L’administration du tourisme vient de procéder à une importante restructuration de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) afin de pallier à certaines insuffisances structurelles et d’améliorer, par ricochet, la compétitivité du produit touristique tunisien.
Cette restructuration s’est traduite par la création de quatre nouvelles Directions centrales.
Il s’agit en premier lieu de la Direction des services communs. Cette Direction confiée à M. Mokdad Achouri, ancien directeur financier de l’ONTT dont la compétence n’est plus à démontrer, doit assurer la coordination entre divers services de l’office.
La deuxième direction centrale est celle de l’investissement et du produit. Cette direction-clé par ces temps d’aiguisement de la concurrence, est revenue à M. Habib Ferchichi, ex Directeur de l’Exploitation à l’ONTT, revêt une importance cruciale. D’autant plus qu’elle devrait se charger de l’épineux dossier de la diversification du produit touristique tunisien et chapeauter les différents nouveaux projets.
M. Mohamed Abederraouf Ghadhoumi a été nommé à la tête de la troisième Direction nouvellement créée : la Direction de la promotion et du marketing qui s’occupera naturellement des actions promotionnelles, représentant désormais le fer de lance de la destination.
La quatrième direction n’est autre que celle de développement des compétences professionnelles et de la qualité. Et c’est M. Tijani Maknine qui a été nommé à la tête de cette direction.
Suggérée depuis plusieurs années par une étude de la Banque Mondiale sur le tourisme tunisien, cette restructuration de l’ONTT répond parfaitement aux objectifs fixés par les autorités : montée en gamme, développement de produits porteurs comme la thalasso, le golf ou la plaisance, marketing plus agressif, qualité totale…
Des objectifs d’autant plus importants d’autant plus que le tourisme est l’un des piliers de l’économie nationale. Il représente 6 % du PIB et 16 % des recettes en devises du pays. Aussi est-il bon de rappeler que le secteur emploie 82 242 personnes directement et plus de 250 000 indirectement, soit 12 % de la population active.
De l’avis des observateurs de la vie économique en Tunisie les statistiques flatteuses communiquées souvent par l’administration du tourisme cachent des signes d’essoufflement certains de la destination. « Le bilan global des de l’industrie touristique tunisienne semble de prime abord positif mais les chiffres masquent d’autres réalités inquiétantes», indique une étude de l’agence de notation financière Fitch Rating rendue publique début 2008.
Cette étude intitulée « l’industrie touristique tunisienne, un modèle à rénover » précise que l’évolution des recettes du secteur exprimées en monnaie locale cache l’impact positif de la dépréciation du dinar par rapport à l’euro de près de 32% depuis 2000.
Selon l’agence, les recettes par lit étaient de 39,5 dollars en 2006. Un résultat nettement inférieur à ceux des principales destinations concurrentes: 116 dollars pour le Maroc et 84,8 dollars pour la Turquie.
L’étude a aussi conclu que la croissance annuelle moyenne des revenus entre 2000 et 2005 a été de 16,4% pour le Maroc, de 8,7% pour l’Egypte et de 4,6% seulement pour la Tunisie.
Au cours de la même période, la Tunisie a perdu 5,3% de ses part du marché au sud de la Méditerranée alors que les parts de la Turquie ont augmenté de 9,9%.
Entre 2000 et 2006, le taux d’occupation des unités hôtelières tunisiennes à longueur de l’année est passé de 50,6% à  43,5% et la durée moyenne du séjour est passée de 6,6 à 5,2 jours.
Fitch rating a, par ailleurs, précisé que la Tunisie, naguère leader incontesté du secteur en Afrique , a été chassée au cours des sept dernières années des premières marches du podium, tour à tour, par l’Egypte, l’Afrique du Sud et le Maroc.