La Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie a vivement réagi la semaine dernière à l'annonce du report de l'accès du ciel tunisien aux compagnies low cost. Cette ouverture à l'Europe programmée pour fin 2011, les hôteliers l'attendaient, entre autres initiatives, pour relancer leur activité qui, avec une chute de trafic de l'ordre de 50 %, traverse, certainement, la plus importante crise de son histoire.
Espoir déçu pour cause de pénurie de stocks aériens !
Durant les huit premiers mois de l'année, la chute du trafic a oscillé autour des 50 % en dépit des promotions consenties.
Autant dire que les résultats enregistrés au cours de la saison qui s'achève sont bien en-deçà des prévisions.
Beaucoup doivent aujourd'hui faire face à de graves problèmes de trésorerie. Quant aux perspectives de l'arrière saison et de 2012, elles n'ont rien de rassurant en raison d'une visibilité très faible voire négative.
En Tunisie, les pros de l'hôtellerie considèrent par ailleurs la non programmation des chaînes de vols charters par les tour-opérateurs comme un signe fort de leur manque d'engagement sur la destination Tunisie.
« Nous nous élevons contre le report de l'Open Sky annoncé par notre ministre du Transport pour soi-disant protéger la compagnie Tunisair.
Ce n'est pas une raison valable ! Notre secteur doit être prioritaire. Il est beaucoup plus important en terme d'emplois et de volumes d'affaires.
Nous avons demandé que commencent les négociations bilatérales avec l'Europe pour aboutir à une date. Rien n'est fait ! ».
Au-delà de l'aérien, ce chef d'entreprise demande à ce que soient mis en oeuvre d'autres grands chantiers encore dans les cartons.
Parmi eux les grandes lignes d'un programme de formation, la promotion des régions, la diversification des produits, l'alternative au balnéaire... la priorité étant d'apporter des réponses aux problèmes sociaux qui, non encore résolus, entachent l'image du pays et inquiètent investisseurs et marchés émetteurs.
Il s'insurge aussi de l'attitude de certains partenaires européens. « Nous sommes toujours à la merci des tour-opérateurs qui continuent leur pression et veulent encore négocier sur les prix.
Tout en maintenant les emplois nous avons tous fait, dans un objectif de relance, des efforts sur les prix. Cela n'a rien changé à la situation.
Les Européens ne sont pas venus, à commencer par la France qui est notre premier marché».
« Nous sommes un secteur sinistré. Au Gouvernement de transition nous avons demandé de l'aide en matière de fiscalité, de crédits bancaires, de charges sociales etc. La première décision est de différer l'ouverture du ciel !
L'ouverture du ciel pouvait atténuer les effets de la crise. Tunisair comme tout le monde a subi les effets de la crie en début d'année mais elle a pu se rattraper en haute saison en raison des annulations de charters et en pratiquant des prix forts.
Où vont les priorités ? Sauver Tunisair ou tout un secteur d'activité qui fait vivre directement 400 000 foyers en Tunisie auxquels s'ajoutent les activités annexes, l'artisanat,, l'agriculture, la pêche, les autocaristes, les guides, les restaurants, les petits métiers de rue, les taxis... tous sont en crise ! »
En dépit de toutes les promotions consenties pour relancer les marchés, les huit premiers de l'année se traduisent par une chute de trafic de 50 % en moyenne.
En matière de recettes la chute est encore plus importante, puisque nous avons baissé nos prix. Nos revenus nets d'exploitation diminués de plus de la moitié entraînent nos entreprises vers des bilans négatifs. »
« On a tellement médiatisé l'insécurité que même nos voisins algériens ont annulé et reporté leurs vacances en Tunisie ! ».
Mais ce qui irrite le plus aujourd'hui le chef d'entreprise Habib Bouslama c'est le manque de considération du politique pour l'industrie du tourisme. Il rejoint en cela bon nombre de pros du tourisme français.
« Sur les 104 partis politiques qui se présentent à l'élection de l'Assemblée Constituante du 23 octobre prochain, aucun n'a demandé à nous rencontrer, aucun n'a sollicité des conseils, aucun n'a dévoilé un plan de développement touristique.
Nous aurions aimé que cette élite politique qui veut conduire le pays s'intéresse de plus près à son premier pourvoyeur d'emplois.
A mon avis la Tunisie n'a pas d'autres choix. Le tourisme est un passage obligé pour développer l'emploi et la croissance. »
Positivons tout de même : l'arrêt des combats en Libye devrait alléger certaines tensions à l'intérieur du pays et apporter un message sécuritaire sur les marchés hôteliers.
Quant aux hôteliers tunisiens, ils retroussent leurs manches prêts à relancer leur activité mais pas à n'importe quel prix. Beaucoup seront présents Top Résa. Ils en attendent des retours importants et positifs.
source: TourMag