Les spécialistes de la Tunisie retrouvent le sourire. Sans surprise, les prix cassés sont à l'origine d'une embellie, une embellie toutefois stoppée dans son élan par des plans de vols (trop ?) revus à la baisse. Ceux qui refusent de brader les forfaits éprouvent quelques difficultés à relancer leurs ventes, mais c'est leur choix. Il reste les vols secs qui feront une année record sans braderie auprès d'une clientèle tunisienne de souche qui rentre en grand nombre au pays au lendemain de la révolution et avant le ramadan du mois d'août. Voici, par ordre alphabétique, le point de vue de 6 voyagistes programmant la Tunisie (Authentique, Fram, Look, Marmara, Sangho et Voyamar).
« Les ventes des packages ont du mal à partir. Nous sommes revendus par tout le monde, les agences en ligne et les réseaux traditionnels et très clairement, ce sont les vols secs que nous ne faisons pas qui partent tout de suite, avec un trafic affinitaire.
Les quelques ventes de forfaits que nous réalisons se font auprès des fidèles de la Tunisie, les inconditionnels qui connaissent bien le pays. Nous enregistrons en revanche, pour l'arrière saison, les mois de septembre et octobre, plus de réservations que les années précédentes ».
Hakim Tounsi refuse de relancer ses ventes en cassant les prix de ses forfaits. « Je refuse de brader d'une façon sauvage les prix des packages. Il faut revenir à une transparence des prix et jouer la carte de la qualité. C'est mon choix, quitte à admettre et accepter une baisse des ventes. Je suis convaincu, qu'à terme, le choix de la qualité sera payant. »
Quid de l'aspect sécuritaire de passer en 2011 des vacances en Tunisie ? « Il n'y a pas de problèmes d'insécurité dans les stations touristiques et je me demande ce que nous aurions pu faire ou ce que nous n'avons pas fait pour rassurer nos clients », déclare ce spécialiste.
« Hier, 18 juillet, nous avons enregistré 160 réservations c'est à dire pratiquement le même chiffre qu'à la même date en 2010.
Nous enregistrons un léger regain mais nous restons très en deçà des chiffres habituels. Nous passons des moins 60% des mois d'avril et mai à moins 30%. 2010 sera pour le tourisme en Tunisie, en Égypte et au Maroc une année catastrophique » observe Serge Laurens, directeur marketing.
Il observe d'un même regard la Tunisie, le Maroc et l’Égypte. « Le moindre incident survenu dans l'un de ces trois pays a un impact immédiat sur les ventes. Le consommateur est très réactif à tout ce qui touche ces trois pays musulmans alors que sur la Turquie nous atteignons des chiffres records ! ».
L'accessibilité des prix de la Tunisie qui restent imbattables, un manque de disponibilités qui se fait ressentir sur les autres destinations moyen-courriers et le partenariat développé avec Tunis Air sont, pour Serge Laurens, les raisons de ce regain relatif. « La compagnie joue le jeu en maintenant nos charters et en nous accordant – et c'est nouveau - une très grande souplesse dans la gestion de nos avions ».
A l'instar de Fram, Look réalise l'essentiel de ses ventes sur les produits labellisés, avec une clientèle essentiellement familiale durant les mois de juillet et août.
Les raisons de cette embellie ?
« Le budget des vacances en Tunisie qui reste le plus abordable des destinations étrangères. La saturation des autres destinations méditerranéennes pouvant assurer le beau temps et le soleil.
Le mauvais temps actuel qui sévit sur la France a certainement une incidence sur les ventes de dernière minute ! »
Pour le directeur des ventes, ces réservations très tardives s'expliquent de façon « mécanique » : « Il n'y a pratiquement plus de place ailleurs, la France est chère et le rapport qualité/prix de la Tunisie reste exceptionnel. Ces ventes tardives sauveront en partie l'été mais en cumul nous ne rattraperons pas le retard du printemps ».
A la question de savoir pourquoi Djerba est mieux vendue que le nord, que Monastir ou Hammamet, René Thibaut répond : « En dépit de la proximité de la Libye, l'île de Djerba bénéficie d'une image particulière et sécurisante, épargnée par les secousses de la révolution, comme une destination à part entière par rapport au reste du pays ».
Quid des vols secs vendus en nombre chez ce TO ? « Ils se vendent très bien à prix élevés. Plus la demande est forte et plus les places sont chères ».
Contre toute logique, au plus fort de la révolution et des émeutes tunisiennes, le Sangho de Zarzis affichait complet avec une clientèle fidèle de séniors en séjours de longue durée. « Jusqu'à début avril, nous étions complet. Après, en mai et juin l'hôtel était pratiquement vide. Nous enregistrons des réservations depuis une dizaine de jours pour du dernière minute ».
La clientèle des actifs serait-elle pus frileuse que les séniors ? « En juillet et août, la clientèle est essentiellement familiale. Les gens qui ne connaissent ni la Tunisie ni le Sangho hésitent sans doute à partir avec des enfants ».
Pour relancer la saison Tunisie Contact n'entend pas brader ses prix. « La chute des ventes est due aux problèmes sécuritaires et ce ne sont pas des prix bradés qui changeraient la situation ».
Nous avons baissé nos stocks de 30 % par rapport à 2010 et nous ne pouvons mettre en place des vols supplémentaires sur la Tunisie toutes les compagnies étant fortement engagées sur d'autres destinations ».
La raison de cette embellie ?
« Les prix. En matière de rapport qualité/prix pour des vacances balnéaires, la Tunisie est irremplaçable ». Lui, il programme 25 hôtels dont 4 en exclusivité sur le marché français avec engagement financier. Ils sont situés à Hammamet, Monastir, Sousse et Djerba.
Organisateur du prochain congrès AS Voyages à Monastir, il voit le marché des groupes se relancer avec d'intéressantes demandes pour 2012.
source: TourMag