S’il est une recommandation de la stratégie nationale de développement du secteur  du tourisme adoptée en 2004 qui est restée lettre morte c’est bien celle relative à la régionalisation de la promotion du produit touristique tunisien. Cette recommandation  a été bien rangée au placard au grand bonheur des adeptes d’un immobilisme révoltant dans un monde en perpétuelle mutation. 

A l’heure où Fès et Marrakech au Maroc ou encore Charm Echeïkh en Egypte et Ibiza en Espagne sont commercialisées comme étant des destinations touristiques à part entière grâce à des campagnes promotionnelles centrées sur la mise en valeur de leurs spécificités régionales et leurs atouts distinctifs, les régions touristiques tunisiennes continuent à être logée à la même enseigne. Celle du binôme, désormais peu attrayant, plage & soleil. Même la région de Djerba-Zarzis, élue meilleure destination touristique de vacances pour l’année 2008 par le Guide des voyages américain « Trip Advisor», ne doit sa performance qu’au renforcement des liaisons aériennes entre l’île aux Lotophages et les principales villes européennes, dans le cadre d’un partenariat stratégique entre l’administration du tourisme et la compagnie nationale TUNISAIR.

Comment expliquer cette situation déplorable ? S’agit-il d’une affaire de gros sous ou du fruit d’une nonchalance héritée d’un autre âge? Les réponses fusent : la promotion des régions reste en grande partie une affaire de l’administration de tutelle. Et c’est pour cette raison d’ailleurs que les moyens mis en jeu demeurent très limités en comparaison avec la concurrence. S’il est vrai que certains hôteliers du secteur contribuent, contre vents et marées, au budget de promotion via le Fonds de la compétitivité touristique, il n’en demeure pas moins que la majorité des professionnels dorment sur leurs lauriers et font preuve d’une nonchalance hors pair. Face à ce manque de solidarité au sein d’une même région, il est compréhensible que nos hôteliers cèdent aux premiers coups de boutoir des Tour-opérateurs « voraces » qui ne jurent ces dernières années que par les  fusions-absorptions.

La mise en place de fonds régionaux de compétitivité touristique  proposée à maintes reprises par certains hôteliers paraît aujourd’hui une nécessité impérieuse pour dépoussiérer les dossiers relatifs à la régionalisation de la promotion qui dorment dans les tiroirs. Au sein de ces fonds régionaux, tous les intervenants dans l’activité touristique (agences de voyages, compagnies aériennes, sociétés de gestion de parcours de golf, sociétés de location de voiture...) doivent mettre la main à la poche et rompre avec la mentalité d’assisté.  C’est  bien le cas au niveau des principales destinations concurrentes de la Tunisie. L’Etat ne devrait pas cependant se désengager totalement. Il sera en quelque sorte appelé à jouer le rôle d’arbitre ou de régulateur, qui intervient pour huiler les rouages à chaque fois que la machine se grippe. D’autant plus que l’enjeu n’est pas mince : le secteur du tourisme est l’un des piliers de l’économie tunisienne. Il représente le premier pourvoyeur de devises du pays  et génère plus de 380 mille emplois directs et indirects.
W.K