« Tourisme : le Maroc leader au Maghreb », « Le Maroc accueille son 8 millionième touriste », « Le Maroc supplante la Tunisie »…..Pour la deuxième année consécutive la presse marocaine exulte suite à la publication des chiffres relatifs aux réalisations des deux plus importantes destinations touristiques au Maghreb. Et en termes de chiffres, les voisins marocains ont,  à première vue,  de quoi se réjouir…Le royaume chérifien qui faisait  naguère figure de petit poucet dans la région est en train de monter en puissance. Ce pays a reçu  quelque 8 millions de visiteurs, réalisé plus de 16 millions de nuitées et  engrangé près de 58 milliards de dirhams (5,2 milliards d’euros) de revenus en devises. Son éternel rival qui était jusqu’à un temps récent leader incontesté dans    la région de l’Afrique du Nord a fait  moins en termes de nombre de touristes et de recettes: 7,048 millions de touristes et environ 3,33 milliards de dinars (1,82 milliard d’euros environ) de recettes en devises et 38,023 millions de nuitées. Si l’on se réfère à une première lecture de ces chiffres, la Tunisie ne devance le Maroc qu’en matière de nuitées.

Derrière les chiffres pompeux et les superlatifs plusieurs nuances sont toutefois à signaler. Les performances du Maroc en termes d’entrées  et de recettes découlent essentiellement de la comptabilisation des entrées des émigrés. Une méthode somme toute conforme aux normes de l’Organisation Mondiale du Tourisme mais que la Tunisie n’applique pas. Les marocains résidents à l’étranger (MRE) représentent en effet 47% des visiteurs du royaume. Leurs transferts sont estimés à au moins 40 milliards de dirhams chaque année. Le constat est donc clair : Si on exclut les entrées et les transferts des MRE,  les performances du tourisme marocain en termes d’entrées et de recettes seront largement au dessous de celles de la Tunisie, un pays qui compte plus d’un millions d’émigrés établis pour la plupart en Europe. A qui la faute ? Nul ne sait. A priori, la Tunisie ne compte pas comptabiliser de sitôt les entrées et les recettes de ses émigrés dans l’élaboration des indicateurs du tourisme.

Il importe également de souligner que la Tunisie dispose d’une capacité d’hébergement de 240 mille lits contre 153 mille lits pour le Maroc.

Loin de la bataille des chiffres, les deux destinations se sont jusqu’ici positionnées sur des créneaux différents. La Tunisie reste une « destination du tourisme de masse». Une caractéristique découlant d’une offre presque mono-produit (le balnéaire) et d’un rapport qualité-prix inégalé dans le bassin méditerranéen. Le Maroc a, quant à lui, adopté un modèle de développement de son tourisme axé sur   l’encouragement d’un tourisme haut de gamme et étalé sur toute l’année, avec en prime la promotion de certaines  villes disposant d’atouts culturels certains, dont notamment Marrakech,  comme des destinations à part entière. Le royaume a également bénéficié d’un afflux des compagnies low-cost.

Une chose est toutefois sûre : la concurrence entre les deux destinations maghrébines sera de plus en plus acharnée. D’autant plus que la Tunisie déploie des efforts titanesques pour monter en gamme en  renforçant les produits  de niche, en particulier le tourisme médical, le tourisme saharien et le golf.


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