L’ancien PDG de l’ONTT et de Tunisair, qui a également été secrétaire d’Etat au Tourisme, ministre du Transport et ministre des Affaires sociales, reste toujours très sollicité quand il s’agit de débattre de questions fondamentales relatives au développement touristique.

A 66 ans, M. Ahmed Smaoui n’a rien perdu de sa verve et de sa perspicacité. Les participants au Forum organisé la semaine dernière à Sousse par l’Institut Arabe des chefs d’entreprises ont pu (re)découvrir le personnage.

Au cours d’une intervention particulièrement remarquée, M. Ahmed Smaoui a attiré l’attention sur le fait que sur les 220 000 lits qui constituent le parc hôtelier de la Tunisie, 55 000 lits avaient plus de 30 ans d’âge et 75 000 autres lits ont été édifiés il y a plus de 25 ans, ce qui revient à dire que plus de la moitié de la capacité hôtelière en Tunisie est âgée de plus d’un quart de siècle, autrement dit « un boulet pour le secteur ».
Procédant à une analyse comparative, M. Smaoui a démontré qu’entre 2001 et 2004, la capacité en lits a évolué de 9,8 % malgré la crise la plus longue et la plus grande que le secteur ait jamais connu. Sur le même laps de temps, la progression des entrées a été de 10 % tandis que les nuitées étaient en baisse de 7 %, les recettes en recul de 2,6 % et le taux d’occupation en régression de 11,7 %.
Par nuitée, les recettes étaient de 70,9 dinars en 2001 et de 74,7 dinars en 2004 soit une hausse de 5,35 %, cependant que cette hausse est exprimée en dinar constant et non en dinar courant. Les recettes au lit étaient de 11,384 dinars en 2001 ; elles sont passées à 10,125 dinars en 2004, soit une régression de 11,5 %, ce qui constitue une préoccupation, cette baisse ayant une incidence considérable sur la rentabilité des entreprises.
Ce recul est dû, en partie, au bradage des prix, mais en analysant la situation conjoncturelle, elle s’expliquerait par un marché à la fois en fléchissement et en suroffre.

Pour remédier à cette situation, M. Smaoui propose de mettre fin aux ghettos hôteliers ; de mettre fin au concept de zone touristique par une diversification de l’offre en introduisant notamment l’immobilier touristique lequel représente près de 40 % de la capacité de pays touristiques comme l’Espagne ou l’Italie. Ce concept n’est pas nouveau puisqu’il date de 30 à 40 ans dans les pays du Nord et remonterait à la fin des années 40 en Floride.

Conclusion de M. Ahmed Smaoui : nous devons avoir un produit touristique méditerranéen fondamentalement basé sur le balnéaire et relevé par d’autres produits tels le tourisme saharien, le tourisme culturel, le tourisme d’affaires etc.