Le phénomène n’est pas nouveau, mais il semble avoir pris de l’ampleur ces dernières années: les hôteliers tunisiens se trouvent plus que jamais désarmés face à des Tours- Opérateurs (TO) qui font la pluie et le beau temps en matière des prix.
A l’heure où les hôteliers des principales destinations concurrentes comme le Maroc et l’Egypte font front commun pour résister aux pressions des TO, les professionnels tunisiens continuent à être des adeptes du slogan “chacun pour soi, bradage pour tous”.
Preuve en est: nos hôteliers, dont la plupart ont construit leurs fortunes grâce à la générosité du système bancaire national, ont déjà commencé à signer avec les “voraces” contracting managers des TO des contrats d’allotement pour 2009 en dinar dans un bureau fermé... sans la moindre concertation avec les confrères.
Le paradoxe est typiquement tunisien: on continue à brader les prix au moment où la hausse des prix des hydrocarbures et des matières première grève la trésorerie publique et fait bouger la rue un peu partout dans les pays émergents. Une véritable fuite en avant qui se fait au dépens de la qualité et renforce l’image d’une destination à bas prix.
Le résultat de cette politique est, pour le moins, catastrophique. A l’image de cette offre publiée dans un magazine français spécialisé: “Envie de vacance au soleil. Il n’est pas trop tard. 3 semaines en Tunisie dans un hôtel quatre étoiles à Zarzis, à 691 € TTC”.
Pire encore, le spot précise que cela revient à dire à 40 euros la journée, avec aller- retour en avion et Spa, cours de cuisine tunisienne, aquagym, cinéma, balade maritime...
A la regrettable absence de solidarité entre les professionnels, s’ajoute une véritable politique de l’autruche poursuivie par les autorités de tutelle. Ces dernières continuent à se voiler la face et à évoquer des “bilans positifs” sans oser des comparaisons avec des destinations concurrentes. Or, tout un chacun sait aujourd’hui que l’évolution des recettes du secteur (exprimée en monnaie locale) évoquée à tout bout de champ par l’administration du tourisme cache l’impact positif de la dépréciation du dinar par rapport à l’euro de près de 32% depuis 2000.
Il n’est pas dès lors étrange que la Tunisie, naguère leader incontesté du secteur en Afrique, ait été chassée au cours des sept dernières années des premières marches du podium par l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Maroc, selon une étude de l’agence de notation financière Fitch Rating.
A l’échelle mondiale, le pays qui était un modèle à suivre sur la rive sud de la Méditerranée est passé de la 39ème place en 2006 à la 44ème place une année plus tard, selon le dernier classement des destinations touristiques de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).
Trêve donc de slogans creux…La mise en place d'une nouvelle politique qui s'éloigne du tourisme de masse à travers la promotion de nouvelles niches à forte valeur ajoutée comme le golf, la thalassothérapie, le tourisme médical, les longs séjours pour les seniors ou encore le tourisme saharien apparaît aujourd’hui comme une nécessité impérieuse. Car il y va de la survie de notre tourisme…