Richard Soubielle, patron de Travelplan, nous raconte le 11 septembre 2001, dix ans après, à la manière d'un scénario de cinéma. Allégories, symboles et un vrai talent de scénariste de BD dont il semble imprégné. The end n'est pas forcément hollywoodien mais il résume bien l'histoire. Dégainez vos neurones, le bougre tire très vite !
10 ans de galère !
Rien d’agréable ne semblait s’être vraiment produit depuis cette vague Bleu, Blanc, Beurre. Une vague qui s’était levée un soir de juillet 98, au siècle dernier, et qui avait emporté le pays dans un tourbillon de consommation insouciante qui avait duré plusieurs mois.
Il y avait bien eu l’espoir fugace d’un Euro fort et des 35 heures produisant des RTT à répétition, comme le martelaient les prévisionnistes de tout poil «moins loin, moins longtemps mais plus souvent ! ».
Ils y croyaient, ils étaient prêts… pas grand-chose, pour ne pas dire presque rien.
Le nouvel ordre mondial fondé sur un libéralisme totalitaire s’établissait en même temps que proliféraient de nouveaux Etats. Ils subissaient. Dur…Dur… Dur !
La terre et le ciel se déchaînaient, engendrant sècheresses, canicules, tsunami, cyclones, tremblements de terre, éruptions volcaniques, inondations et incendies.
La nature qui n’était pas en reste, enfantait SIDA, SRAS, grippe aviaire, grippe A, des famines dévastatrices.
Dur… Dure… Dure la crise !
Ils apprirent à naviguer à vue au rythme des coups d’Etats, des émeutes, des grèves, des épidémies, défaisant un jour ce qu’ils avaient fait la veille. Fatalistes mais toujours habités par le sens du service, le respect du client ; ils attendaient des jours meilleurs.
Ils sortaient tout juste la tête de l’eau qu’un vent mauvais venu d’Amérique détruisait «le bonheur à crédit». Il était si toxique qu’il déclencha une crise économique et sociale sans pareil.
Banques, marchés et bourses dévissaient, le consommateur se crispait, le client se calfeutrait, les entreprises se mettaient à la cape…
Ils accusaient le coup mais résistaient.
Ils tirent des bords, ont jeté l’ancre flottante, abattu les voiles, attendent le calme qui vient toujours après la tempête.
Mais y-a-t'il des vents favorables pour le bateau qui ne sait pas où il va ?
Quelques pirates rodent et menacent. Des charognards tournoient sous un ciel plombé… presque naufragés ils s’adaptent et résistent aux aléas de la conjoncture et aux coups de butoir de la nouvelle économie et des nouveaux comportements.
L’espoir fait vivre !
Small is beautifull, pas de leçons à recevoir. Pour rester dans l’allégorie ils savent qu’il leur faut désormais tirer plus vite que leur ombre… leur colt frontier s’appelle internet.
Ils s’entrainent et se perfectionnent pour devenir les « pistoleros du Net ». Certains plus doués ont déjà de nombreuses encoches à leurs crosses.
Une nouvelle ère semble se dessiner ? Résignés ? Pas sûr. L’habitude devient une seconde nature et, avant de revivre, ils survivent façon Mad Max en bricolant les vieux modèles…
Ils ont compris que le savoir se partage à la vitesse de la lumière mais que le vécu et l’expérience ne sont pas du domaine du virtuel… ils prennent conscience que leurs fonds de commerce, leurs Assurance Tous Risques, leur avenir, et leur bonheur sont dans leurs connaissances, au fond de leurs yeux et un peu dans leurs cœurs.
La nouvelle économie et les nouveaux modèles ils ne les maîtrisent pas mais ils ont l’intuition qu’ils ont un vrai rôle à jouer dans leur quartier, leur ville, leur région et qu’ils font désormais partie d’une communauté qui compte dans cette société où « trop d’information tue l’information ».
Ils sont décidés à se réapproprier les vieilles vertus du compagnonnage : étudier avec les meilleurs, apprendre des maîtres, comprendre le tour de main et 100 fois sur le métier remettre son ouvrage.
Internet ne les effraie pas. Ils savent en tirer le meilleur partie. Le mass market ne leur fait pas peur : ils sélectionnent et choisissent sans contraintes, le meilleur de la production industrielle.
Le Business Model Low Cost ne les perturbe pas. Ils ont compris son fonctionnement et tous les avantages qu’ils pouvaient en tirer.
Quand leurs soucis au quotidien leur laissent un peu de répit ils pensent parfois au passé. Comment s’était au siècle dernier avant les tours, le réchauffement climatique, avant que nos cousins germains débarquent en France pour mettre la main sur le tourisme… une pointe de nostalgie les envahit…
Ils voient les Chinois en vacances à Paris, un président noir aux États-Unis, les Français qui mangent des sushis, le Kilimandjaro sans ses neiges éternelles… et plein d’autres choses encore qui leur paraissaient impossible il y a tout juste dix ans.
Ils s’en rendent compte, le monde change de plus en plus vite et eux aussi doivent se remettre en question pour être là après le nouveau déluge annoncé.
Au fond, même s’ils ont l’impression qu’ils ne sont pas capables de faire autre chose que ce foutu métier…. ils n’ont pas envie d’en changer, de faire autre chose… Franchement, c’est quand même un métier qui fait rêver, vibrer et que tous leurs amis et connaissances leur envient.
Ils choisissent un style, un camp, un objectif et feront tout pour s’y tenir. Ils viennent de se remettre à croire, à espérer. S’ils retrouvent l’espoir, renaîtra la passion et avec la passion l’énergie.
Les doutes cèderont la place aux certitudes. Entre autre, celle de faire un métier nécessaire au bien-être de leurs concitoyens.
Un marin s’avance vers lui qu’il serre dans ses bras de toutes ses forces
L’homme se défait péniblement de son étreinte et lui tend un énorme paquet de journaux en lui disant :
« Avec les compliments du capitaine. Il vous demande de prendre connaissance de toutes ces nouvelles et après, de bien vouloir me confirmer si vous souhaitez toujours être secouru ! »
source: TourMag