel peu qualifié, absence de flambeurs moyen-orientaux et des joueurs européens qui misent gros…
Les casions tunisiens font grise mine depuis quelques années. On dénombre actuellement deux établissements en activité contre sept en 1999. Seuls le casino "La Médina", inauguré en 2004 à Yasmine Hammamet par le groupe  Poulina, et le Pasino de Djerba, propriété du groupe Partouche depuis 1998, continuent à accueillir une clientèle peu dépensière et vivent des temps durs. Cinq casinos ont mis la clef sous la porte pour des raisons allant du manque de rentabilité économique à la gestion frauduleuse.
Parmi les fleurons disparus figurent notamment le premier casino du pays implanté à Hammamet en 1997 par le groupe français Lucien Barrière et le Grand Casino Yasmine Hammamet, inauguré en 2002 par le groupe italien Astro Tourism.

Pourquoi est-on arrivé là ? Mystère et boule de neige. Tous les responsables de l’administration du tourisme et même les professionnels du secteur  esquivent la moindre question dès que le mot "casino" est prononcé. Mais commençons d’abord par planter le décor.  Les jeux de casinos, interdits aux locaux, ne sont pas considérés comme un produit de niche à part entière comme la thalassothérapie, le tourisme saharien ou le golf.
Les touristes s’y rendent au casino avant tout pour tromper l’ennui et fuir la morosité de  l’ambiance dans les hôtels. Les casinos tunisiens souvent rattachés aux hôtels sont fréquentés par des touristes, essentiellement des Allemands, des Français et des Italiens.  La clientèle dépense en moyenne la maigre somme de 10 euros par soir. Et ce sont loin d’être des férus des machines à sous. Les gros parieurs richissimes du Golfe et les européens fortunés mordus des jeux d’argent  brillent par leur absence.  Voilà encore un créneau, où la Tunisie est victime de sa clientèle touristique « de masse».

Côté services, les croupiers ont été tous formés sur le tas en l’absence d’un centre de formation spécialisé. Aucune comparaison ne peut être établie dans le secteur des jeux de casinos entre la Tunisie  et les destinations réputées pour être des paradis des gros flambeurs comme Las Vegas, Monaco, Paris ou encore Zurich. Même la comparaison avec le Maroc fait ressortir un énorme avantage en faveur du royaume chérifien. Les six casinos de ce  pays tirent leur épingle du jeu attirent en effet une clientèle particulièrement aisée malgré la déprime qui touche l’activité touristique partout dans le monde. Ouarzazate, la cité marocaine qui voit défiler les stars hollywoodiennes, affiche désormais l’ambition d’attirer les flambeurs du Nevada avec le démarrage de la construction de cinq nouveaux temples de jeux d’argent.

Alors que le développement du tourisme constitue un axe majeur de la politique économique tunisienne, la niche porteuse  des jeux de casinos qui fait les beaux jours d’autres destinations semble avoir été « la grande oubliée» de la stratégie de diversification du produit touristique tunisien.