Tunisie: la culture en fête à l’occasion des journées cinématographiques de Carthage
 La 22e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) a démarré le 25 octobre par un hommage posthume à une figure emblématique du cinéma arabe, l'Egyptien Youssef Chahine, disparu en juillet dernier. Loin de l’ambiance strass et paillettes qui caractérise les festivals du cinéma en Europe, un "Tanit d'Honneur" a été solennellement décerné au réalisateur égyptien défunt. « Le Chaos », son dernier film a été également projeté, hors compétition, en ouverture.
Cette distinction exceptionnelle était également accordée à titre posthume à deux autres "grands cinéastes" disparus en 2007: le Sénégalais Sembene Ousmane, auteur du premier long métrage d'Afrique sub-saharienne et le Tunisien Ahmed Bahaeddine Attia, producteur de nombreux films connus par leurs audace. "Que cette édition soit celle du souvenir!", a lancé Dorra Bouchoucha, productrice et première femme à diriger le festival biennal tunisien.

"Cette session est dédiée aux créations de qualité (...). Elle associe avec ferveur le souvenir des figures emblématiques", a renchéri, de son côté, le ministre tunisien de la Culture Aberraouf Basti, en donnant le coup d'envoi des JCC.
La cérémonie a démarré avec un chant d'Afrique par le chanteur Ismaël Lo sur fond d'images du continent noir, très présent cette année dans la compétition des courts métrages et documentaires vidéo.

L'écrivain algérien Yasmina Khadra a présenté les membres du "grand jury". Plusieurs grands noms du monde fabuleux du cinéma ont aussi pris part à la cérémonie d’ouverture. Ils ‘agit notamment du cinéaste tunisien Nouri Bouzid, de la réalisatrice nigérienne Rahmatou Keita, des acteurs égyptien Ezaat Al-Alayli et Khaled Nabaoui, ainsi que de "la splendeur du cinéma français" Emmanuelle Béart.
Réservée aux réalisateurs arabes et africains, la compétition officielle compte 54 films en lice pour le premier prix, doté de 20.000 dollars, le "Tanit d'Or", du nom d'une déesse carthaginoise.

Dix-huit longs métrages, 9 courts métrages et 27 films vidéo d'une vingtaine de pays arabes et d'Afrique sub-saharienne seront présentés.
Jusqu'au 1er novembre, 150 films du monde entier seront proposés aux cinéphiles autochtones mais aussi aux touristes étrangers férus du 7ème art.

Créé il y a quarante-deux ans, en 1966, les JCC sont un festival militant qui vise à faire évoluer les mentalités au sein du monde arabe et africain. Colloques, leçons de cinéma, tables rondes... tout concourt à en faire l'événement biannuel de Tunisie. Véritable révélateur de talents, il a contribué à faire apparaître au grand jour des grands noms du cinéma arabe et africain. Youssef Chahine  et Ahmed Attia se sont ainsi fait un nom à Tunis avant de connaître une grande carrière.